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Epiphanie                8 janvier  2012

« Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l'Évangile » (2ème lecture). C'est le sens de la fête de l'Epiphanie, la manifestation de Dieu au monde. Dans la lettre aux Ephésiens, le mot mystère signifie ce que Dieu révèle de lui-même. Dieu veut associer tous les hommes à la même promesse : « Il nous a d'avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ » (Ephésiens 1,5).

Et si nous savons bien que tel est le projet de Dieu, cette fête est l'occasion de vérifier comment nous le vivons. Le récit des Mages nous est d'une aide précieuse pour cela. Dans un premier temps nous pouvons nous identifier aux mages qui se sont mis en route, ont cherché le Roi des Juifs, ont vu l'étoile et en éprouvèrent une grande joie, ont offert à l'enfant nouveau-né l’or, l’encens et la myrrhe. Nous qui avons part à la promesse de Dieu de vivre de sa vie, il nous revient très concrètement de nous mettre en route.

En effet, notre foi risque toujours de s'enfermer dans une routine, notre relation à Dieu devenant alors quelque peu formelle. Se mettre en route, c'est accepter de se laisser dérouter par Dieu en le cherchant résolument tel qu'il se révèle à nous dans notre quotidien. Pour s'assurer que nous sommes bien en marche, il suffit d’être attentif aux signes que Dieu nous donne, à ces étoiles qui suscitent en nous une grande joie. Prenons-nous le temps de relire régulièrement les signes de la présence de Dieu dans notre vie ? Et si c'est le cas, que sommes-nous prêts à lui offrir ?

Les présents des mages témoignent qu'ils reconnaissent en cet enfant sa royauté – l’or –, sa divinité – l’encens –, et son humanité liée à sa mort offerte – la myrrhe –. Et moi-même, qu'ai-je envie d'offrir de moi au Christ en reconnaissance à tout ce qu’il est pour moi, tout ce qu'il me donne ? C'est bien cette question qui devrait nous préoccuper chaque fois que nous participons à l'eucharistie. Le Christ s'offre totalement à nous, sans condition. Et nous-mêmes, en réponse ? Voilà donc ce qui peut nous animer en contemplant les mages.

Mais nous pouvons également nous arrêter sur Hérode. Entouré de ses chefs des prêtres et de ses scribes, il est incapable de s'ouvrir à l'annonce faite par les mages. Hérode se conforte dans ce qu'il croit savoir – son rapport à l'Ecriture – entouré par des gens qui pensent comme lui. Plutôt que de se laisser déranger, déplacer par les mages, il met à mort tous les enfants de moins de deux ans (cf. Matthieu 2,16). L'attitude Hérode nous renvoie notre volonté ou non d’accueillir ceux qui sont différents de nous.

En effet, si tous les hommes ont part à la même promesse, nous sommes appelés à reconnaître en chacun d’eux ce qu’il nous fait découvrir de Dieu. La richesse d'une communauté chrétienne est justement dans la diversité de ses membres. Naturellement, nous allons vers ceux qui nous ressemblent, ceux que nous connaissons. Faire communauté, c'est aller à la rencontre de ceux qui expriment et vivent leur foi différemment de nous. Cette démarche nous est souvent difficile. Il suffit, par exemple, de vérifier comment nous nous ouvrons à ce qui se vit dans d'autres groupes paroissiaux que ceux auxquels nous appartenons.

Depuis un an, plusieurs parcours Alpha ont été lancés sur la paroisse. Qu'y avons-nous invité ? Il n'est pas pensable que nous n'ayons pas dans notre entourage quelqu'un qui attende cette proposition. Mais nous sommes souvent trop frileux, nous réfugiant derrière ce que nous pensons être la réponse des autres. Notre paroisse est composée de villages dont les profils sont différents. Quels moyens nous donnons-nous pour rencontrer des gens d'autres villages que nous ne connaissons pas encore ? Il est important que nous apprenions à nous découvrir, à nous soutenir les uns les autres. Notre communauté est composée de sensibilités différentes. Comment nous réjouissons-nous de ce que d'autres vivent leur foi différemment de nous sans les juger.

En cette année 2012, nous allons fêter les 10 ans la paroisse. Plusieurs propositions seront faites dont nous reparlerons, mais nous nous retrouvons tous pour une grande journée paroissiale le dimanche 3 juin, lendemain de la Sainte Blandine. D'ici là, n'est-il pas envisageable que nous soyons encore plus attentifs à aller au devant de ceux que nous connaissons moins, aussi bien à l’intérieur même de notre communauté qu’à l’extérieur ?

Nous avons à choisir entre Hérode et les mages. Spontanément nous allons sans doute vouloir être comme les mages, et nous avons raison ! Alors osons prendre un autre chemin : celui de nous risquer à la rencontre des autres. Si nous décidons résolument de repérer l’or, l’encens, et la myrrhe dont chacun est porteur, alors notre communauté s'en trouvera renforcée, enrichie par un nouvel élan. Et nous en éprouverons une très grande joie.

Père Bruno