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 Fête de la Toussaint

 Année B              1er novembre 2012

Voulons-nous être des saints ? Telle est bien la question que nous pouvons nous poser ce matin. En effet, la fête de la Toussaint est à la fois action de grâce pour tous ceux et toutes celles qui ont fait de leur vie un Évangile en acte et action de grâce pour cet appel à la sainteté qui retentit pour chacun. Alors voulons-nous être des saints ? Spontanément, nous risquons de répondre par la négative si nous avons en tête que la sainteté correspond à une perfection de vie. Connaissant notre péché et mesurant l’écart entre notre vie et la vie évangélique nous estimons que la sainteté ne peut pas être pour nous, tant elle semble compliquée à vivre, peut-être même à obtenir. C’est comme si la sainteté dépendait de nous et de ce que nous faisions !

La sainteté dépend d’abord de Dieu lui-même. Le seul qui soit Saint, c’est Dieu. L’appel à la sainteté consiste donc à rayonner, à refléter la sainteté de Dieu, la force de son amour. Vouloir être saint – répondre ainsi à notre vocation – c’est vouloir que toute notre vie témoigne de l’amour de Dieu. Saint Jean nous le dit lui-même dans la deuxième lecture de ce jour : « Voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés ». La conséquence est la suivante : « Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ». C’est la volonté de Dieu, et non la nôtre. Tout homme est enfant de Dieu, quand le baptême fait de nous des fils.

Saint Jean compare alors la vie éternelle à la similitude avec Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est. Nous refléterons éternellement et parfaitement l’amour de Dieu. Toujours Saint Jean, mais dans l’Apocalypse, compare la vie éternelle à une immense action de grâce : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau ! » Le salut est bien donné et non acquis ! La vie éternelle est donc adoration éternelle : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » Notre vie sur terre est la préparation à cette louange éternelle. Vouloir être saint c’est vouloir faire de notre vie une action de grâce pour Dieu, pour ce qu’il est, ce qu’il nous donne et ce qu’il accomplit en nous et à travers nous.

La fête de la Toussaint est ce rappel liturgique de la louange dans notre vie quotidienne, non pas parce que notre vie serait sans difficulté mais parce que nous sommes, gratuitement, enfants de Dieu. Son amour ne peut pas nous faire défaut, malgré notre péché. Mais comment tenir au quotidien dans cette louange ? Pour reprendre la question de l’Ancien dans la première lecture : « Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » D’où viennent-ils ceux qui sont enracinés dans la louange ? « Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau ». Seul le Christ nous rend capable de tenir dans la louange.

C’est bien le sens des Béatitudes que nous venons d’entendre ce matin. Comme nous le savons, elles sont l’autoportrait du Christ. Elles sont la clé de l’Évangile qui nous ouvre la porte d’une intimité avec le Christ. Pour reprendre une expression chère au Cardinal Barbarin, elles sont la perle et le trésor de l’Évangile, le phare qui éclaire tout l’Évangile. C’est pourquoi il nous encourage à les apprendre par cœur. Leur proclamation était au cœur de la grande fête diocésaine du 14 octobre précédée du Marathon de la Parole (6 semaines avec une béatitude par semaine). Ces béatitudes sont bien une école de la louange puisqu’elles sont martelées par cette invitation : « Heureux ! »

Avant de vouloir se les appliquer à soi-même, il convient de méditer dans l’Évangile comment Jésus a vécu chacune d’entre elles : la pauvreté de cœur, la douceur, la compassion, la soif de justice, la miséricorde, la pureté, la paix, la persécution, l’insulte. Ce sont elles encore qui nous éclairent sur la vie des saints, chacun d’eux ayant vécu l’une ou l’autre dans toute sa radicalité. Ce sont elles enfin qui nous éclairent sur notre vie. Elles sont notre boussole qui nous permet de ne pas perdre le Christ.

Savons-nous repérer dans notre vie ceux qui, à côté de nous, vivent une Béatitude ? Nous arrive-t-il également de prier notre saint patron, lui demandant la Béatitude qui a inspiré et éclairé sa vie, nous appuyant alors sur son aide pour vivre la nôtre ? Voulons-nous être des saints ? Si oui, nous devons simplement décider de vivre en acte l’une ou l’autre des Béatitudes, celle qui retentit naturellement en nous ; c’est elle qui sera le phare notre vie.

Relisons alors l’Évangile en méditant comment le Christ l’a vécue à travers ces rencontres, son enseignements, ses actes… Relisons la vie d’un saint qui l’a vécue à sa manière. Demandons à notre saint patron de nous aider à la vivre. « Puisqu’une telle multitude intercède pour nous, Seigneur, répond à nos désirs, accorde nous largement tes grâces » (Oraison de la fête de Toussaint).  

Père Bruno