Troisième dimanche de l'Avent 11 décembre 2011
Les textes du jour
Nous sommes au bord du Jourdain où Jean
Baptiste, cousin de Jésus, exerce son ministère prophétique et baptise à
Béthanie. Or cette action de baptiser, si elle était classique dans un monde
juif pour signifier un appel à la repentance et la conversion des péchés, prend
en ce lieu un caractère tout à fait particulier. En effet, si l'on pouvait,
dans la tradition juive, baptiser n'importe où, il est un lieu où le fait de
baptiser prenait une signification particulière.
Ne peuvent baptiser dans le Jourdain que
trois figures de la tradition d'Israël : le Messie quand il viendra ; le
prophète Elie qui préparera la venue du Messie ; ou encore une figure complexe
appelée « le grand Prophète », figure d'un homme devant lui aussi inaugurer les
temps messianiques. On comprend mieux alors pourquoi sont envoyés depuis
Jérusalem des prêtres et des lévites qui ont pour charge d'interroger Jean
Baptiste sur son activité baptismale.
Si ne peuvent baptiser dans le Jourdain que
le Messie, ou Elie, ou le Prophète, c’est donc qu’il est l'un des trois, c'est
donc que les temps messianiques sont venus. Les prêtres et les lévites interrogent
donc Jean Baptiste à trois reprises et celui-ci déclare clairement qu'il n'est
aucun des trois. Par contre il donne sens à son geste en reprenant les paroles
du prophète Isaïe : « Je suis la voix qui crie à travers le désert ».
Plus encore, devant l'insistance de ses
interlocuteurs, Jean Baptiste précise : « Moi,
je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne
connaissez pas ». Jean-Baptiste, dans une profonde humilité, annonce ainsi le
Messie déjà présent dans le monde et qui demande à être reconnu. En effet,
Jésus ne dit jamais explicitement durant son ministère public : « Je suis le
Messie ». C'est à chacun de ses contemporains, mais aussi de nous aujourd'hui,
de le reconnaître à travers les signes qui manifestent sa présence.
Quelles sont ces signes ? C'est le prophète
Isaïe qui les énumère : « Le Seigneur m'a
envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé,
annoncer aux prisonniers la délivrance, et aux captifs la liberté » (1ère
lecture). Le Messie restaure la vie blessée par la pauvreté, la maladie,
l'enfermement. Se préparer à reconnaître le Messie dans l’enfant de la crèche,
c'est dès maintenant être des veilleurs qui préparent le chemin du Seigneur en
reconnaissant la vie qui se déploie en soi et chez les autres.
Dans son cantique d’action de grâce (lu
après la première lecture), Marie insiste sur la manière dont Dieu donne la
vie : « Il comble de bien les
affamés, renvoie les riches les mains vides ». Marie commence par
reconnaître tout ce que le Seigneur fait pour elle, son amour qui s’étend d’âge
en âge. Marie a cette très belle expression : « Il s’est penché sur
son humble servante ». Dieu se penche sur nous. Non seulement il se
penche, mais il se fait l’un de nous en Jésus Christ.
En Jésus-Christ, Dieu veut faire de nous des
vivants. Saint Paul fait ce vœu sur les croyants : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ». Être
sanctifié, c'est rayonner la sainteté de Dieu ; c’est vivre totalement de sa
vie. Paul ajoute avec certitude : « Il
est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela il l'accomplira ». Quand
il nous arrive de nous sentir propriétaire de notre vie, ce troisième dimanche
de l’Avent est une invitation à reconnaître que la vie nous vient de Dieu, donnée
gratuitement.
Dès maintenant, quelle est notre mission de
disciple du Christ ? Dans l'Évangile d’aujourd'hui, les mots « témoin » et
« témoignage » reviennent quatre fois dans les quatre premières phrases. Ils
sont attribués à Jean. Sa mission est de rendre témoignage à la Lumière. C'est
à cette mission que nous sommes appelés. Témoigner par toute notre vie de la
Lumière qui éclaire tout homme, qui éclaire la vie souvent captive du péché et
de l'enfermement qui est en chacun.
Bien souvent nous contribuons au contraire à
étouffer la vie qui est en l’autre par nos jugements, nos préjugés. Et si nous
choisissions de témoigner de la lumière, de la beauté qui est en chacun. Jésus
lui-même, qui passait en faisant le bien (cf. Ac 10,38), a vécu ainsi, sans
relâche et sans hésitation. Croire en la lumière qui est en soi, qui est en
tout autre, n’est-ce pas cela qui est
source de joie et d'action de grâce « en toutes circonstances » (2ème lecture). Voilà « ce que Dieu attend de nous dans le Christ
Jésus ». Voilà qui nous préparera de façon sûre à la fête de Noël.
Père Bruno