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 Fête de la divine miséricorde

 Année A              1er mai 2011

Le Pape Jean-Paul II a institué en l’an 2000 le dimanche après Pâques le dimanche de la Miséricorde, en réponse à la demande du Seigneur à Sainte Faustine (1905 – 1938) : « Je désire que le premier dimanche après Pâques soit la Fête de ma Miséricorde… Je désire que la fête de la Miséricorde soit un recours et un refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma Miséricorde. »

Cette fête n’est pas une nouveauté, mais une simple mise en lumière du message central de l’évangile de ce dimanche lu chaque année le dimanche après Pâques : en montrant ses plaies glorieuses, le Ressuscité nous donne l’assurance que ce qui devrait sceller notre condamnation définitive est devenu pour toujours l’attestation du pardon et de l’amour de Dieu plus grand que notre cœur.

« Dans la résurrection, en effet, les plaies auraient pu être invoquées comme preuve à charge pour un péché impossible à pardonner : nous aurions été condamnés pour toujours. Elles auraient pu être simplement effacées du corps du Seigneur : cela aurait signifié l’amnistie, non le pardon. Elles subsistent, au contraire, comme le signe que la miséricorde n’est pas l’oubli, mais la surabondance de l’amour : elles demeurent pour l’éternité les fissures de la miséricorde » (Mgr Jean-Pierre Batut).

Jésus ressuscité confie à ses disciples craintifs et stupéfiait la mission d'être les ministres de la miséricorde divine, un don qui naît des blessures de ses mains, de ses pieds et surtout de son cœur transpercé. Ainsi l'Église devient cette "maison de miséricorde" ouverte à tous les hommes. « Le Christ nous a enseigné que l’homme non seulement reçoit et expérimente la miséricorde de Dieu, mais aussi qu’il est appelé à "faire miséricorde" aux autres : "Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde" (Mt 5,7) » (Jean-Paul II, Dives in misericordia, 14).

Désormais le Ressuscité est reconnaissable à la marque de ses plaies provoquées par le péché des hommes et cicatrisées par l’amour de Dieu. Jésus demande à Thomas de mettre sa main dans son côté, littéralement : « Entre-la dans mon côté ». Thomas – dont le nom signifie « Jumeau », c'est-à-dire qu'il est notre jumeau et que nous lui sommes semblables – est invité à entrer, à plonger dans la miséricorde de Dieu. C'est alors qu'il peut confesser avec pleine assurance : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Sa foi s'enracine dans l’amour miséricordieux, gratuit et inconditionnel de Dieu.

Nous comprenons alors que l’acte de foi que Thomas est invité à poser est celui de croire que la miséricorde du Seigneur a triomphé de son péché qui a contribué à clouer Jésus sur la croix. Le Ressuscité l’appelle à sortir d’une culpabilité mortifère pour accueillir la vie nouvelle de son Esprit : « La paix soit avec vous ». Comment ne pas faire le lien avec les paroles de Jésus à sainte Faustine : « L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec confiance à la Divine Miséricorde » (Journal, p. 132), autrement dit lorsqu’elle croira que ma Miséricorde a triomphé de tout péché, de toute mort.

Saint Pierre, dans sa première lettre, affirme alors : « Tout cela doit donner à Dieu louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ, lui que vous aimez sans l'avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore ; et vous tressaillez d'une joie inexprimable qui vous transfigure ». Cette fête de la Miséricorde produit en nous la joie de la foi, la joie de se découvrir aimé au cœur même de la réalité de notre péché, la joie qu'éprouvent les disciples en voyant le Seigneur Ressuscité lorsqu'il vient au milieu d'eux.

Lorsque le Ressuscité proclame : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », il met en évidence que celui qui croit sans chercher de preuve est dans la joie. La foi n'est pas une certitude mais une espérance, l’espérance en la Miséricorde infinie de Dieu. Cette foi confessée engendre en nous la vie : par votre foi, vous avez la vie en son nom (cf. finale de l’Evangile).

Sainte Faustine à qui Jésus a révélé la fontaine de miséricorde qui jaillit de son cœur blessé, aimait dire et redire cette prière : « Jésus, j'ai confiance en Toi ! » Faisons nôtre cette prière qui exprime l'attitude avec laquelle nous aussi nous voulons nous abandonner avec confiance entre les mains miséricordieuses de Jésus notre unique Sauveur, car il n'y a pas de foi plus profonde, d'espérance plus vivante et d'amour plus ardent que la foi, l'espérance et l'amour de celui qui, dans les difficultés, se remet entre les mains sûres du Seigneur…

Père Bruno