Fête du Baptême de Jésus Christ              9 janvier 2011

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Tandis que Jésus arrive devant Jean pour se faire baptiser, la réaction de Jean est toute naturelle. Il baptise en vue de la conversion des péchés et il sait bien que Jésus n'a pas besoin de ce baptême. Au contraire : « C'est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c'est toi qui viens à moi ! » s'écrie-t-il ! Pourtant, Jean ne peut qu’obéir à Jésus qui lui ordonne : « Laisse-moi faire ».

Jésus, en choisissant d'être baptisé par Jean, accomplit parfaitement ce qui est juste. Qu'est-ce à dire ? Si la vocation de l'homme est de s'ajuster à Dieu, Jésus, par son baptême, s'ajuste à l'homme. Il ne fait pas semblant d'être homme. Certes, il n'a pas connu le péché, mais en devenant l'un de nous il nous rejoint jusqu'au cœur même de notre nature pécheresse. C'est ce que décrit subtilement l'expression « Jean le laisse faire » qui laisse toute l’initiative à Jésus alors que c’est Jean qui le baptise.

Le baptême de Jésus est donc l'occasion pour nous de prendre une nouvelle fois conscience que c’est Jésus qui vient à nous et s’ajuste à nous. Il nous semble parfois que c'est à nous de nous hisser à la hauteur de Dieu, de devoir tout mettre en œuvre pour correspondre à son amour. Dans un premier temps, nous avons à accueillir Jésus qui nous rejoint au cœur même de ce que nous vivons et de ce que nous sommes. « Ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés, et il nous a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés » (1 Jean 4,10). Ce n'est qu'enracinés au Christ que nous correspondrons davantage à l’amour de Dieu, jamais par nos seuls efforts.

Une fois Jésus baptisé, l'Esprit de Dieu descend sur lui et une voix atteste : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour ». Jésus baptisé, animé par Esprit, est le Fils bien-aimé par qui tout l'amour du Père se manifeste aux hommes. Toute la mission de Jésus peut se résumer ainsi : révéler l'amour inconditionnel du Père à chacun. Ce qui concerne Jésus le jour de son baptême concerne équivalemment chaque baptisé.

Si tout homme est enfant de Dieu, c'est-à-dire aimé de Dieu, le baptême fait de nous des fils. Le fils est celui qui reconnait cet amour et choisit de faire de sa vie une réponse à cet amour. C'est l'Esprit Saint qui nous rend capables de vivre pleinement notre mission de fils de Dieu qui n'est donc pas d'abord de faire quelque chose mais de témoigner cet amour de Dieu qui nous comble. C’est à chaque baptisé que le Père dit : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi j'ai mis tout mon amour ». Le baptême de Jésus nous fait découvrir la confiance que le Père met en nous.

Si la prophétie du serviteur (1ère lecture) concerne directement le Christ, elle s’adresse également à tous ceux qui sont baptisés. Dieu confie à chaque baptisé d'être son « Alliance avec le peuple », « la lumière des nations ». Chaque baptisé est « son élu » en qui il a mis « toute sa joie ». Pierre résume la vie de Jésus ainsi : « Il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui » (2ème lecture). Baptisés, nous sommes appelés nous aussi à faire le bien car Dieu est avec nous. Etre baptisé implique donc une responsabilité. Ce n'est pas seulement le temps d'une célébration ! Nous sommes responsables de la vie baptismale qui nous a été donnée, vie qui nous fait sortir de nous-mêmes pour être aux côtés des aveugles, des captifs, de ceux qui habitent les ténèbres (cf. 1ère lecture), aux côtés des petits, des fragiles, des laissés pour compte.

Le baptême de Jésus est ainsi l'occasion pour chacun de s'interroger sur la manière dont il vit son baptême. Lors de la célébration de ce sacrement, au moment de l'onction avec le Saint Chrême, le célébrant dit : « Désormais tu es membre du Corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi ». Tout baptisé est prêtre – offrir sa vie à la suite du Christ pour les autres –, prophète – témoigner par toute sa vie de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ –, roi – participer activement à la construction du Royaume inauguré par le Christ –

Pourquoi ne pas décider comment vivre de façon plus concrète notre mission de prêtre, de prophète ou de roi. A chacun de choisir celle des trois sur laquelle il veut plus particulièrement faire porter son attention : qu'est ce que je veux mettre en œuvre pour être davantage serviteur de mes frères, ou plus audacieux à annoncer l'Évangile, ou plus acteur pour édifier un monde juste et fraternel ? C'est ainsi que nous développerons la grâce de notre baptême, en ayant soin de nous attacher au Christ pour vivre ce que nous avons choisi.

Père Bruno