NOËL
Fête de la Nativité du Seigneur Jésus-Christ
24 décembre 2010
Les textes du jour
Quel Le signe que Dieu nous donne : un
nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Et si Dieu avait raison ?
Tous nous avons de l'ambition, tous nous
voulons réussir dans notre vie. Et nous avons raison ! Tous nous ressemblons un
peu à l'empereur Auguste qui veut recenser son peuple, c'est-à-dire qu'il veut
mesurer sa force. Car nous savons bien qu'aujourd'hui il faut être fort et
d'une certaine manière puissant pour avancer dans la vie.
D'ailleurs notre monde actuel compte
beaucoup de gens puissants face auxquels nous ne pouvons pas faire grand-chose.
Tentation de s’appuyer sur soi pour convaincre l’autre qu’on est plus puissant
que lui. Quand il nous semble avoir raison, c’est tellement plus facile de ne
compter plus que sur soi et de ne s’appuyer que sur ceux qui pensent comme soi.
Comme l’empereur Auguste nous préférons
maîtriser les choses, parfois même les personnes. C’est ainsi que chacun de nous
risque d'être happé par cette logique du toujours plus. Rien ne semble arrêter
cet engrenage : l'engrenage de la puissance, de la force, de la richesse où
celui qui ne domine pas et dominé.
Et bien sûr, si Dieu est tout-puissant – «
je crois en Dieu tout-puissant » confessons-nous dans le Credo –, il doit, à
nos yeux, être capable d'empêcher la guerre, la maladie, les épreuves… Qui n’a
pas eu le sentiment face à une injustice que Dieu semblait être aux abonnés
absents ? Drôle de toute-puissance que celle d'un Dieu qui se révèle dans la
fragilité d'un enfant.
Le signe que Dieu nous donne : un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. Et si Dieu avait raison ?
Peut-être nous retrouvons-nous davantage
dans l’hôtelier. Lui ne veut pas se déranger. Il n'y a pas de place dans la
salle commune. Qu'à cela ne tienne ! Marie et Joseph n'ont qu'à aller ailleurs.
C'est tellement plus simple de préserver sa sécurité, sa tranquillité.
D'ailleurs aujourd'hui il n'y a plus de
place pour les gens faibles, fragiles. Quand il nous semble que la réussite, la
performance, l’assurance sont autant de valeurs qui déterminent nos choix,
pourquoi s’embarrasser à regarder autour de soi, à perdre son temps pour les
autres.
Etre attentif à ceux qu’on aime, passe
encore. Mais les autres… Après tout, chacun est libre, non ! Celui qui n'est
pas compétent est tenu à l'écart, comme celui qui a un handicap ou celui qui
est trop vieux. Il n'y a pas de place pour ceux qui ne sont pas productifs ou
performants. À force de ne considérer les autres ou soi-même qu'à partir de ce
que nous faisons, nous ignorons ceux qui ne sont pas capables de faire grand
chose.
Qui n’a pas le sentiment que Dieu ne fait
pas grand-chose aujourd'hui : il semble nous livrer à nous-mêmes. Il n'y a pas
de place pour un Dieu qui ne fait rien. Drôle de force que celle d'un Dieu qui
se révèle dans la vulnérabilité d'un enfant.
Le signe que Dieu nous donne : un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. Et si Dieu avait raison ?
Alors Dieu a choisi des bergers, des
personne ni puissantes, ni fortes, ni riches pour être les ambassadeurs d'une
bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple. Décidément, la logique de
Dieu n'est pas la nôtre. Pour réussir
dans la vie il faut s’appuyer sur la force, la puissance et la richesse. Pour
réussir sa vie, Dieu nous apprend à nous appuyer sur la vulnérabilité, la
fragilité et la pauvreté de cœur.
La grandeur de notre vie n’est pas dans ce
que nous possédons ou réussissons. La force de notre vie n’est pas dans ce que
nous connaissons ou maîtrisons. Car alors l’humanité sera toujours faite de
gens de plus en plus puissants, de plus en plus forts, et de gens de plus en
plus exclus, de plus en plus pauvres. Dieu veut que nous réussissions notre
vie.
En prenant visage d’homme, en se faisant
petit enfant, Jésus nous montre le chemin : C’est en devenant pauvres de
cœur que nous devenons vraiment riches ; c’est en redevenant petits pour
servir nos frères que nous pouvons devenir grands ; c’est en découvrant la
folie de l’amour qui se donne sans compter que nous deviendrons vraiment forts.
La logique de Dieu est celle de l’amour, du
véritable amour, de l’amour qui se donne sans compter ! L’amour ne se déploie
pas dans la force. Celui qui aime gratuitement ne peut rien exiger de l’autre.
L’amour rend vulnérable et fragile. Il se déploie dans la faiblesse. Tous, sans
doute, nous côtoyons des personnes plus fragiles. La tentation serait de les
ignorer ou de vouloir faire pour elle. Mais commençons par nous interroger sur
ce que nous recevons d’elles. Apprendre à recevoir des plus petits, les laisser
nous révéler notre propre vulnérabilité. C’est alors que nous pourrons les
servir.
Le signe que Dieu nous donne : un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. Et si Dieu avait raison ?
Car lui-même n’a pas fait semblant. En
Jésus-Christ il a commencé sa vie en étant cet enfant fragile de la crèche pour
la finir en devenant le crucifié vulnérable sur la croix. En Jésus Christ, Dieu
s’offre à l’homme dans la fragilité d’un enfant. Ce soir, chacun de nous est un
de ces bergers venant devant la crèche.
A notre tour, laissons-nous toucher par le
signe que Dieu nous donne. Interrogeons-nous dans le secret de notre cœur. Et
si Dieu avait raison. Plutôt que de réussir dans notre vie, si nous décidions
de réussir notre vie. Ce n'est pas de vouloir toujours plus qui rend heureux.
La seule ambition qui ne déçoit pas c'est celle du don de soi pour les autres.
Cette nuit, l’enfant de la crèche nous
montre le chemin : Il suffit de s'émerveiller de la beauté qu'il y a en chacun.
Souvent les plus fragiles nous montrent que le vrai trésor de l'homme est son
cœur. Il suffit souvent de très peu de choses pour changer notre regard et
prendre conscience que la force n'est pas dans la réussite, la puissance n'est
pas dans le résultat, la richesse n'est pas dans la possession. Et si chacun de
nous pouvait décider de s’engager un peu plus sur ce chemin…
Bien sûr c’est de la folie, mais si Dieu
avait raison ? Apprenons à écouter le Christ. Sachons prendre du temps avec lui
; toute sa vie il n’a eu de cesse d’aller au devant des petits, des blessés,
des exclus pour leur révéler la vie qui ne demandait qu’à jaillir en eux. Noël
n’aura de sens pour nous que si, à notre tour, nous décidons de nous laisser
toucher par les petits et les fragiles.
Le signe que Dieu nous donne : un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. Dieu a raison !
C’est en laissant battre notre cœur au
rythme du cœur des petits que nous deviendrons grands. Notre monde a besoin
d’hommes et de femmes ordinaires qui font le choix d’engager toute à la suite
du Christ pour servir leur frères. Cessons d’avoir une vision étriquée qui se
réduit à nous-mêmes, à notre plaisir, à notre confort. Dieu a pris le risque de
se faire petit enfant, et nous refuserions avec lui de nous faire petits pour
faire grandir les autres !
Imaginons qu’en cette fête de Noël, chacun
de nous décide, en offrant le cadeau qu’il a préparé, de dire à cette personne
ce qu’il y a de beau en elle. Puis de continuer auprès des personnes pour
lesquelles il n’a pas prévu de cadeau… Choisir de réussir dans la vie à la
manière d’Auguste ou choisir de réussir sa vie à la manière du Christ.
Une vie réussie est une vie donnée. Il n’y a
pas d’autre chemin que celui-là. Dieu a raison !
Père Bruno