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Fête du Christ Roi de l'univers - année C

24 novembre 2013

Les textes du jour (cliquez ici)

Tout au long de l’année liturgique, au fil des lectures des évangiles, nous découvrons progressivement différentes facettes du visage de Jésus, à travers des images. Cette succession d’images qui nous font entrer dans le mystère du Christ culmine dans cette image du Christ Roi, le dernier dimanche de l’année liturgique.

Prenons quelques exemples d’images :

- L’image de la lumière est très parlante lorsque Jésus dit : "Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie." (Jn 8,12). Nous faisons quotidiennement l’expérience de la nécessité de la lumière pour vivre : sans la lumière nous ne voyons rien. Aussi nous pouvons nous demander : qu’est-ce que cela signifie pour moi aujourd’hui le fait que Jésus soit ma lumière ? Qu’est ce qu’il me permet de voir ?

- L’image du berger, le bon pasteur. Nous pouvons nous représenter un berger qui prend soin de son troupeau, le protège des adversaires, le conduit là où la nourriture est abondante. Qu’est ce que cela signifie pour moi aujourd’hui, le fait que Jésus soit mon berger ?

- L’image du chemin ou celle de la porte. Où Jésus veut-il me faire entrer ?

- L’image de l’agneau…

Après bien d’autres images encore nous contemplons l’image de roi, qui achève et couronne toute l’année liturgique. Comme évangile de cette solennité, on aurait pu s’attendre au récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, acclamé par la foule. Mais non, nous lisons dans l’évangile de Luc le récit de Jésus crucifié. On comprend alors pourquoi la représentation de Jésus comme roi arrive seulement à la fin : il fallait être sûr qu’on ne projetterait pas sur Jésus des images trop humaines de la royauté, une conception de la royauté marquée par le pouvoir. Jésus n’est pas roi à la manière humaine, il est le roi-serviteur, un roi agneau immolé.

Dans l’exercice de la royauté comme de toute responsabilité sur les hommes, la tentation de profiter du pouvoir et d’en abuser pour son propre compte est toujours présente. Même le bon roi David, qui aimait le Seigneur et chantait ses louanges, a succombé par deux fois dans l’exercice de sa royauté en abusant de son pouvoir (il prend la femme d’Urie, l’un de ses officier, puis le recensement qui est symboliquement une façon de s’approprier le peuple qui lui est confié et qui en réalité est le peuple de Dieu)

Jésus lui-même fut tenté par Satan sur la question du pouvoir au terme des quarante jours qu’il passa au désert :

« Le démon l'emmena alors plus haut, et lui fit voir d'un seul regard tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m'appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras. » (Luc 4, 5-8)

Il sera tenté à nouveau sur la croix, cette fois par les hommes : les chefs des prêtres, les soldats romains, et l’un des deux larrons. Tous voudraient que Jésus mette en œuvre sa puissance divine, comme lorsqu’il faisait des miracles, pour se sauver lui-même : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Elu ! » ; « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

Non, Jésus n’est pas roi pour son propre compte, pour en tirer un avantage et sauver sa peau. Il est la lumière qui descend au plus profond des ténèbres humaines, il est le berger qui donne sa vie pour ses brebis, il est l’agneau immolé sur la croix, il est le roi dépouillé, humilié, serviteur. Lorsqu’aujourd’hui des innocents meurent dans des conditions tragiques, victimes de catastrophes naturelles ou de violence humaine, il n’est pas étonnant d’entendre dire : « si Dieu existait, il ne permettrait pas cela ! ». Il y a toujours quelque chose de scandaleux dans la souffrance de l’innocent. On voudrait que Dieu interviennent tout de suite avec puissance pour arrêter le mal. La croix est un mystère qui nous dépasse.

Nous découvrons dans le dialogue des deux larrons crucifiés à droite et à gauche de Jésus deux manières de prier : l’un prie pour sauver sa peau et celle des autres (pour échapper à la croix), l’autre prie en reconnaissant sa faute et accueille le salut (en passant lui-même par la croix).

Michel Lovey