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 Premier dimanche de l'Avent

 Année B              27 novembre 2011

« Reviens, par amour de tes serviteurs. » Voilà le cri adressé par Isaïe dans la première lecture, suite à ce constat dramatique : le Seigneur nous laisse errer hors de son chemin. Dieu aurait-il oublié son peuple ? C'est peut-être ce même cri qui peut retentir dans notre prière. Face à la vie de notre monde marqué par la crise, la précarité grandissante, toutes sortes de questions sur l'avenir, face à la souffrance qui peut nous surprendre de plein fouet, que fait Dieu, où est-il ?

Est-ce au Seigneur de revenir à nous ou à nous de revenir à lui ? Ce temps de l'Avent qui commence aujourd'hui est un temps donné pour revenir de tout notre cœur vers Dieu. Si le carême est destiné avant tout à la conversion, l'Avent est d'abord l’occasion d’une attitude à creuser ; celle de se rendre disponible à celui qui vient et que nous célébrerons la nuit de Noël.

Comme le dit encore Isaïe : « Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie ». Revenir à Dieu, c’est revenir à son frère, c'est renoncer à se centrer sur soi et tout mettre en œuvre afin que notre prochain vive. Isaïe affirme que « nous serons sauvés », mais n'imaginons pas que ce salut soit automatique ! Confesser Dieu comme notre Père, c’est reconnaître que nous sommes l'argile, ouvrage de ses mains, que nous avons à laisser Dieu nous façonner, nous modeler. Or bien souvent nous préférons nous façonner tout seul, d'où ce sentiment que Dieu est absent.

Comment s'assurer que nous nous laissons travailler par le Seigneur ? En tenant à la fois l'espérance en Dieu et la pratique de la charité. N’est-ce pas cela veiller ! Cette attitude que l'Évangile nous invite à développer en ce premier dimanche de l'Avent témoigne de notre attente du Christ. Saint Paul ne dit pas autre chose lorsqu'il déclare : « Aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ » (2ème lecture). Demander au Seigneur de revenir, c'est attendre sa venue, c'est attendre de voir se révéler le Christ.

Pour veiller, il est nécessaire de croire que quelqu'un va venir, même à l'improviste. Avons-nous le désir du retour du Christ ou bien renvoyons-nous la réalisation de cette certitude de foi dans un temps qui n'est pas la nôtre ? Trop souvent nous vivons comme si nous n'attendions pas vraiment le retour du Christ, ce qui nous permet de vivre selon notre seule volonté.

Mais veiller, c’est également veiller sur ! Dans l’Evangile, l'homme qui part en voyage donne tout pouvoir à ses serviteurs et fixe à chacun son travail. Nous avons donc à veiller les uns sur les autres, ce qui rejoint l'exigence dictée par Isaïe. Certes nous veillons sur ceux qui nous sont chers. Quels parents ne veillent-ils pas sans hésiter sur son enfant malade ? Mais veillons-nous sur celui qui a faim, qui est nu, qui est en prison comme nous l’entendions déjà dans l'Évangile de dimanche dernier ? Nous risquons d'être pris d'engourdissement et de somnolence, trop habitués à entendre parler de ceux qui sont dans la détresse et préférant développer davantage le profit et la réussite personnelle.

Dans l'Évangile, c'est au portier que Jésus recommande de veiller. Lorsqu’il nous donne l’ordre de veiller, il nous compare donc à des portiers. Le portier est celui qui permet le passage, qui ouvre la porte lorsqu'on frappe. Et si nous vivions ce temps de l'Avent comme une exigence à être portiers les uns des autres. Notre communauté est sans cesse appelée à vérifier que c'est le souci de la vie de l'autre qui guide son agir pastoral.

Cela commence par notre capacité à nous accueillir les uns des autres ; le portier est toujours la première personne qui vous accueille quand vous allez chez quelqu'un. Trop souvent nous sommes plus préoccupés par accueillir ceux que nous connaissons déjà plutôt que d'aller au-devant des autres. Mais comment sommes-nous prêts également à accueillir ceux qui sont loin de notre communauté : à leur ouvrir la porte pour qu'ils nous rejoignent, mais bien davantage encore à franchir le seuil de leur porte, c'est-à-dire de les rejoindre là où ils sont.

Ainsi donc, nous pouvons veiller de plusieurs manières. Nous pouvons approfondir notre foi : comment Dieu veille sur moi, sur chacun des frères ? Nous pouvons réveiller notre charité : comment je pratique la justice avec joie ? Nous pouvons raviver notre espérance : comment j'espère le retour du Christ aujourd'hui ? Autant de questions dont la réponse à l'une ou à l'autre peut décider ce que sera notre chemin d'Avent.

Père Bruno