Fête du Saint Sacrement
Année A 26 juin 2011
Les textes du jour
Dans la première lecture, Moïse invite le
peuple à se souvenir. Le peuple va entrer dans la terre promise mais il ne doit
pas oublier ce que le Seigneur a fait pour lui. Maintenant qu'il va connaître
la prospérité, pouvoir manger à sa faim, Moïse lui rappelle qu’il doit garder
en mémoire ce que Dieu lui a fait découvrir : l'homme « ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du
Seigneur ».
Avec force, Moïse insiste sur tout ce que le
Seigneur a fait pour son peuple : « c'est
lui qui t’a fait traverser ce désert… » ; « c'est lui qui, pour toi, à fait jaillir l'eau » ; « c'est lui qui dans le désert t’a donné la
manne ». Comment le peuple pourrait-il oublier ? Pourtant l'histoire
biblique est ce rappel constant de ce que le Seigneur a accompli pour son
peuple et que celui-ci oublie sitôt que les choses vont bien.
C'est donc à un effort de mémoire que nous
sommes invités nous aussi en cette fête du Saint Sacrement : se souvenir de
tout ce que le Seigneur a fait pour nous. A chaque Eucharistie, nous faisons
mémoire non seulement de ce qui s’est passé il y a deux mille ans en notre
faveur, mais notre mémoire se rassasie de la contemplation de ce que le
Seigneur continue à réaliser sans cesse pour nous. Il ne s'agit pas d'un retour
sur le passé mais, en parcourant notre histoire, de prendre conscience que nous
recevons notre vie de Dieu. Creusant en nous la pauvreté, nous faisant sentir
la faim, il désire que nous nous laissions combler par lui quand trop souvent
nous comblons notre vie par nous-mêmes.
Participer à l’Eucharistie suppose de notre
part d'avoir faim de Dieu, de reconnaître que lui seul peut donner à notre vie
sa vraie plénitude. « Rassasie-nous de
ton amour au matin », demande le psalmiste (Ps 90,14). Chaque fois que nous
sommes à la messe, en nous approchant de la table de la Parole et de la table
de l'Eucharistie, puissent ces mots rejoindre notre prière. Une bonne
préparation à la participation à l'Eucharistie consiste sans doute à commencer
par se rappeler d’abord de ce que le Seigneur a fait pour nous durant la
semaine pour lui redire ensuite, de tout notre cœur, combien nous désirons sa
présence en nous !
Et non seulement Dieu veut pour nous la vie,
mais il veut nous combler de la vie éternelle, dès maintenant. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a
la vie éternelle », affirme le Christ. La chair signifie dans l'univers
biblique la condition de l'homme dans sa fragilité. En devenant l'un de nous,
Dieu est entré dans notre chair (cf. Hb 2,14 ; 1 Jn 4,2). Ainsi, manger la
chair et boire le sang de Jésus, c'est s'unir profondément à lui pour vivre de
sa vie ; c'est vivre par lui. « Celui qui
me mangera vivra par moi ».
Jésus explicite encore : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi, et moi je demeure en lui ». En communiant au Corps du
Christ, le Christ nous invite à demeurer en lui comme lui-même demeure en nous.
Il ne s'agit pas seulement d'aimer le Christ comme lui nous aime mais de
demeurer en lui comme lui en nous. La demeure de Dieu, dans l'Évangile de Jean,
c'est l'amour vivant, l'amour qui circule entre le Père et le Fils dans
l'Esprit. Et nous pouvons accéder à cette demeure en mangeant la chair du
Christ, en communiant à son Corps et à son Sang.
Nous pouvons vivre l'Eucharistie comme une
invitation à accueillir au plus profond de notre cœur celui qui frappe à la
porte pour venir demeurer en nous. Nous déciderons alors, en réponse, de
demeurer en lui, de trouver en lui notre stabilité, notre force, notre vie. « Voici que je me tiens à la porte, et je
frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui ; je
prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20).
Nous percevons bien que si le Christ demeure
en chacun de nous, notre participation à l'Eucharistie fait grandir la
communion entre nous. « Puisqu'il y a un
seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous
part à un seul pain » (2ème lecture). Cette exigence de vie fraternelle est
à la fois la conséquence de la vie eucharistique et le signe visible que nous
vivons de l'Eucharistie. « Ce qui
montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous
aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35). Toute communauté qui vit de
l'Eucharistie ne peut que davantage témoigner d'une communion qui unit chacun
de ses membres et qui trouve sa source en Christ.
Nous pouvons donc retenir trois verbes pour
nous rappeler du sens de l’Eucharistie : se souvenir – demeurer – communier. Se
souvenir de notre histoire personnelle et communautaire avec Dieu ; accueillir
celui qui demeure en nous et demeurer en lui ; communier au corps du Christ
pour que grandisse la communion entre nous. La participation à l’Eucharistie
est un engagement de notre part, pour nous-même mais aussi pour la communauté
et le monde.
Père Bruno