Dimanche des Rameaux
Année A 17 avril 2011
Les textes du jour
Les textes bibliques de ce dimanche nous
amènent à nous interroger sur Jésus : Qui est cet homme que les gens acclament
avec beaucoup d'enthousiasme à Jérusalem ? Tous pensent à un roi qui fait son
entrée triomphale dans la ville. Mais dans leur esprit, il y a un immense
malentendu : On croyait que le Messie allait prendre le pouvoir, chasser les
Romains et restaurer la Royauté de David. Mais ce cortège triomphal sera suivi
quelques jours plus tard d'un autre cortège totalement différent. Les
acclamations et les palmes seront remplacées par des lances et des cris de
haine.
Cet homme Jésus nous est donc présenté comme
un roi. Mais en lisant ce récit de la Passion, il n'y a aucun risque de
malentendu. Il ne s'agit pas d'un roi dominateur qui va imposer son autorité
par la force des armes. Sa toute puissance est celle de son amour. Il a
toujours été du côté des infirmes, des malades, des petites gens, de tous ceux
et celles que la société rejette. Quand il parlait de Dieu, c'était toujours
avec beaucoup d'amour. Il le présentait comme son Père. Il parlait et agissait
au nom de Dieu. C'est pour cela que ses adversaires ont fini par l'arrêter et le
faire mourir sur une croix.
Chacun
des quatre évangélistes a une façon
particulière de raconter le récit de la Passion.
Matthieu, comme les trois
autres évangélistes a ses particularités. Il
s’adresse à des juifs devenus
chrétiens et enrichit ses écrits de citations de
l’Ancien Testament afin de
montrer que le Christ accompli ce que les prophètes avaient
annoncé. En
racontant le déroulement du procès, il affirme que la
décision de condamner
Jésus à mort a été prise avant qu’il
soit traîné devant le tribunal. Le procès
a été une parodie de la justice.
Jésus
n’a pas recherché la croix. Ce sont
les représentants religieux et la foule qui l’ont
condamné à mourir afin de se
débarrasser de lui. La croix n’a pas été
voulue par Dieu le Père, c’était le
châtiment imposé à Jésus par
l’élite religieuse pour s’être opposé
à sa façon
de faire et à sa façon de comprendre l’Alliance
avec Dieu. Jésus aurait pu
éviter de se rendre à Jérusalem comme ses
disciples le lui avaient recommandé.
Mais au lieu d’éviter la ville sainte, il y entre de
façon ostensible. Il
décide de confronter le pouvoir qui a juré de le
détruire. En agissant ainsi,
il fait face à l’oppression et rend visible
l’injustice de notre monde.
La dernière scène est le repas des pécheurs
et des traîtres. Pierre, Judas, et tous les autres apôtres partagent le pain
avec le Christ avant de le vendre, de le renier et de l’abandonner. L’amour de
Jésus est un amour trahi, un amour blessé, un amour bafoué, un amour méprisé.
Jésus a été renié par Pierre, trahit par Judas, abandonné de ses disciples,
condamné par le sanhédrin et par Pilate. Les soldats romains l’ont torturé et
se sont moqué de lui. La foule l’a rejeté tout en sachant très bien qu’il
n’était coupable de rien. On lui a imposé toutes les humiliations possibles.
Lorsque le Christ innocent est condamné à la
torture et à la mort – une mort terrible réservée à l’époque entre autres aux
esclaves – personne n’a eu le courage de le défendre. Le Christ a souffert dans
la solitude totale, abandonné de tous. À travers ses souffrances, il s’est
rapproché des millions de personnes qui subissent l’injustice et le rejet. Sur
la croix, le Christ prie le Psaume 21 : « Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Du sein de sa détresse, il
n’a jamais cessé d’appeler au secours et il n’a pas douté un seul instant que
Dieu l’écoutait. C’est la prière de quelqu’un qui souffre, qui ose crier sa
souffrance.
La conclusion de la Passion se retrouve dans
la proclamation de l’officier romain : « Vraiment
celui-ci était le Fils de Dieu ». Demandons aujourd’hui d’avoir le courage
des quelques femmes qui ont accompagné Jésus jusqu’au pied de la croix, du
centurion romain, qui a reconnu à la fin qu’il était vraiment le Fils de Dieu,
du voleur qui l’a défendu et lui a demandé d’être avec lui dans son Royaume, de
Nicodème le pharisien qui est d’abord venu visiter Jésus la nuit, et après la
mort du Christ, est sorti en plein jour pour offrir au Seigneur une tombe où il
pouvait reposer.
Le souvenir de la mort du Christ nous
rappelle toutes les croix qui existent dans notre monde, les souffrances de
ceux et celles qui sont victimes de la haine, de la violence, de
l’indifférence, en commençant par les gens autour de nous. Le récit de la
Passion devrait nous ouvrir les yeux et le cœur.
Pendant cette semaine de la Passion, nous
sommes invités à méditer la mort du Christ et à ouvrir les yeux sur les
souffrances de notre monde d’aujourd’hui. Le mystère de Pâques – c’est à dire
le mystère de la mort et de la résurrection du Christ – n’est pas seulement un
souvenir du passé; c’est un appel à partager notre espérance et à répondre aux
besoins d’aujourd’hui. Nous sommes invités à réfléchir sur le grand amour de
Dieu pour chacun et chacune de nous et à imiter cet amour dans notre milieu de
vie.
Père Bruno