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Troisième dimanche de l'Avent - année A

15 décembre 2013

Les textes du jour (cliquez ici)

Du fond de sa prison, Jean-Baptiste s'interroge. Son cousin Jésus est-il bien le Messie attendu, celui dont il avait dit : « Il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé » (Evangile de dimanche dernier). Ce qu'il entend dire de Jésus ne correspond pas tout à fait à l'image qu'il s'était fait du Messie. Le prophète Isaïe avait pourtant parlé de la « vengeance qui vient », de la « revanche de Dieu » (cf. 1ère lecture). D'où son questionnement : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Mais Dieu ne se venge pas sur les personnes et sa revanche est celle sur le mal. Dieu veut en finir une fois pour toutes avec le mal mais la manière dont il s'y prend peut nous dérouter. Dieu combat le mal par le feu de l'amour et c'est ainsi qu'il restaure la vie dans sa vraie dimension. « Allez rapporter à Jean ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent... » Jésus, en citant Isaïe, atteste que les miracles qu'il accomplit sont bien le signe qu'il est l’Envoyé de Dieu, le Messie attendu.

Il aurait été sans doute plus simple, à nos yeux, que Jésus dise à Jean-Baptiste : « Je suis bien le Messie que tu as annoncé ». Mais la reconnaissance de l'action de Dieu se révèle toujours à travers les signes que Dieu nous donne et non à travers une vérité à apprendre. La réponse que Jésus fait à Jean nous provoque aussi à relire les signes de la présence de Dieu dans notre quotidien. Ne pas prendre du temps pour repérer cette action de Dieu aujourd'hui, c'est refuser l’inattendu de Dieu et le chercher là où il n'est pas.

Le temps de l’Avent est ce temps liturgique qui nous rappelle l'importance de la relecture régulière de notre vie, sinon nous perdrons patience et nous ne réalisons pas que « la venue du Seigneur est proche » (2ème lecture). Relire sa vie, c’est être attentif à la vie qui se déploie en soi et chez les autres, en reconnaissant que l’auteur de cette vie est Dieu lui-même. Cela n'a rien à voir avec une vision comptable des choses : « j'ai bien fait » et « j'ai mal fait ». Car Dieu se manifeste bien souvent d'une manière que l'on n’attendait pas.

C'est ce que Jésus dit lorsqu'il commente la figure de Jean après que ses envoyés se soient retirés. C'est de lui qu'il est écrit : « Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi ». Citant, entre autres, le prophète Malachie, Jésus affirme que Jean est bien Elie qui doit venir (cf. Matthieu 11,14). Or l'envoyé dont parle Jésus pour qu'il prépare le chemin est en prison. Celui qui est bien plus qu'un prophète va subir dans peu de temps le martyre. L'arrestation de Jean Baptiste préfigure celle de Jésus dans quelques années : la revanche de Dieu se réalise par l'offrande de son Fils par amour des hommes. Voilà la manière de faire de Dieu.

Et notre étonnement ne devrait pas s’arrêter là puisque dans le royaume des cieux, le plus petit est plus grand que Jean Baptiste. La notion de comparaison (« plus petit », « plus grand ») n'est pas entendre selon une échelle de valeurs. Le petit, dans l'Évangile de Matthieu, correspond à la figure du disciple : « Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Matthieu 25,40). Ainsi donc aussi grand que soit Jean Baptiste dans sa mission d'annoncer le Messie, ce qui donne à l'homme sa vraie grandeur c'est de suivre le Christ.

Ce troisième dimanche de l'Avent est appelé habituellement le dimanche de la joie. Nous pouvons être dans la joie car ce n'est pas d'en faire beaucoup qui compte pour Dieu ou d'avoir une mission extraordinaire. Le désir de Dieu est que nous mettions nos pas dans ceux du Christ pour que nous puissions vivre de la vie même de Dieu. Cela suppose notre part que nous nous laissions dérouter par la façon dont le Seigneur vient à nous. Jean Baptiste, du fond de sa prison, s'imagine peut-être que le Messie viendra le libérer mais ce n'est pas ainsi que Dieu s’y prend. Jean Baptiste est ramené à la confiance qu'il a en Jésus, en acceptant d'être attentif aux signes. Jean Baptiste est grand non pas par sa prédication mais par sa confiance.

L’Avent est ce temps qui nous est donné pour entrer nous-mêmes peu à peu dans cette attitude : faire confiance en la réalisation de ce que Dieu a promis, même si cela passe bien souvent par des moyens qui ne seraient pas les nôtres. C'est en acceptant de ne pas vouloir tout maîtriser et en faisant simplement confiance au Christ que, devenant alors petits, nous serons grands dans le Royaume des cieux.

Père Bruno