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Sixième dimanche de Pâques

 Année A              29 mai 2011

« Vous devez toujours être prêts à rendre compte de l'espérance qui est en vous » (2ème lecture). Voilà l'exhortation que nous adresse l'apôtre Pierre ce dimanche. Mais de quelle espérance parle-t-il ? Jésus nous donne lui-même la réponse dans l'Évangile : « Vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi ». Comment Jésus peut-il affirmer que nous le verrons alors que depuis son ascension au ciel nous ne le voyons plus ?

Il n'est pas question d'avoir seulement vivant en nous le souvenir de sa présence, restant alors prisonniers du passé. « Vous me verrez vivant ». Le verbe est au futur, ce qui signifie que Jésus est notre avenir. Dimanche dernier, il se présentait à nous comme étant « le Chemin ». Lorsqu'il ajoute « et vous vivrez » il insiste pour que nous découvrions que le sens de notre vie c’est lui. Comme lui puise sa vie dans l'amour qu'il reçoit de son Père, nous puiserons notre vie dans l’amour que nous recevrons de lui : « Je suis en mon Père ; vous êtes en moi et moi en vous ».

Ainsi notre espérance n'est pas dans ce que nous réalisons mais dans cette assurance que le Fils demeure en nous. Comment alors reconnaître sa présence ? Par l’Esprit que le Père nous donnera. Cet Esprit nous introduit dans la dynamique de l'amour trinitaire. Lié à nous, il nous accompagne et restera toujours notre force et notre lumière à travers l'histoire du monde. Le sens de notre vie, c’est d’aimer le Christ, avec l'aide de son Esprit.

Comme aimer le Christ de façon concrète ? En restant fidèle à ses commandements. « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15,12). Dans l’Evangile de ce dimanche, à deux reprises, Jésus fait le lien entre la fidélité à ses commandements et l'amour que l'on a pour lui : « Si vous m'aimez vous resterez fidèles à mes commandements » ; « Celui qui reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ». Cela peut vouloir dire qu'en aimant Jésus nous sommes fidèles à son enseignement mais aussi que restant fidèles à son enseignement nous lui manifestons notre amour. Autrement dit, il y a un lien étroit entre l'amour que nous avons pour Jésus et la façon dont nous restons fidèles à sa parole.

L'amour doit se traduire en actes dans le concret de notre vie. L'apôtre Pierre parle de la vie droite menée « dans le Christ ». Le disciple est celui qui choisit de mener sa vie dans le Christ. C'est à cette condition que nous resterons fidèles au Christ. Le temps pascal est ce temps liturgique privilégié durant lequel nous sommes invités à être attentifs aux liens que nous faisons entre la construction de notre vie et notre relation au Christ, de telle sorte que notre vie quotidienne soit nourrie de notre vie spirituelle et réciproquement. Et c’est l’Esprit qui fait ce lien en nous.

Jésus en parle comme d'un Défenseur. Ce terme de Défenseur, d’Avocat, ou encore de Paraclet, mérite un éclaircissement. En milieu judiciaire juif, l’avocat ne tenait pas de plaidoirie, mais il assistait son client et le conseillait au fur et à mesure tandis qu’il parlait lui-même pour tenter de se défendre. Cela laisse entrevoir quelque chose de la nature de l’Esprit Saint. Il soutient les disciples dans leurs actes et leurs paroles comme le fait une personne et non comme interviendrait une force anonyme ni comme une volonté extérieure qui supplanterait la liberté des disciples. L’Esprit Saint parle pour aider, aux disciples – et donc à chacun d’entre nous – de choisir d’écouter ses conseils.

L’Esprit Saint est donc la source de cette espérance dont parle Pierre. Jésus le nomme également « Esprit de vérité ». Dans la Bible, la vérité est solide et fiable. Nous devons donc en conclure que ceux qui reçoivent le Saint Esprit deviennent solides. « Le monde est incapable de le recevoir car il ne le voit pas », ajoute Jésus. Le monde, dans l'Evangile de Jean, désigne souvent ceux qui refusent la lumière qui vient de Dieu (cf. Jn 1). A l’inverse, le disciple connaît l'Esprit, non pas intellectuellement mais vivant avec lui une communion d'amour.

Ainsi, rendre compte de l'espérance, c'est-à-dire mener une vie dans le Christ, suppose de notre part d'accueillir l'Esprit saint, ce défenseur que nous envoie le Père et qui est en nous, dont la mission est de nous faire reconnaître que nous sommes en Christ et que le Christ est en nous. Il nous apprend à aimer le Christ, à vivre de l’amour du Père, à être attentifs à la manière dont le Christ se manifeste à nous. « Je vous donne ma paix » dit Jésus à ses disciples peu après dans ce même discours (Jn 14, 27). La manifestation du Christ en nous se traduit par le don de sa paix.

Nous sommes donc loin d'être orphelins avec le sentiment que Dieu reste lointain tandis que nous menons notre vie. Bien au contraire, c'est toute la Trinité qui vient au secours de notre faiblesse. Pourrions-nous imaginer plus belle espérance ! Il suffit de s'ouvrir à cette présence.

Père Bruno