Cinquième dimanche du Carême - année B
22 mars 2015
Les
textes du jour
Quelques
Grecs firent cette demande à Philippe, l’un des apôtres : « Nous voudrions
voir Jésus. » Qui aujourd’hui ferait cette même demande ? Sans doute que
personne aujourd’hui n’aurait l’idée d’aller trouver un homme d’Église pour
demander à voir Jésus. Et pourtant nous sommes certainement nombreux à partager
ce désir. Sommes-nous contraints à y renoncer, puisque seuls ceux qui ont vécu
il y a deux mille ans en Palestine ont eu la chance de le voir ? Mais
qu’ont-ils donc vu ces Grecs qui ont approché Jésus ? Un homme qui
enseignait, guérissait et faisait des miracles. Ont-ils vraiment vu qui est
Jésus ?
La
réponse très étonnante, voire décalée, de Jésus, lorsque les apôtres lui
rapportent la requête des Grecs, nous suggère que nous sommes peut-être mieux
placés que ces Grecs pour « voir » Jésus. En effet, il leur déclare :
« L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié […] si le grain de
blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne
beaucoup de fruit. » Puis il parle du don de sa propre vie et de celle de
tout homme qui accepte de se détacher de sa vie en ce monde et la garder pour
la vie éternelle.
Jésus
signifie par là que sa glorification est toute proche et qu’elle se réalise
dans sa mort et sa résurrection, un événement qui révélera qui est vraiment
Jésus. Jusque là, les gens avaient pris Jésus pour un prophète, un guérisseur,
etc… On ne connait pas vraiment ce qu’est un grain de blé tant qu’on n’a pas vu
un épi, car l’épi est déjà inscrit dans le grain, mais tant que le grain n’a
pas été semé, impossible d’en voir les fruits. Or les fruits produits par le
don de la vie d’un seul homme, Jésus, c’est toute l’Église qui ne cesse de se
déployer. Le germe divin qui est à son origine n’a pas fini de dévoiler ce
qu’il contenait en puissance. Donc ne peut-on pas dire nous sommes mieux placés
que les Grecs pour « voir » Jésus. C’est en regardant l’Église
aujourd’hui que l’on voit vraiment Jésus. Et puisque nous sommes les propres
fruits de ce grain de blé tombé en terre, nous contribuons aussi à le révéler,
par le don de notre propre vie. Car cela fait deux mille ans que les épis
poussent et l’Église ne cessent de grandir et de porter du fruit en multipliant
à l’infini le grain de blé originaire tombé en terre sur la croix.
Nous
pouvons entonner ce chant bien connu :
Je veux voir Dieu
Le voir de mes yeux
Joie sans fin des bienheureux
Je veux voir Dieu
P. Michel