Fête du Baptême du Seigneur - année C 10 janvier 2010
Les
textes du jour
C'est dans la lettre de Paul à Tite que nous
trouvons une des clés pour comprendre le sens de la fête du baptême de Jésus :
« Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa
bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. » Qu'est-ce à
dire que Dieu nous ait sauvés ? Notons au passage que le verbe est conjugué au
passé et non au futur, c'est-à-dire que cette action de Dieu est déjà réalisée.
Saint-Paul ajoute qu'il nous a sauvés non pas à cause d'actes méritoires que
nous aurions accomplis, mais dans sa miséricorde.
Être sauvé, c'est vivre de la vie même de
Dieu qui nous pardonne notre péché, nous rachète de toutes nos fautes en se
donnant à nous par Jésus-Christ ; c'est vivre en hommes raisonnables, justes et
religieux dès maintenant, tendus vers le bonheur que Dieu nous promet (cf. 2ème
lecture). C'est pourquoi Dieu lui-même invite Isaïe à consoler son peuple car
voici que Dieu vient à nous avec la puissance de son amour et la victoire de sa
miséricorde. Désormais il nous « porte
sur son cœur » (1ère lecture). En écho avec Paul et Isaïe, nous pouvons
donc affirmer avec certitude : du côté de Dieu, notre salut nous est acquis définitivement
par l'offrande du Christ. Et du côté de l'homme ?
Saint Luc mentionne que le peuple est en
attente (cf. Evangile). Il attend le salut promis : « Seigneur, j'attends de toi le salut » (Ps 118,166). L'appel à la
conversion adressée par Jean-Baptiste, son souci de proclamer dans le désert
des cœurs une Bonne Nouvelle font que naturellement les gens l'écoutent et sont
prêts à le suivre. Mais Jean-Baptiste désigne le Messie : « lui baptisera dans
l'Esprit Saint et le feu ». Le don de l'Esprit Saint par le baptême réalise
l'attente du peuple et fait entrer dans le salut voulu par Dieu pour tous les
hommes. « Par le bain du baptême, il nous
a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint » (2ème lecture).
Pour comprendre cela, il nous est donné de
contempler le baptême de Jésus. Saint Luc mentionne deux temps à la fois
distincts et unis. Le premier est tout juste évoqué : « après avoir été baptisé lui aussi ». On imagine sans peine Jésus,
discret et incognito dans la foule des pêcheurs, s'avançant jusqu'à Jean pour
se faire baptiser. Le baptême donné par Jean était en vue de la conversion et
du pardon des péchés (cf. Mt 3,11 ; Mc 1,4). Il est évident que Jésus n'avait
pas besoin de ce baptême mais il manifeste ainsi sa solidarité avec le peuple,
avec tous les hommes. En devenant l’un de nous, Jésus épouse tous les traits de
l'humanité et rejoint tout homme jusque dans son péché.
Saint Luc s'attarde davantage sur le second
temps : Jésus prie, le ciel s'ouvre et l’Esprit Saint descend sur lui, la voix
du Père se fait entendre. Ces détails sont des allusions à la mémoire du peuple
d'Israël, et les symboles tiennent une place prépondérante. Les cieux qui
s'ouvrent expriment chez Isaïe l'intervention de Dieu, qui promet une nouvelle
intimité entre lui et les êtres humains. L'Esprit qui descend comme une colombe
se retrouve déjà dans la Genèse quand l'Esprit de Dieu planait sur les eaux. Il
en est de même pour la voix, la parole, voix de Dieu lors de la première
création, parole de Dieu qui crée Adam, parole de Dieu qui présente en Jésus
une création nouvelle : « C'est toi mon
Fils bien aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour ». Ces paroles sont la
réponse du Père à la prière de Jésus.
Elles ne sont pas seulement adressées à
Jésus mais également à chacun de ses enfants pour qui le Fils unique a donné sa
vie. Ainsi le baptême est une invitation au dialogue avec ce Dieu qui nous
aime. Il est signe d'une alliance d'amour, la réponse à une invitation. Si tous
les hommes sont enfants de Dieu, le baptême fait de nous des fils reconnaissant
l’amour dont le Père nous aime. Il marque notre insertion dans la famille de
Dieu, dans la communion d’amour avec le Père, le Fils et l'Esprit Saint.
Si à travers le baptême il nous est donné
totalement la grâce du salut, il nous appartient par la suite d'en vivre
pleinement chaque jour. Le baptême ouvre en chacun une vie baptismale sans
laquelle le don de Dieu reste comme étouffé. Cette vie s’appuie sur la
confiance que Dieu me fait – je suis fils de Dieu – pour traduire en actes son
amour en construisant un monde de justice – je deviens frère des hommes –. Ainsi, peu à peu notre vie devient « une éternelle offrande à la gloire de Dieu
» en servant nos frères (cf. Prière Eucharistique III). Le baptême fait de
notre vie une Alliance avec le Père et les hommes, unis au Christ et habités
par l'Esprit. Au quotidien, cette alliance a besoin d'être nourrie par
l'eucharistie et renouvelée par la réconciliation.
Que nous puissions rendre grâce pour notre
baptême, et entendre au plus intime de nous-mêmes cette voix qui retentit : « c'est toi mon fils (ma fille) bien-aimé ; en
toi et j'ai mis tout mon amour ».
Père Bruno