retour entrée site

Quinzième dimanche du temps ordinaire                   11 juillet  2010

Les textes du jour (cliquez ici)

« Ecoute et reviens. » (cf. 1ère lecture) La vie spirituelle – qui consiste à trouver Dieu en toutes choses et à retrouver toutes choses en Dieu – est sans cesse une écoute de la voix du Seigneur pour réorienter une mise en route. Mais où et comment écouter la voix du Seigneur ?

Moïse anticipe les fausses réponses que nous pourrions donner, alibis pour ne pas écouter : cette parole n'est pas au-delà des cieux, au-delà des mers, dans des lieux inaccessibles. Elle est au contraire au plus intime de nous-mêmes : dans notre bouche, dans notre cœur (cf. 1ère lecture). C'est en empruntant le chemin de notre cœur que nous nous ouvrons à la voix du Seigneur afin de la mettre en pratique.

En suivant cette dynamique intérieure, nous serons alors sans doute habités par cette même question que celle qui préoccupait le Docteur de la loi. Comment dois-je mettre en pratique la voix du Seigneur ? Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? La Loi du Seigneur redonne vie, comme dit le psalmiste, aussi Jésus renvoie-t-il à cette Loi dont le scribe extrait les deux commandements qui la résument parfaitement : aimer le Seigneur son Dieu et aimer son prochain comme soi-même.

« Ecoute et reviens. » Ecoute la loi du Seigneur et reviens à Dieu, à ton prochain, et à toi-même en aimant chacun de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit. Oui, vraiment, cette loi n'est pas au-dessus de nos forces ni or de notre atteinte !

Cette réponse pourtant ne satisfait pas ce Docteur de la Loi qui veut savoir concrètement comment faire, comment reconnaître le prochain à aimer. A l'époque de Jésus, il y avait plusieurs définitions du prochain, comme des cercles concentriques s'élargissant de plus en plus. Est appelé prochain le frère, l’ami, celui qui appartient au voisinage, à la race juive, celui qui pratique la religion juive et enfin celui qui est en train de devenir juif. Toutes ces approches définissent le prochain à partir de soi, à partir de ce qu'il a en commun avec moi.

De façon très habile, Jésus déplace cette notion en racontant cette parabole dite du bon samaritain. L'histoire est simple : un homme est laissé à moitié mort sur le bord du chemin. La loi de Moïse prescrit que celui qui le touche devient impur, ce qui nécessite alors tout un rituel pour retrouver la pureté légale. Le prêtre et le Lévite qui descendent de Jérusalem, soulignant ainsi qu'ils viennent d'accomplir leur pèlerinage, choisissent de ne pas contracter d'impuretés, ce qui aurait alors annulé leur pèlerinage. Leur souci du respect de la loi est plus fort que l’attention à l'homme blessé. Le samaritain à une toute autre attitude : il s'approche... Et va au-delà du raisonnable en s'engageant à rembourser à l'aubergiste toutes les dépenses qu'il pourrait avoir en prenant soin de l'homme blessé.

Cette histoire toute simple permet à Jésus de retourner la question du Docteur de la loi : qui a été le prochain de l'homme blessé ? Ainsi donc, il n'est plus question de savoir qui est mon prochain mais de qui je me rends proche. Le prochain n'est plus défini par Jésus – et donc par son disciple – à partir de soi mais à partir de lui. Le prochain n'est pas celui que j'assiste mais celui duquel je m'approche pour me laisser transformer. Il ne s'agit pas de donner quelque chose mais de se donner pour soulager l'autre.

Nous sommes tour à tour chacun des personnages de cette parabole : tantôt blessé par la vie, tantôt privilégiant notre tranquillité ou nous rendant proche, tantôt prenant soin. Ecouter la voix du Seigneur suppose alors de laisser la Parole de Dieu éclairer notre vie pour que nous repérions notre attitude mais aussi reconnaissions de qui nous sommes vraiment proches. Un exercice simple consiste à faire la liste spontanée des personnes qui nous sont chères, en repérant celle que nous mettons en dernier. Ce sont alors celles-ci auprès duquel nous sommes appelés à nous rendre proche en priorité.

Quant à la manière de nous rendre proche, il suffit de contempler comment Dieu lui-même s’y prend en Jésus-Christ, lui qui est à la fois l'homme roué de coups et le samaritain. La seconde lecture nous rappelle ce projet de Dieu réalisé en Jésus-Christ. « Dieu a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. » (2ème lecture)

Toute la vie du Christ consiste à se rendre proche de ceux qu'il côtoie, avec pour seul désir d'éveiller, de réveiller la vie en l'autre, le malade, le pécheur, le laisser-de-côté. Lorsque Jésus dit au Docteur de la loi : « va, et toi aussi, fais de même »,  il lui ouvre un avenir, un possible où c'est à lui maintenant d'inventer sa manière personnelle et concrète de se rendre proche.

Père Bruno