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Premier dimanche de l'Avent - année A

1er décembre 2013

Les textes du jour (cliquez ici)

Jésus nous parle de son avènement, de son retour. Une lecture rapide de cet évangile pourrait laisser croire que cet avènement se fera de façon soudaine, opérant un tri qui, de l'extérieur, semble arbitraire : l'un est pris et l'autre laissé. Ce sera comme au temps de Noé où les gens mangeaient, buvaient, se mariaient et ont tous été engloutis sans se douter de rien.

C'est vrai ! Les signes que Dieu donne sont toujours inattendus et l’enseignement de Jésus est là non seulement pour que nous ne soyons pas surpris mais surtout que nous puissions apprendre à reconnaître ces signes. Quand Jésus mentionne les gens à l'époque de Noé, ils ne faisaient ni rien de mal, ni rien d'exceptionnel. Mais ils ne se doutaient de rien et vivaient sans doute dans une certaine insouciance, sans être attentifs à Noé qui entrait dans l'arche. Jésus nous met en garde : il s'agit de prendre notre vie au sérieux, le cœur ouvert à l’inattendu de Dieu.

En effet, ce qui distingue les deux hommes aux champs ou les deux femmes au moulin, ce n'est pas quelque chose d'extérieur, ce n'est pas ce qu'ils font, mais la façon dont leur cœur est en éveil et se tient disponible. Jésus n'insiste-t-il pas : « Veillez ! » « Tenez-vous prêts ! » En même temps comment tenir éveillé avec l'impression que rien ne vient ? Nous faisons tous l’expérience de nous laisser absorber par tout ce qu'il faut faire, avec ce sentiment que parfois les choses nous submergent. Nous ne sommes plus alors disponibles pour reconnaître la présence de Celui qui est déjà là.

Le temps de l'Avent nous invite à faire silence pour être attentif à cette présence. Il est une invitation à comprendre que dans le quotidien de nos occupations, Dieu ne cesse de nous signifier son amour. Ce temps liturgique est comme une préparation à la visite de Dieu dans nos vies. La certitude de sa présence ne devrait-elle pas nous aider à voir le monde avec des yeux différents ? Ne devrait-elle pas nous aider à considérer toute notre existence comme une visite, comme une façon dont il veut venir à nous et devenir proche de nous, en toute situation ?

Et cela commence sans doute par notre manière de nous laisser visiter et de visiter nos frères. Notre cœur reste-t-il ouvert à toute rencontre ? Nous savons combien il est difficile d'être disponible à chacun et parfois nous-mêmes refusons la disponibilité que d'autres nous offrent. Et si nous vivions ce temps de l'Avent qui commence comme une occasion de nous visiter les uns les autres différemment ! Spontanément nous allons vers ceux que nous connaissons, qui nous ressemblent, voire même qui nous flattent. Et si nous prenions la décision d'aller au devant de ceux qui nous surprennent, peut-être même nous agacent. C'est à cette condition que nous serons capables de reconnaître dans l'enfant de la crèche le Sauveur du monde.

Osons vivre davantage nos visites comme la visite même de Dieu. Quand quelqu’un d’important vient nous visiter, et plus encore si nous sommes attachés à lui, nous faisons tout pour être prêts, et nous préparer à cette rencontre. Nous sommes même impatients et guettons sa venue. « Veillez ! » « Tenez-vous prêts ! » Dieu n’aurait-il pas cette importance pour nous ? Le temps de l'Avent est un temps pour se préparer le cœur.

Nous pouvons demander au Seigneur les uns pour les autres la grâce de l'émerveillement. Ainsi nous pourrons aller au-devant des autres, émerveillés par ce qu'ils sont et non par ce qu'ils font. C'est ainsi que Dieu vient au-devant de nous. C'est ainsi que nous pourrons le reconnaître présent dans notre quotidien, avec un cœur capable de se réjouir de la richesse qu'il y a en tout autre. Il n'est jamais trop tard pour commencer.

Saint Paul nous assure que le moment est favorable pour rejeter « les activités des ténèbres » et nous revêtir « pour le combat de la lumière ». Isaïe nous invite à marcher « à la lumière du Seigneur » Quelle est la lumière qui nous guide dans notre quotidien ? Paul ajoute : « Revêtez le Seigneur Jésus Christ ». Vivons ce temps de l'Avent comme une occasion de revêtir davantage le Christ, de nous aider à le revêtir en communauté. Le revêtir, c'est-à-dire non seulement de grandir en amitié avec lui, mais de lui laisser peu à peu la première place dans notre vie. Et ainsi nous ne nous laisserons pas surprendre.

Père Bruno