Fête de la Pentecôte 27 mai 2012
Les textes du jourPentecôte, fête de l’Esprit Saint, cet
Esprit de Dieu dont il est souvent difficile de parler, à la différence du Père
et du Fils. L’Esprit Saint est reconnu par ce qu’il produit en nous, son action
est au plus intime de nous-même tandis que le Père et le Fils sont davantage en
vis-à-vis. Il est « la lumière de nos
cœurs », « l’hôte intérieur de nos
âmes » (séquence de Pentecôte).
Dans l’Evangile, Jésus parle de l’Esprit
comme du Défenseur qu’il nous envoie auprès du Père. Pourquoi nous défendre ?
Car le Fils nous envoie rendre témoignage et nous mesurons bien que par
nous-mêmes nous sommes démunis face à cette mission, tant par les faiblesses de
nos forces personnelles que par la difficulté du monde – au sens où saint Jean
emploie ce mot : ceux qui refusent de croire en Dieu – d’accueillir la Bonne
Nouvelle de l’Evangile.
Mais Dieu ne nous laisse pas seuls, l’Esprit
est comme notre tuteur. Auprès de nous, en nous, il nous soutient en
permanence. L’Esprit Saint, qui procède du Père – c’est-à-dire qui vient du
Père –, est donc cette présence de Dieu qui nous est donné pour toujours, qui
vient remplir jusqu'à l'intime le cœur de tous les croyants, répandre en nous
l’amour du Père, fortifier nos corps dans leurs faiblesses et donner sa vigueur
éternelle par les sept dons de son amour (cf. Veni Creator).
Nous le savons bien, la vie évangélique est
toujours un combat entre le bien que nous voulons faire et le mal que nous
faisons. « Il y a un affrontement qui
vous empêche de faire ce que vous voudriez », écrit saint Paul aux Galates
(2ème lecture). Paul parle des tendances qui s'opposent en nous, celles de la
chair et celles de l'esprit. Les premières sont tout ce qui nous attire vers le
bas en dégradant ce que nous sommes et nos relations : « débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines,
querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités,
beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre » Les secondes, au
contraire, nous attirent vers Dieu.
Mais comment être victorieux des tendances
de l'esprit ? Par deux fois Paul nous donne la réponse : « Laissez-vous conduire par l'Esprit ». Tant que nous voulons rester
maître de nous-mêmes, nous restons prisonniers de nous, malgré notre bonne
volonté et nos efforts. Tandis que lorsque nous laissons l’Esprit agir en nous,
lui le Défenseur qui nous défend contre les tendances de la chair, nous
grandissons dans l'amour qui vient de Dieu.
Comment être assurés que nous vivons sous la
conduite de l’Esprit de Dieu ? Tout d'abord en le lui demandant, en le
suppliant de venir en nous. La séquence de Pentecôte comme le Veni Creator
commencent par une invocation : « Viens !
» Ensuite, en repérant ce que l'Esprit produit en nous, le fruit dont parle
Paul. Ce fruit unique développe en nous une attitude multiple : « amour, joie, paix, patience, bonté,
bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi ». Nous avons donc à
vouloir nous laisser conduire par l'Esprit. C'est à cette condition que nous
rendons témoignage de l’amour du Père pour tous les hommes.
Où veut-il nous guider ? Vers la vérité tout
entière. Cette vérité n'est pas une idée abstraite, elle n'est pas relative à
chacun, elle est quelqu'un : le Christ. « Je
suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14,6). Par le don de l'Esprit,
Dieu le Père conduit, avec une infinie patience, toute humanité à son Fils.
Nous sommes avec le Fils « depuis le
commencement » (2ème lecture) Ce mot reprend le premier mot de la Bible
quand Dieu crée le monde. Dieu le Père nous crée par le Fils mais le péché
auquel nous consentons nous détourne peu à peu de lui. Aussi le Père envoie son
Esprit pour nous guider et nous permettre de revenir vers le Fils.
C'est pourquoi saint Jean ajoute que
l'Esprit ne dit rien par lui-même, car c'est le Fils qui est la Parole du Père,
mais il rend intelligible à notre cœur tout ce qu'il a entendu et que nous ne
sommes pas encore capables de comprendre. Tout ce qui vient du Fils il nous le
fera connaître, il nous fera naître-avec. L'Esprit Saint nous rend capables de
comprendre avec le cœur le grand projet de Dieu sur l'humanité de nous faire
vivre de sa vie, éternellement. Il est notre Défenseur face au péché et nous
guide vers la vérité qui est le Christ.
Il n'est donc pas étonnant que celui qui vit
sous le conduite de l'Esprit commence par proclamer « les merveilles de Dieu » (1ère lecture) dans ce qu’il vit au
quotidien problème. Avec foi supplions l’Esprit d'assouplir ce qui est raide,
de réchauffer ce qui est froid, de rendre droit ce qui est faussé en nous afin
que nous vivions de la joie éternelle (cf. séquence de Pentecôte).
Père Bruno