Quatrième dimanche de l'Avent 18 décembre 2011
Les textes du jour
Il suffit de quelques mots de salutation de
la part de l'ange pour que Marie soit toute bouleversée. « Je te salue, comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi ». « Je te salue » exprime littéralement une
invitation à la joie : « Réjouis-toi ». Lorsque Dieu visite l'homme, il
lui promet la joie – cette joie donnée par la grâce, par l’amour gratuit de
Dieu dont nous sommes comblés – et la fidélité de Dieu à nos côtés : « Le Seigneur est avec toi ».
Ces mots sont à la fois tout simples et
disent la joie de Dieu de venir à notre rencontre. Avons-nous cette
disponibilité du cœur comme Marie le manifeste : elle se laisse toucher, troubler,
bouleverser par la visite de Dieu dans sa vie. Comment pourrait-il en être
autrement dans notre vie, sauf si nous essayons de vérifier si c’est bien Dieu,
si nous ne nous trompons pas. Marie se demande ce que pouvait signifier cette salutation
non pas qu’elle doute que ce soit bien l’envoyé de Dieu qui s'adresse à elle,
mais dans un souci d'être totalement ajustée à cette rencontre, comme elle le
demande un peu plus tard : « Comment cela
va-t-il se faire ? »
Si le projet de Dieu qui se réalise en Marie
est unique, c'est de la même manière que Dieu appelle chacun d'entre nous à
participer à la réalisation de son projet de salut pour tous les hommes. Marie
n'a pas une compétence ou un privilège qui la mettrait à part, elle est
simplement totalement ouverte et disponible à l'action de Dieu en elle et à
travers elle. Cette attitude intérieure qu'elle manifeste grâce à sa conception
immaculée, tout croyant est appelé à y tendre par toute sa vie.
Nous pouvons dire que ce quatrième dimanche
de l’Avent est le dimanche de l'ajustement : se tourner résolument vers Dieu
pour lui offrir notre disponibilité. Lorsque trop souvent nous voulons faire
pour Dieu, celui-ci nous appelle à le laisser faire à travers nous. C'est le
sens de la première lecture qui relate le projet de David. Tout part d'une
bonne intention. Maintenant que David est installé dans son palais à Jérusalem,
il ne supporte pas que l'arche soit simplement sous une tente. Son projet est
alors légitime et plein de bonne volonté : il veut construire une maison digne
de l'arche de Dieu pour l'abriter.
La réponse que Dieu lui fait par
l'intermédiaire du prophète Nathan est claire. Dieu commence par relater tout
ce qu'il a déjà fait pour son serviteur David : « C'est moi qui… » ; « J’ai été
avec toi... » Dieu rappelle en quelque sorte à David l'histoire de leur
relation pour conclure : « Le Seigneur te
fait savoir qu'il te fera lui-même une maison ». C'est David qui voulait
faire et c'est maintenant Dieu qui fait pour David et sa descendance, annonçant
la naissance d'un fils qui sera son messie.
Si Dieu veut réaliser son projet de salut à
travers nous, il ne le fait pas sans notre consentement. Nous découvrons alors
ce qui semble étonnant : Dieu fait le choix d'avoir besoin de nous. Assez
facilement nous entretenons une relation avec Dieu où c'est nous qui avont
besoin de lui. Dans le récit de l'Annonciation, c’est Dieu lui-même qui est
suspendu au choix de Marie. Elle ne dit pas simplement « oui », ce qui aurait
pu laisser entendre qu'elle reste propriétaire de sa réponse. Elle dit : « Que tout se passe pour moi sans ta parole »,
se présentant elle-même à l’ange comme «
la servante du Seigneur ». Telle est la juste attitude que nous sommes
appelés à vivre avec le Seigneur. Lui dire avec notre cœur : « je suis ton serviteur, que tout se passe
pour moi selon ta parole ».
Marie ne demande pas de garantie mais elle
exprime sa confiance en ce que l’ange lui a dit. Élisabeth dira d’elle dans le
récit la Visitation qui suit celui de l’Annonciation : « Heureuse celle qui a cru en l'accomplissement des paroles qui lui
furent dites de la part du Seigneur » (Luc 1,45). Marie n'a peut-être pas
compris tout ce que l’ange lui disait et surtout que cela la conduirait au pied
de la croix, mais elle grave dans son cœur ces mots de confiance : « Sois sans crainte ».
Et nous-mêmes ? Nous aurions vite fait de
conclure que ce récit s'adresse à Marie et ne nous concerne pas. Or aujourd'hui
Dieu espère notre réponse. Nous sommes appelés nous aussi à dire « oui »,
c'est-à-dire le « oui » de Dieu, sans réserve et sans crainte puisque non
seulement le Seigneur est avec nous et nous comble de son amour, mais il ne
peut que nous appeler sur un chemin du bonheur. C'est même pour notre plus
grand bonheur qu’il nous appelle au service des hommes. Il dépend de chacun d’y
consentir de tout son cœur. Marie avait des projets humains mais elle choisit
de faire de sa vie le projet de Dieu. C’est cela dire « oui » à Dieu. Il attend
notre réponse.
Père Bruno