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Fête de la Sainte Trinité

 Année A              19 juin 2011

« Dieu a tant aimé le monde ! » (Evangile). Voilà la bonne nouvelle que nous adresse Jésus aujourd'hui. Il arrive qu’à partir de quelques passages essentiellement dans l’Ancien Testament, nous ayons une image d’un Dieu parfois violent. Pourtant les paroles de Jésus sont très claires : Dieu aime le monde ! Sa toute-puissance, celle que nous confessons dans le Credo, est celle de l’amour. Les passages qui nous paraissent obscurs dans la Bible sont toujours à lire à partir de cet amour Dieu qui culmine dans l’offrande total de Jésus sur la croix par amour de tous les hommes.

 Dieu aime notre monde de façon démesurée, sans condition de sa part. Il nous aime tellement qu'il a donné son Fils unique. Parler de mystère de la Trinité, ce n’est pas dire que Dieu est mystérieux, mais qu’il se révèle à nous comme un amour qui se donne et dont nous sommes incapables par nous-même d’en mesurer toute la grandeur, la force, l’intensité…

Cette communion d’amour en Dieu n’est pas fermée sur les trois personnes de la Trinité mais se communique à tous les hommes, car Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Timothée 2, 4). Le désir de Dieu est que tous les hommes accueillent cet amour et en vivent. Le Père, le Fils et l’Esprit sont l’expression d’un même amour dont le Père est la source, le Fils l’accueil et l’Esprit la communion. Ainsi, le Fils est le don du Père aux hommes pour manifester son amour à chacun. L'Esprit est la communion d'amour qui unit le Père et le Fils. Le don de l'Esprit nous rend participants de l’amour trinitaire.

Le Père n’a pas envoyé son Fils pour juger le monde mais pour que tout homme obtienne par lui la vie éternelle. Le monde, dans l’Evangile de Jean, est le monde créé mais aussi ceux qui refusent la lumière. La vie éternelle, c’est vivre éternellement dans la lumière de Dieu, dans la communion d’amour du Dieu trinitaire. Tel est le grand projet de Dieu pour l’homme : le faire vivre de la vie même qui est en Dieu. Mais cela ne peut se réaliser que s’y l’homme y consent. Le jugement dont parle Jésus n'est pas le lieu d'une sanction. Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l'amour, disait Saint Jean de la Croix.

Dieu le Père a envoyé son Fils pour que le monde soit sauvé, c'est-à-dire pour que tout homme découvre de quel amour il est aimé par Dieu et choisit à se laisser aimer par lui. Celui qui croit, c'est celui qui fait confiance à Dieu et accueille son amour. Il est ouvert au salut proposé par Dieu. À l'inverse, celui qui ne veut pas croire se ferme à l’amour de Dieu. C'est ce que signifie l'expression « est déjà jugé ». Celui qui choisit de ne pas croire – Jésus dit bien : « ne veut pas croire » ; il s’agit de la volonté de l’homme de ne pas croire –, choisit de se priver de l'amour de Dieu et donc refuse le salut – il se juge lui-même et se condamne lui-même –.

Pour nous manifester son amour, Dieu choisit de se rendre proche de l'homme. « Il vint se placer auprès de Moïse » (première lecture). C’est dire la proximité que Dieu veut vivre avec l'homme ! Nous pouvons vivre chacun de nos journées avec cette certitude intérieure : Dieu vient se placer à mes côtés. Ce n’est pas à nous à nous hisser à la hauteur de Dieu, c’est lui qui « descend de la nuée », qui se met à notre portée.

Sur le Sinaï, Dieu révèle à Moïse son nom : « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité ». Le Dieu Trinitaire est aussi celui qui vient à la rencontre de l'homme avec tendresse et miséricorde, dont l'amour et la fidélité sont indéfectibles. Il est celui qui parle à l'homme, « face à face comme un homme parle à un ami » (Exode 33,11) et l'homme peut en toute confiance lui répondre.

C'est la supplication que Moïse adresse à Dieu, conscient que le peuple que Dieu a fait sortir d'Égypte oubliera vite de qui vient son salut [c'est l'épisode du veau d'or, quelques versets avant le texte de ce dimanche]. « Daigne, Seigneur, marcher au milieu de nous » (première lecture). Dieu n'est donc pas impassible au ciel, il est à la fois le Tout Autre et le Tout Proche.

La conséquence immédiate est la nécessité de vivre entre nous ce même amour que Dieu vit en lui et qu’il nous communique. C'est le sens de l'exhortation de Paul : « Soyez d'accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous » (deuxième lecture). Nous ne pouvons pas confesser un Dieu communion d’amour sans tout mettre en œuvre pour vivre n communion d’amour les uns envers les autres.

Saint Augustin affirmait : « Quand tu vois la charité, tu vois la Trinité ». C’est en nous aimant comme des frères que nous témoignons que Dieu est amour. Quand Jésus nous apprend à aimer, il nous oriente vers l’amour trinitaire. Il élargit notre cœur et nous apprend à aimer de l’amour dont il aime ; Jésus nous donne l’amour de Dieu et il nous donne d’aimer comme Dieu.

Père Bruno