Fête du Saint Sacrement 6 juin 2010
Les textes du jour
L'Évangile de ce dimanche mentionne d'abord
que Jésus parle du règne de Dieu et guérit ceux qui en avaient besoin. Sa
prédication et les signes qui l'accompagnent (les miracles) témoignent que
Jésus est le Messie. Il réalise et accomplit l'espérance du peuple d'Israël.
Nous
sommes à la charnière de l'Évangile.
Dans les versets qui précèdent Jésus avaient
appelé et envoyé les Douze – par-delà
le groupe lui-même, il s’agit en fait de toute
l’Eglise. Peu à peu il les
initie à ce que sera leur mission : celle là même
du Christ. Ce passage
d'Évangile en est une illustration. De façon pragmatique,
alors qu'il commence
à se faire tard, les Douze, pleins de bon sens, s'approche de
Jésus pour lui
suggérer de renvoyer cette foule. Après avoir
écouté Jésus toute la journée,
cette requête semble bien légitime. Mais l'endroit est
désert !
C'est la réponse de Jésus qui est déroutante
se : « donnez-leur vous-mêmes à manger
». Jésus confie aux Douze la mission de nourrir cette foule alors que rien ne
semble les préparer à cela : l'endroit est désert ; la foule comprend cinq
mille hommes ; les Douze n'ont que cinq pains et deux poissons. D'où
l'étonnement des Apôtres : « à moins
d'aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde ». Jésus
veut leur enseigner que le disciple n'est pas celui qui fait par lui-même, mais
il est celui qui, offrant le peu qu'il a au Christ, uni à lui, peut rendre
féconde la vie des autres.
Jésus ne multiplie pas immédiatement les
cinq pains et les deux poissons. Il commence par donner l'ordre de faire
asseoir cette foule par groupe de cinquante. Pourquoi cette insistance à mettre
cette foule en petits groupes ? Jésus désire que la foule soit ordonnée comme
pour bien nous faire comprendre qu'il ne peut rien faire dans notre vie si nous
ne commençons pas nous-mêmes par vouloir y mettre un peu d'ordre. Le Christ
n'agit pas de façon magique : il demande que nous lui laissions toute la place
pour qu'il puisse opérer son œuvre de salut. C’est cela un des sens de cette
mise en ordre de tout le monde.
Après avoir rompu les pains, Saint Luc
mentionne que Jésus les donne à ses disciples pour qu’ils les distribuent à
tout le monde, littéralement qu'ils les " offrent " à tout le monde. Le disciple est celui qui reçoit du
Christ pour offrir aux autres. Après avoir offert à Jésus le peu qu'ils avaient
les voilà maintenant capables d’offrir à tous une nourriture surabondante. Ils
accomplissent ce que Jésus leur avait demandé ! La mention des douze
paniers qui contiennent les restes des morceaux expriment la nouveauté opérée
par le Christ. Quand Dieu donnait la manne à son peuple – également dans un
endroit désert – il n'y avait que ce qui suffisait pour la journée (cf. Exode
16). Désormais avec le Christ il y a une surabondance dans le don.
Il est évident que nous trouvons à travers
cette multiplication des pains une allusion très explicite à l'eucharistie,
renforcée par les paroles prononcées à chaque messe : « il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit et le donna à ses
disciples... » L'eucharistie est ce lieu où nous accueillons le Christ par
sa Parole et par l’offrande de sa vie, mais aussi où nous sommes appelés à
offrir le peu que nous ayons. Si à chaque eucharistie le Christ s'offre
totalement à nous, il nous demande de nous offrir même partiellement, et
qu’importe si cela nous semble dérisoire. Nous nous offrons au Christ pour
devenir à notre tour nourriture pour nos frères.
Nous pouvons dire que l'eucharistie se vit
dans une offrande mutuelle du Christ à nous et de nous au Christ pour la vie
des hommes de ce temps, pour le salut du monde. En communiant au corps du
Christ notre vie trouve une nouvelle fécondité. C’est l’offrande de notre vie à
laquelle nous sommes appelés qui la transforme peu à peu en un amour pour les
autres comme le Christ nous aime. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de
présenter à Dieu nos intentions, nos sentiments, nos efforts, pour qu’il les
transforme. Qu’il les transforme par son Esprit, par la médiation de Jésus.
C’est l’œuvre de Dieu plus que l’œuvre de notre générosité.
Il nous appartient donc de vérifier comment,
chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, sont présentes toutes les
dimensions de notre vie et de celle du monde : nos joies comme nos peines, nos
richesses comme nos pauvretés, nos compétences comme nos limites, nos forces
comme nos faiblesses… Tout commence par repérer nos cinq pains et nos deux
poissons, pour les offrir de tout notre cœur au Seigneur.