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Deuxième dimanche de Carême - année C

24 février 2013

Les textes du jour (cliquez ici)

L’Évangile de dimanche dernier – les tentations de Jésus au désert – et celui d’aujourd’hui sont comme les deux facettes d’une même réalité, les deux visages de Jésus. Dans sa rencontre avec le démon, Jésus manifeste son visage humain. Il démasque les ruses du tentateur en remettant toutes choses entre les mains de son Père et c’est sur ce chemin qu’il nous entraîne à sa suite. Lorsqu’il est transfiguré sur la montagne, son visage apparaît tout autre. C’est celui du Fils aimé du Père que le Père nous donne à écouter.

Si le récit de la transfiguration s’apparente à une théophanie – une manifestation de Dieu comme l’Ancien Testament en relate à plusieurs reprises –, il décrit d’abord une intimité : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques ». Cette expression « prit avec » traduit le désir de Jésus de faire entrer ces trois disciples dans l’intimité de sa relation avec son Père, avec les grands croyants qui l’ont annoncé : Moïse qui a donné la Loi et Elie le plus grand des prophètes.

 Dans cette intimité, les disciples découvrent par anticipation ce qui va arriver à Jésus. Celui-ci parle avec Moïse et Elie de son départ – littéralement de son exode – pour Jérusalem. Son exode sera sa passion et sa mort qu’il vient d’annoncer à ses disciples avant ce récit (Luc 9,22). La blancheur éclatante de ses vêtements manifeste que cet exode le conduira à la résurrection. Et puisque le récit se termine par cette invitation du Père à écouter son Fils, c’est donc que ce qui concerne le Fils nous concerne également.

Avec le Christ, nous sommes appelés à vivre cet exode en vue de notre propre résurrection. C’est ce que Paul affirme : « Le Seigneur Jésus transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (2ème lecture). Alors que le premier dimanche de carême nous faisait prendre conscience que notre vie est un combat dont nous sommes victorieux avec le Christ, le deuxième dimanche de carême nous révèle le terme de notre vie : être ressuscité avec le Christ. Les dimanches suivants nous apprendront à vivre cet exode.

Comment ne pas se laisser émouvoir par l’appel de Paul qui, en pleurant, nous met en garde de ne pas être un ennemi de la croix, c’est-à-dire de ne pas mettre notre gloire dans notre ventre, dans les choses de la terre (cf. 2ème lecture). Nous sommes appelés à lever les yeux, à regarder notre vie dans l’espérance que Dieu lui donne et à engager notre existence en fidélité à cette espérance. C’est bien l’expérience que vit Abraham. Dieu lui demande de regarder le ciel, de regarder ce qu’il veut pour lui : une descendance aussi nombreuse que les étoiles, une fécondité qui n’a pas de limites.

La première lecture insiste bien davantage sur la gratuité de cette promesse que sur la promesse elle-même qui est déjà acquise. C’est gratuitement que Dieu nous fait entrer en alliance avec lui. C’est le sens de ce rite qui peut nous paraître étrange auquel se soumet Abraham. Il s’agit d’un rite courant dans l’ancien Orient. Selon l’usage, après avoir partagé en deux moitiés les animaux pour le sacrifice, les partenaires qui voulaient contracter une alliance passaient au milieu des animaux partagés.

Ce rituel avait force d’engagement dont la rupture devenait une malédiction : si je viens à rompre l’Alliance, que m’advienne le même sort qu’à ces animaux. Mais de façon étonnante Dieu seul passe entre les quartiers d’animaux et il ne demande pas la même chose à Abraham. Dieu fait Alliance avec l’homme sans exiger quoi que ce soit de lui car Dieu connaît son incapacité à tenir fidèlement dans cette Alliance.

Le psaume nous invite à rendre grâce pour cette espérance que Dieu inscrit dans notre vie : « Espère le Seigneur, soit fort et prend courage ; espère le Seigneur ». Il nous appartient, comme Abraham, d’avoir foi en Dieu, de lui redire toute notre confiance. Les lectures de ce dimanche sont pour nous l’occasion de réentendre le grand projet d’amour que Dieu veut pour tout homme et qui se réalise par la mort est la résurrection du Christ. Il dépend simplement de notre côté d’avoir foi en Dieu et d’écouter son Fils.

Voilà qui peut donner la manière de vivre cette deuxième semaine de carême : demander à Dieu d’augmenter en nous la foi, de croire avec tout notre cœur en la promesse de fécondité que Dieu veut réaliser en nous et avec nous. Pour cela, donnons-nous les moyens d’écouter plus intensément le Christ, soit par la méditation de la Parole de Dieu, soit par la relecture de notre quotidien sous le regard de Dieu. Écouter le Christ engage tout notre être. Ce n’est pas affaire de volontarisme mais de disposition intérieure à offrir au Christ. Aussi, comme Pierre, Jean et Jacques, laissons-nous prendre par Jésus et avec lui, entrons dans sa prière, dans son intimité avec le Père.

Père Bruno