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Cinquième dimanche de Pâques

 Année A              22 mai 2011

Ce passage d'Evangile se situe peu avant l'arrestation de Jésus qui prépare alors ses disciples à son départ. Jésus ne s'inquiète pas sur son propre sort. Il a cette certitude de retourner vers son Père : « Je suis dans le Père et le Père est en moi ». Rien ne peut détruire cette communion d'amour entre le Père et le Fils, pas même la mort. Son souci est pour ses disciples.

Il ne leur reproche pas leur questionnement. Thomas et Philippe expriment sans doute ce qu’éprouve chacun d'eux : « Nous ne savons pas où tu vas » ; « Montre-nous le Père, cela nous suffit ». Jésus cherche uniquement à les rassurer sur leur sort. Non seulement il n'abandonne pas ses disciples en les laissant se débrouiller désormais tout seul mais il part nous préparer une place. Cette affirmation devrait profondément nous émouvoir : nous avons une place dans le cœur de Dieu !

Avec le Christ nous sommes appelés à entrer dans la communion d’amour qui unit le Père et le Fils. La Vie éternelle n'est rien d'autre que de vivre entièrement dans l'amour trinitaire. Accéder à cette vie ne dépend pas de nos mérites ; il suffit de passer par le Fils, c'est-à-dire de nous unir au Christ. « Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur » (Romains 8,39). Cela ne concerne pas uniquement la vie après la mort, laissant entendre que sur cette terre il faut nous débrouiller tout seul.

C'est pourtant bien souvent l'impression que nous pouvons avoir, surtout lorsque nous sommes confrontés à des difficultés. Face à nos découragements il peut nous arriver de nous demander où est Dieu, ce qu'il fait. Cela rejoint le désir de Philippe : « Montre-nous le Père, cela nous suffit ». Si seulement Dieu pouvait être plus explicite ! Le pire des découragements est souvent celui sur nous-mêmes. Nous essayons de mener à bien des projets et rien ne semble aller comme nous le souhaitons. Et Jésus peut bien nous proposer une place auprès de son Père, cela ne change guère notre quotidien. D'où le désarroi de Thomas : « Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »

Jésus ne dit pas seulement « Je suis la Vie », nous laissant par nous-mêmes en découvrir le sens. Il affirme : « Je suis la Vérité et la Vie », c'est-à-dire que pour entrer dès maintenant dans la vie de Dieu il nous faut accueillir le Christ comme la Vérité qui nous rend capables d’être vrais avec nous-mêmes. Nul ne peut vraiment vivre sans être vrai avec lui-même. Qu'est-ce qui nous empêche bien souvent d’être vrais ? La recherche d'un idéal de soi que nous désirons et qui ne nous correspond pas, ou encore la non-acceptation – qui n’est pas la résignation – de ce que nous sommes, de la réalité que nous vivons. Comment alors parvenir à cette vérité ?

Jésus ajoute : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Jésus s'offre à nous comme celui qui va nous conduire à la vérité sur nous-mêmes pour nous faire entrer dans la vie de Dieu. Quand nous cherchons par nous-mêmes à vouloir avancer, au risque de nous trouver dans des impasses ou d'avoir l'impression de reculer, Jésus nous dit simplement qu'unis à lui nous ne pouvons pas errer. Il affirme même : « Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes ». C'est dire combien notre vie trouve son vrai dynamisme à partir du moment où nous consentons à être avec lui, à faire de lui la pierre angulaire de notre vie.

L’Apôtre Pierre dit même que le Seigneur Jésus est « la pierre vivante » qui fait de nous des pierres vivantes (cf. 2ème lecture). En Christ notre vie devient solide, inébranlable. Pourquoi chercher ailleurs ? Ecoutons cette invitation de Pierre : « Approchez-vous du Seigneur Jésus ». Il ne suffit pas de croire que le Christ est ressuscité, il nous appartient de choisir comment vivre avec le Ressuscité, aujourd'hui, dans notre quotidien, comment bâtir notre vie avec lui. Cela se réalise à travers l’offrande de ce que nous sommes au Christ, lui offrir notre vie pour recevoir l’offrande de la sienne. « Vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles » (2ème lecture).

Pierre ajoute même que nous avons la mission d'annoncer à tous « les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ». Quand aujourd'hui tant d'hommes et de femmes cherchent un sens à leur vie, comment pourrions-nous taire que Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie. L'Eglise est cette portion d'humanité qui témoigne l'infinie tendresse du Père qui veut la vie pour tous les hommes. Si nous sommes « le peuple qui appartient à Dieu », ce n'est pas par privilège mais parce que Dieu compte sur nous pour rendre compte de l'espérance qui nous habite, une espérance qui n'est pas une certitude mais un compagnonnage avec le Christ.

Osons dire de tout notre cœur, avec toute notre foi : Seigneur, tu es le Chemin, la Vérité et la Vie !

Père Bruno