Premier dimanche de l'Avent 28 novembre 2011
Les textes du jour
Jésus nous parle de son avènement, de son
retour. Une lecture rapide de cet évangile pourrait laisser croire que cet
avènement se fera de façon soudaine, opérant un tri qui, de l'extérieur, semble
arbitraire : l'un est pris et l'autre laissé. Ce sera comme au temps de Noé où
les gens mangeaient, buvaient, se mariaient et ont tous été engloutis sans se
douter de rien.
C'est vrai ! Les signes que Dieu donne sont
toujours inattendus et l’enseignement de Jésus est là non seulement pour que
nous ne soyons pas surpris mais surtout que nous puissions apprendre à
reconnaître ces signes. Quand Jésus mentionne les gens à l'époque de Noé, ils
ne faisaient ni rien de mal, ni rien d'exceptionnel. Mais ils ne se doutaient
de rien et vivaient sans doute dans une certaine insouciance, sans être
attentifs à Noé qui entrait dans l'arche. Jésus nous met en garde : il s'agit
de prendre notre vie au sérieux, le cœur ouvert à l’inattendu de Dieu.
En effet, ce qui distingue les deux hommes
aux champs ou les deux femmes au moulin, ce n'est pas quelque chose
d'extérieur, ce n'est pas ce qu'ils font, mais la façon dont leur cœur est en
éveil et se tient disponible. Jésus n'insiste-t-il pas : « Veillez ! » « Tenez-vous
prêts ! » En même temps comment tenir éveillé avec l'impression que rien ne
vient ? Nous faisons tous l’expérience de nous laisser absorber par tout
ce qu'il faut faire, avec ce sentiment que parfois les choses nous submergent.
Nous ne sommes plus alors disponibles pour reconnaître la présence de Celui qui
est déjà là.
Le temps de l'Avent nous invite à faire
silence pour être attentif à cette présence. Il est une invitation à comprendre
que dans le quotidien de nos occupations, Dieu ne cesse de nous signifier son
amour. Ce temps liturgique est comme une préparation à la visite de Dieu dans
nos vies. La certitude de sa présence ne devrait-elle pas nous aider à voir le
monde avec des yeux différents ? Ne devrait-elle pas nous aider à considérer
toute notre existence comme une visite, comme une façon dont il veut venir à
nous et devenir proche de nous, en toute situation ?
Et cela commence sans doute par notre
manière de nous laisser visiter et de visiter nos frères. Notre cœur reste-t-il
ouvert à toute rencontre ? Nous savons combien il est difficile d'être
disponible à chacun et parfois nous-mêmes refusons la disponibilité que
d'autres nous offrent. Et si nous vivions ce temps de l'Avent qui commence comme
une occasion de nous visiter les uns les autres différemment !
Spontanément nous allons vers ceux que nous connaissons, qui nous ressemblent,
voire même qui nous flattent. Et si nous prenions la décision d'aller au devant
de ceux qui nous surprennent, peut-être même nous agacent. C'est à cette
condition que nous serons capables de reconnaître dans l'enfant de la crèche le
Sauveur du monde.
Osons vivre davantage nos visites comme la
visite même de Dieu. Quand quelqu’un d’important vient nous visiter, et plus
encore si nous sommes attachés à lui, nous faisons tout pour être prêts, et
nous préparer à cette rencontre. Nous sommes même impatients et guettons sa
venue. « Veillez ! » « Tenez-vous prêts ! » Dieu n’aurait-il
pas cette importance pour nous ? Le temps de l'Avent est un temps pour se
préparer le cœur.
Nous pouvons demander au Seigneur les uns
pour les autres la grâce de l'émerveillement. Ainsi nous pourrons aller
au-devant des autres, émerveillés par ce qu'ils sont et non par ce qu'ils font.
C'est ainsi que Dieu vient au-devant de nous. C'est ainsi que nous pourrons le
reconnaître présent dans notre quotidien, avec un cœur capable de se réjouir de
la richesse qu'il y a en tout autre. Il n'est jamais trop tard pour commencer.
Saint Paul nous assure que le moment est
favorable pour rejeter « les activités
des ténèbres » et nous revêtir « pour
le combat de la lumière ». Isaïe nous invite à marcher « à la lumière du Seigneur » Quelle est la
lumière qui nous guide dans notre quotidien ? Paul ajoute : « Revêtez le Seigneur Jésus Christ ».
Vivons ce temps de l'Avent comme une occasion de revêtir davantage le Christ,
de nous aider à le revêtir en communauté. Le revêtir, c'est-à-dire non
seulement de grandir en amitié avec lui, mais de lui laisser peu à peu la
première place dans notre vie. Et ainsi nous ne nous laisserons pas surprendre.
Père Bruno