Sainte Marie, mère de Dieu 1er janvier 2012
Les textes du jour
L’Évangile de ce dimanche fait suite à celui
de la nuit de Noël. Après l'annonce de l'ange, les bergers se mettent en route
pour voir ce que le Seigneur leur a fait connaître. La démarche des bergers, à
l'époque considérés comme des petits sans instruction, correspond à la démarche
de celui qui cherche Dieu.
Les bergers ont entendu l'ange et ils voient
désormais d'après ce que l’ange leur a dit. C'est ainsi qu'ils sont capables de
reconnaître dans ce nouveau-né entouré de Marie et de Joseph le Sauveur
annoncé. Ils attestent alors ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet
enfant, devenant les premiers messagers de cette Bonne Nouvelle : « Aujourd'hui vous est né un Sauveur ».
Pour autant, ils ne s'attardent pas et leur vie reprend son cours, mais
maintenant ils louent et glorifient Dieu.
Celui qui cherche Dieu est appelé à voir le
réel éclairé par la parole de Dieu de telle sorte que sa vie devienne louange
pour ce que le Seigneur accomplit d'extraordinaire dans l'ordinaire de ce
monde. Voilà ce que nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres en ce début
d'année : accueillir notre quotidien à la lumière de la Parole de Dieu.
N'est-ce pas ce même souhait que nous lisons
déjà dans la première lecture : « Que le Seigneur
fasse briller sur toi son visage ». C'est par son Fils, « reflet resplendissant de la gloire du Père
» (Hb 1,3), la Parole fait chair, que Dieu nous éclaire. Mais comment être
attentif à cette lumière ? Comment découvrir dans un quotidien qui peut nous
paraître terne le visage de Dieu qui se tourne vers nous, se penche vers nous
(cf. 1ère lecture).
Marie, dans son cantique d'action de grâces,
exulte de joie car le Seigneur s'est penché sur son humble servante (cf. Lc
1,48). Et l’Évangile de ce jour nous dit que « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ».
Littéralement, le verbe "retenir" signifie "garder
ensemble", "rassembler", et le verbe "méditer",
"rapprocher ensemble".
Marie retient, c'est-à-dire qu'elle
"garde" tout ce qu'elle vit, tout ce qui fait son quotidien et celui
des siens. Elle "garde" comme le berger garde ses brebis, en veillant
sur elle. Depuis que nous connaissons que Dieu s’est fait homme, rien de ce qui
est humain ne peut être séparé de Dieu. Cette attitude de "garde"
unifie donc tout ce que nous vivons dans une même certitude : le Seigneur nous
accompagne en toutes circonstances, quoi que nous vivions. Pour garder en notre
cœur ce quotidien, il faut commencer par re-garder à la manière de Dieu.
C'est pourquoi Luc ajoute que Marie médite
dans son cœur. Elle rapproche ce qu’elle vit avec ce qu’elle lit dans la Parole
de Dieu. C'est un peu comme si elle tissait sa
vie avec deux fils, celui de sa vie ordinaire et celui de la Parole de
Dieu. Nous le savons bien, toute l'histoire biblique est celle d'un peuple qui
lit son histoire ordinaire à la lumière de la promesse faite par Dieu. C’est ce
qui s’appelle, dans la tradition spirituelle, la relecture de sa vie. Si notre
quotidien nous apparaît souvent banal, monotone, répétitif, c’est parce que
nous ne savons pas le reconnaître comme la quête incessante de Dieu à notre
égard.
Vu dans le regard de Dieu, dont l’amour nous
cherche et nous précède, notre présent devient une aventure d’amour et de foi. Ainsi,
relire sa vie, c'est chercher Dieu en toutes choses et retrouver toutes choses
en Dieu. La relecture Elle permet de se dessaisir de sa vie pour laisser place
à celui qui vient l'éclairer et lui donner sens. La réponse à donner n'est pas
alors dans un faire immédiat mais bien dans une manière d'aimer davantage ceux
qui nous entourent. C’est ce qu’a vécu Marie qui n’a pas "fait"
grand-chose mais qui enracinait toute chose dans la confiance qu’elle avait
dans la Parole de Dieu : « Qu’il
me soit fait selon ta Parole » (Lc 1, 38).
C'est le sens de cette bénédiction lue dans
la première lecture : « Que le Seigneur
te bénisse et te garde ». Le Seigneur nous comble de biens, nous comble de
son amour et nous garde en sa présence. Nous lisons dans le psaume 90, 11 : « Il donne mission à ses anges de te garder
sur tous tes chemins ». Cette bénédiction ouvre notre vie dans l'action de
grâces, non seulement pour ce que le Seigneur accomplit en nos vies mais pour
ce qu'il va accomplir. Cette dynamique est celle de l'Espérance – un don de
Dieu –. Souhaitons-nous de vivre chaque jour de cette nouvelle année dans cette
reconnaissance.