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Troisième dimanche de Carême  - année A

23 mars 2014

Les textes du jour (cliquez ici)

« Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n'est-il pas ? » (1ère lecture). C'est souvent la question que nous pouvons nous poser quand nous voyons notre quotidien avec son lot de difficultés, parfois même de souffrance. C'est la question que se pose le peuple d'Israël tandis que, sorti d'Égypte, il marche maintenant dans le désert, où il connaît la faim et la soif. Il récrimine contre Moïse et commence à désespérer de Dieu.

Ce même sentiment qui parfois peut nous habiter tandis que, confrontés à notre quotidien nous butons sur l'absence apparente de Dieu. Où est-il ce Dieu ? Et nous avons le sentiment de nous retrouver seuls face à une vie parfois pénible.

C'est l'expérience de cette femme de Samarie. Chaque jour elle vient puiser à un puits hors de la ville. Probablement parce qu’elle ne veut pas rencontrer quiconque, elle y va à l’heure la plus chaude, à midi.  Le texte nous fait découvrir que sa vie est marquée par un amour blessé, une soif d'aimer qui n'a jamais pu être satisfaite. Elle a eu plusieurs maris et maintenant elle vit avec un homme qui n’est pas son mari. Sa vie doit lui sembler terne, avec pour seul horizon celui des taches vitales comme celle de puiser de l'eau. Et c'est alors qu'une rencontre inattendue va bouleverser sa vie.

Ce jour-là, un homme est assis au bord du puits. Qui plus est, cet homme est un Juif, un étranger, un ennemi. Contre toute attente, cet homme lui adresse la parole, enfreignant ainsi toutes les règles de l'époque. Entre Juifs et Samaritains reste profondément ancrée en mémoire l'hostilité de ces deux peuples qui remonte à plusieurs siècles. C’est pourquoi  les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains. Cet homme a besoin de cette femme : « Donne-moi à boire ».

Jésus nous rejoint toujours dans la banalité de notre vie, au milieu de nos préoccupations et de nos soucis quotidiens. Il prend l'initiative de venir jusqu'à nous. Pour celui qui accepte de se laisser rencontrer par le Christ, celui-ci va le conduire peu à peu jusqu’au plus intime de lui-même, jusqu’à son cœur. C’est le chemin qu’il propose à cette femme, venue pour étancher sa soif d’eau, et exprimant progressivement sa soif d’amour, d’un amour humain qu’elle n’a pas réussi à satisfaire, mais plus profondément d’un amour divin, cherchant à savoir comment adorer Dieu. Ce faisant, Jésus la fait advenir à la vérité avec elle-même. Jésus met en pleine lumière ce qui était caché au fond d'elle-même.

 Au fur et à mesure que son vrai désir apparaît, elle découvre peu à peu cet inconnu qui lui parle. Elle reconnaît d'abord en lui un prophète, puis Jésus lui révèle qu’il est  le Messie : « Moi qui te parle, je le suis ». Il se révèle à elle comme celui qui peut donner une eau qui deviendra source jaillissante pour la vie éternelle. Puisant à cette source d’amour, cette femme laisse-là sa cruche. Elle est désormais désaltérée et n’hésite pas à retourner chez elle pour témoigner au grand jour de sa rencontre.

Jésus veut nous ramener à la source de notre vrai désir, celui d'une vraie vie, d'un véritable amour. Il se présente à nous comme celui qui veut abreuver notre soif d'amour. En ce troisième dimanche de carême, nous sommes invités dans notre marche vers Pâques à laisser le Christ étancher notre soif d'amour : « Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme à soif de toi ! » (Psaume 63). Saint-Paul l'affirme avec force : « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (2ème lecture).

Mais souvent nos préoccupations, nos soucis, notre tiédeur, fait que nous laissons tarir cette source d'amour. Aujourd’hui, quelles sont mes soifs ? Vers quoi, ou vers qui je me tourne pour les satisfaire ?

Maintenant qu’elle lui a ouvert son cœur, Jésus peut la rejoindre à l’intime de sa souffrance, qu’il l’invite à exprimer : « Je n’ai pas de mari ». Délicatement, Notre-Seigneur la conduit sur un chemin de vérité, en l’aidant à passer de la dissimulation à l’aveu : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là tu dis vrai ». La miséricorde commence déjà à se déverser dans les blessures de cette âme en peine, et à y porter son fruit de repentance. L’attitude de Jésus n’a rien de celle d’un juge : le ton de sa voix n’est pas celui d’une mise en accusation ; Notre-Seigneur l’invite avec délicatesse à oser venir à la lumière, afin de retrouver la liberté.

Père Bruno