Epiphanie - année B
4 janvier 2015
Les
textes du jour
Voilà des mages bien audacieux ! Ils se sont
mis en route simplement pour se prosterner devant le roi des Juifs, eux-mêmes
n'étant pas de ce peuple et ayant vu seulement son étoile se lever. Si le texte
d'Évangile ne dit rien sur leur nombre ni sur leur dignité de roi, il est
certain qu'un désir profond anime ces hommes venus d'Orient. Il est sans doute
question davantage pour eux d’un déplacement spirituel plus que d'un
déplacement géographique.
En somme c'est un peu comme si ces mages
représentaient chacun d'entre nous, à la fois personnellement mais aussi
communautairement puisqu'ils cheminent en groupe. Ces mages, habitués à
observer les astres, sont capables de discerner celui qui va éveiller leur
désir et les mettre en route pour connaître la vérité. De façon habituelle Dieu
fait rarement une irruption fracassante dans notre vie. Bien au contraire, il
nous rejoint dans ce que nous vivons et se donne à être reconnu à travers des
signes que nous savons déchiffrer.
Ce qui permet à ces mages de prendre le
risque de l'inconnu c'est peut-être l'étoile mais c'est surtout leur capacité à
rester à l'écoute, en recherche de vérité. C'est peut-être ce qui le fait le
plus défaut. Nous vivons souvent notre vie par habitude ou par recherche d'une
vérité qui reste relative à soi. Avons-nous à cœur de vivre en vérité, non pas
simplement envers soi mais envers ce qui nous construit, nous-mêmes et les
autres, en fidélité à ce que nous sommes : créés à l'image et à la ressemblance
de Dieu, appelés à vivre en amitié avec le Christ, habités intérieurement par
l'Esprit de Dieu ?
Les mages font le détour par Jérusalem.
C’est là qu’ils entendent la Parole de Dieu qui éclaire leur démarche et en
indique le terme. Reprenant leur route, il voie à nouveau l’étoile et « se réjouirent d’une très grande joie ».
Le pape François mentionne dans son encyclique : « L’étoile évoque ainsi de la patience de Dieu
envers nos yeux, qui doivent s’habituer à sa splendeur. L’homme religieux est
en chemin et doit être prêt à se laisser guider, à sortir de soi pour trouver
le Dieu qui surprend toujours. » (Lumen
Fidei n° 35) Déjà Isaïe prophétisait à Jérusalem : « Elle est venue, ta lumière, et la gloire du
Seigneur s’est levée sur toi. Alors tu verras, tu seras
radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. »
Tel est le sens de la fête de l’Épiphanie,
dévoilement dans le Christ du « mystère
de notre salut pour que tous les peuples en soient illuminés »
(préface). Dans le cœur de l’homme, la lumière du Christ vient dissiper les
ténèbres de notre péché et resplendir dans notre vie. Notre vie sur terre est
comme un long pèlerinage qui nous conduira « jusqu’à la claire vision » de la splendeur de Dieu (oraison).
Non seulement la foi au Christ illumine notre vie et nous en donne le sens,
mais elle fait de nous « des
lumières pour guider nos frères sur leurs chemins » (bénédiction
solennelle). Quelle belle vocation ! La bénédiction de ce dimanche dit en
quelques mots tout le sens de notre vie sur terre.
Comment laisser le Christ illuminer notre
vie ? Regardons encore les mages. Au départ ils ont suivi un astre et
maintenant ils se prosternent devant un nouveau-né. Ils manifestent que la foi
n'est pas une idée à intégrer dans notre vie mais bien une personne à
accueillir. La foi s'inscrit dans un dialogue avec le Seigneur, une communion
d'amour avec lui. Nos mages n'hésitent pas à se mettre à genoux devant cet
enfant reconnaissant sa royauté – l'or offert –, sa divinité – l’encens –, et
l'offrande qu'il fera de sa vie – la myrrhe –. Ils viennent de découvrir, au
terme de leur long itinéraire, que le Christ est tout.
Le Christ est-il vraiment le tout de notre
vie ? Il se peut que sa place soit davantage à la périphérie de notre vie
ou non à la première place. Cela se vérifie si nous laissons notre relation au
Christ éclairer nos décisions, nos engagements… C’est vrai, la rencontre Christ
ne peut nous laisser indifférents, elle bouscule même nos plus profondes
certitudes. C’est ce qui s’appelle la conversion ! Non pas pour démolir quelque
chose en nous mais au contraire pour nous permettre de développer le meilleur
de nous-mêmes, que bien souvent nous ne soupçonnons pas car nous préférons nous
calquer sur les autres.
C'est le sens de l'autre chemin
qu'empruntent ces mages pour retourner chez eux. Heureux mages qui ont accepté
de quitter leur sécurité pour partir à la recherche du roi des Juifs ! Heureux
serons-nous si nous décidons comme eux de nous mettre en route ! Il suffit d’être
attentif aux signes de la présence de Dieu dans notre vie.
Père Bruno