Quatrième dimanche de Pâques
Année A 15 mai 2011
Les textes du jour
Il suffit que l’auditoire de Pierre entende
parler de Jésus comme du Seigneur et du Christ pour que chacun soit remué
jusqu'au fond de lui-même. C'est dire combien cette profession de foi devrait
nous aussi nous émouvoir et nous interroger comme ceux qui écoutent Pierre : « Que devons-nous faire ? » Dans
l'Ecriture, la réponse à cette question est rarement – dans un premier temps –
une action à mettre en œuvre mais une attitude à laisser creuser.
Accueillir la Bonne Nouvelle du salut en
Jésus, Seigneur et Christ, ne peut pas nous laisser indifférents. Si cela
demande de notre part une conversion pour laisser se déployer en nous et à
travers nous l'Esprit Saint, le point de départ est notre relation avec le
Christ. « Vous étiez errants comme des
brebis ; mais à présent vous êtes revenus vers le berger qui veille sur vous
» (2ème lecture).
Pierre parle du Christ comme du berger qui
veille sur nous. Déjà Ezéchiel parlait de Dieu comme du berger qui prend soin
de son troupeau (cf. Ez 34,11). C’est
aussi cette image de nous trouvons dans l’Evangile de ce dimanche : le Christ
est « le pasteur, le berger des brebis
». Jean insiste même en soulignant que ce berger appelle chacune de ses brebis
par son nom et qu'il marche à leur tête. En cela il ne ressemble en rien à un
inconnu dont les brebis ne reconnaissent pas la voix. Dans l'agitation du
quotidien, la voix du Christ nous est-elle familière ou bien est-elle noyée
dans un brouhaha ?
Répondre à cette question, c'est être
attentif à notre désir de suivre le Christ et aux moyens que nous donnons pour
cela. Suivre le Christ, c’est reconnaître en lui celui qui nous propose la vie,
« la vie en abondance ». Cela suppose
de prendre du temps avec lui. Contempler le Christ dans l'Evangile c’est se
laisser fasciner par sa capacité à vouloir le bien des autres. Sans doute nous
aussi nous voulons le bien des autres. Alors comment se fait-il que nous
hésitions tant à lui ressembler ? Notre vocation consiste à être visage du
Christ pour nos frères. Suivre le Christ, c’est lui demander que nos paroles et
nos actes reflètent ce qu'il est. Suivre le Christ, c'est trouver notre joie et
notre sérénité dans la certitude de sa présence à nos côtés. Quelle joie de
savoir que le Christ prend soin de nous, si bien sûr nous lui laissons toute la
place dans notre vie !
Nous sommes alors peut-être comme les
Pharisiens qui ne comprennent pas ce que cela veut dire. Aussi Jésus utilise
une seconde image dans cet Evangile : celle de la porte « Je suis la porte des brebis ». La porte est ce par quoi nous
passons pour entrer et sortir. Sortir, c'est toujours sortir d'Égypte, sortir
de nos lieux d'enfermement, d'esclavage. Entrer, c'est toujours entrer en Terre
promise, entrer dans une vie féconde et libre. « Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé. » Passer pour
le Christ, c'est enraciner notre vie dans une communion d'amour avec lui, c'est
le laisser éclairer nos décisions, au choix, c'est renoncer à être le centre de
notre vie.
De façon étonnante, plus nous nous donnons
au Christ plus nous devenons libres. Nous pourrions craindre au contraire de
perdre notre liberté en choisissant de dépendre du Christ. Mais il s'agit d'une
dépendance dans l'amour et le Christ nous connaît mieux que nous-mêmes. Aussi,
lui donner la première place dans notre vie, c’est pouvoir avec lui déployer le
meilleur de nous-mêmes et vivre ainsi une vie en abondance. Alors comment se
fait-t-il que nous hésitions tant à dépendre de lui ? Passer par le Christ,
c'est croire qu’unis à lui notre vie reçoit toute sa fécondité.
Toute vocation baptismale s'inscrit dans ce
double appel : suivre le Christ et passer par lui, c'est-à-dire lui ressembler
en enracinant notre vie en lui. Il est pourtant nécessaire, pour la vie de
toute communauté et de l’Eglise, que certains choisissent d'engager leur vie en
décidant d'être eux-mêmes pasteurs à la suite du Christ. C'est le sens de la
Journée Mondiale de prière pour les Vocations que nous célébrons ce dimanche.
J'ai insisté lors de la messe du Jeudi Saint sur l'importance que notre
communauté puisse permettre à des jeunes d'entendre l'appel du Seigneur et de
répondre leur vocation. Il est important que notre communauté porte ce souci.
Dieu lui-même s'engage à nous donner des pasteurs selon son cœur (cf. Jr 3,15)
et le Christ nous demande de prier pour les vocations (cf. Lc 10, 2).
C'est pourquoi je me fais l'écho du cardinal
Barbarin qui suggère deux initiatives. La première : que des parents de notre
communauté puissent se retrouver régulièrement pour prier pour la vocation de
leurs enfants. Il ne s'agit pas de demander quelque chose de précis au Seigneur
mais de prier pour que la volonté de Dieu s'accomplisse dans le cœur de leurs
enfants. La seconde initiative : que des jeunes de notre paroisse puissent eux
aussi se retrouver régulièrement pour prier pour les vocations, pour demander
au Seigneur les vocations dont notre Eglise a besoin aujourd'hui.
Que nous puissions porter ces différents
projets dans notre prière de telle sorte que chaque membre de notre communauté
traduise concrètement dans sa vie cet appel à suivre le Christ et à passer par
lui. Nous ne risquons jamais rien en ouvrant largement notre cœur au Christ !
Père Bruno