Premier dimanche du Carême - année B
22 février 2015
Les
textes du jour
Si nous avions à résumer d’un seul mot les
lectures de ce premier dimanche de carême, ce serait celui d’ « Alliance ».
Dans la première lecture, c’est par cinq fois qu’est mentionnée l’Alliance
établie entre Dieu et nous. Ce récit correspond à la fin du récit mythique du
déluge. Cette image, déjà employée dans des récits contemporains à celui de la
Genèse rédigés dans le proche Orient, est reprise par les auteurs bibliques
pour exprimer le lien universel et définitif qui unit Dieu à sa création alors
que du côté de l’homme c’est toujours le mal et la violence qui remplit l’humanité.
Le texte qui précède celui du déluge est le meurtre d’Abel par son frère Caïn
(Genèse 4).
Toute l’histoire biblique est l’histoire de
l’Alliance entre Dieu et les hommes, Alliance qui culmine dans la nouvelle Alliance
scellée par le sang de Jésus Christ. Nous sommes donc invités à vivre ce carême
comme un approfondissement de ce lien indéfectible qui nous unit à Dieu. Bien
que pécheurs – nous pourrions ajouter inlassablement pécheur
– Dieu veut se souvenir de son Alliance. Non pas que Dieu puisse l’oublier mais
c’est une façon de dire la fidélité de Dieu à sa promesse. C’est dans ce sens
que Dieu répétera souvent à son peuple : « Souviens-toi que je suis le Seigneur ton Dieu ».
Nous souvenir à notre tour de cette Alliance,
c’est vivre chaque jour comme une rencontre personnelle, un lien d’amour
toujours nouveau, entre Dieu et nous. Dans toute Alliance, il y a un engagement
des deux parties. Dieu s’est engagé une fois pour toutes avec l’humanité. C’est
lui qui prend l’initiative de nouer entre l’humanité et lui « un lien si fort que rien ne pourra de le
défaire » (Préface de la Prière Eucharistique pour la Réconciliation
n° 1). L’homme, par contre, est toujours en prise avec son infidélité. Le péché
exprime la rupture de cette Alliance. Tous les sacrements, dont principalement ceux
de la réconciliation et de l’eucharistie, réalisent cette Alliance en nous. Les
vivons-nous ainsi ?
C’est ce que Pierre exprime dans sa première
lettre en parlant du déluge : « C’était
une figure du baptême qui vous sauve maintenant : le baptême ne purifie pas de
souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience
droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ » (2ème lecture).
Nous pouvons trouver à travers ces mots un axe pour vivre ce temps du carême.
Il ne s’agit pas de vouloir faire des efforts méritoires mais de s’engager
concrètement envers Dieu et de vivre du salut offert par la résurrection du
Christ.
C’est à chacun de trouver des moyens simples
et réalistes qui expriment cet engagement quotidien envers Dieu. La prière, l’aumône
et le jeûne que l’Evangile du mercredi des Cendres évoquait sont trois axes au
service de la vitalité de cette Alliance avec Dieu, dans la relation aux autres
et à soi. Vivre dès maintenant de la résurrection du Christ, c’est nous unir
chaque jour davantage à lui. C’est laisser sa vie nourrir et transformer la
nôtre pour qu’elle devienne Alliance avec Dieu. En effet la fidélité parfaite
du Christ à son Père nous fait entrer dans une plus grande fidélité avec Dieu
puisque de notre côté il y a toujours le péché qui rôde. « Votre adversaire, le diable, comme un lion
rugissant, rôde, cherchant qui dévorer » (1 Pierre 5,8).
C’est ce que Marc décrit à travers le récit
des tentations. À la différence de Matthieu et de Luc, il ne s’attarde pas sur
le contenu des tentations mais, de façon très sobre, il mentionne que Jésus,
poussé au désert par l’Esprit, reste quarante jours, tenté par Satan. Si le
désert est « le pays de la nuit
noire » (Jérémie 2,31), Jésus y apprend la confiance à son Père,
fortifiée par l’Esprit. C’est ainsi qu’il restaure la création marquée par le
péché.
Marc le signifie en écrivant que Jésus « vivait parmi les bêtes sauvages, et les
anges le servaient » (Evangile). C’est une façon de dire que toute la
création vit désormais pleinement l’Alliance avec Dieu, y compris les animaux.
C’est bien de cette Alliance dont Dieu parlait déjà dans le récit du déluge. C’est
pourquoi « les temps sont accomplis »
(Evangile). En Jésus Christ, toute la création, y compris le temps, trouve son
accomplissement puisqu’en lui toute chose vit une juste relation avec Dieu.
Mais il dépend toujours de nous de le
vouloir, de nous convertir, c’est-à-dire de nous décider à engager notre vie
comme une réponse d’Alliance à l’amour dont Dieu nous aime. C’est cette grâce
que nous pouvons demander à Dieu pour vivre ce carême. C’est le sens de la
prière que nous avons faite au début de la messe : « Accorde-nous, Dieu tout-puissant, tout au
long de ce carême, de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de
nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle » (oraison
du 1er dimanche de carême).
Père Bruno