Ascension de Notre-Seigneur

 Année A              2 juin 2011

Les textes du jour (cliquez ici)

La fête de l'Ascension est sans doute difficile à se représenter. Qu'est-ce à dire que Jésus monte au ciel ? Avant d'être un déplacement physique, il s'agit d'un déplacement théologique. Nous pouvons dire que l'Ascension achève le Samedi Saint, comme Pentecôte achève Pâques.

En effet, après être descendu aux enfers, Jésus est désormais monté au ciel. Ainsi, Jésus, venu sur la terre, est descendu sous la terre pour monter ensuite au-dessus de la terre. Saint Paul dira que le Père « l'a établi au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent », il l’a placé « plus haut que tout » (2ème lecture). Ainsi, après son incarnation, le Fils a rejoint toutes les dimensions de la création, « dans les cieux, sur la terre et sous la terre » (Philippiens 2,10). Désormais Jésus Christ est assis à la droite de Dieu, ce qui signifie que tout l'univers lui est soumis et sera jugé par lui.

Si l’Ascension se limitait à la célébration de la montée du Jésus au ciel, alors nous devrions tous regarder le ciel. Mais une fois Jésus au ciel, c'est désormais à nous de poursuivre sa mission. Que ce soit Luc dans la première lecture ou Matthieu dans la finale de son Evangile, même si leur récit ne raconte pas les choses de la même manière, ils insistent tous deux sur l'envoi en mission des Onze « jusqu'aux extrémités de la terre », pour « toutes les nations ». La mission que Jésus a accomplie durant trois ans en un lieu précis est maintenant confiée à tous, sur toute la terre et jusqu'à la fin du monde.

En même temps, le Christ s'engage à nos côtés pour mener à bien la tâche qu’il nous confie : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (évangile). C'est dire si nous pouvons être absolument certains de cette présence du Ressuscité aujourd'hui avec nous. Il nous assure même que nous allons recevoir une force, celle du Saint Esprit qui fera de nous ces témoins (cf. 1ère lecture). La fête de l'Ascension annonce donc ce qui se réalisera le jour de Pentecôte, tandis que l'Esprit Saint se répandra surtout les Apôtres.

Pour autant, ceux qui sont envoyés semblent bien pauvres. Luc mentionne que les Onze espèrent encore la restauration de la royauté d'Israël. Ils n’ont pas encore compris quelle était la mission de Jésus. Mathieu mentionne que certains eurent des doutes. Mais c’est à eux, comme à nous aujourd'hui, que le Ressuscité fait confiance ! La foi n'est pas une relation intimiste entre chacun de nous et le ciel, elle a une dimension universelle : chacun de nous vers tous les hommes. La force qui nous est donnée est pour ici et maintenant.

« Allez donc ! », nous dit Jésus. Il s'agit de se mettre en route, sans tarder, pour faire des disciples, c’est-à-dire pour donner le goût de la suite du Christ. Cela nécessite que nous témoignions du Christ par toute notre vie. A travers nous, le monde devrait pouvoir découvrir quelque chose de l'amour passionné de Dieu pour tous les hommes. Pour cela il est important de creuser chaque jour davantage notre relation Christ.

Nous ne pouvons apprendre aux autres à garder les commandements que si nous-mêmes nous les vivons. Nous ne pouvons baptiser que si nous-mêmes nous vivons notre baptême. N’hésitons pas à engager notre vie à la suite du Christ car notre monde a besoin de témoins heureux de leur foi. Puisque le Ressuscité nous promet d’être avec nous, quelle peur peut nous tenir captive ?

C'est pourquoi nous pouvons faire nôtre ce souhait de Paul : que le Père « ouvre votre cœur à sa lumière, pour vous faire comprendre l'espérance que donne son appel » (2ème lecture). C'est au niveau de notre cœur que le Seigneur s'adresse à nous. Comment ne pourrions-nous pas nous laisser émouvoir tandis que Dieu frappe à la porte de notre cœur pour éclairer notre vie de sa lumière, de son amour. Il appelle à chacun à témoigner auprès de nos frères de la puissance infinie de son amour qu’il déploie en nous. Il compte sur nous. Il aurait pu se passer de nous mais il a choisi de s'appuyer sur des êtres fragiles, vulnérables, pêcheurs pour témoigner de sa présence auprès de tout homme. C’est là toute la folie de son amour !

Comment un tel appel ne pourrait-il pas nourrir notre espérance. Nous ne serons jamais trop faibles pour Dieu ! Nous ne serons jamais seuls non plus puisque le Ressuscité nous promet d’être avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde ! Telle est la promesse qui nous est faite en ce jour de l’Ascension. Jésus est retourné vers son Père. Il ne peut pas rester sur terre car son amour de Fils le conduit vers le Père, mais son cœur est toujours attaché aux croyants. Il nous accompagne. Sa présence permet toutes les espérances. Elle peut donner toutes les audaces.

Père Bruno