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Deuxième  dimanche de l'Avent  - année B

36 décembre 2014

Les textes du jour (cliquez ici)

« Commencement de l’Évangile. » Tels sont les premiers mots de l’Evangile de ce dimanche, les premiers mots de l’Evangile de Marc. Un Évangile – littéralement une Bonne Nouvelle – est en train de commencer, non pas hier ou demain, mais c’est aujourd’hui le commencement d’une Bonne Nouvelle. Cette Bonne Nouvelle n’est pas un message mais une personne : Jésus, Christ et Fils de Dieu, Bonne Nouvelle pour chacun d’entre nous. Cette Bonne nouvelle nous concerne ; le temps de l’Avent nous est donné pour l’accueillir avec plus d’intensité.

En nous appuyant sur la prophétie d’Isaïe, nous pouvons même affirmer que Jésus Christ est la Bonne Nouvelle de la consolation que Dieu veut donner à son peuple. « Consolez, consolez mon peuple » (1ère lecture). Dieu ne veut pas nous voir errer hors de ses chemins – pour reprendre la première lecture de dimanche dernier–. Et pour cela, Dieu vient avec puissance, avec la puissance de son amour, afin de porter son peuple sur son cœur et prendre soin de ses brebis.

Comment cela ne pourrait-il pas être une Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui : « Elève la voix avec force,… élève la voix, ne crains pas : voici votre Dieu » (1ère lecture). Pour autant, entendre cette parole aujourd’hui ne va pas nécessairement transformer notre quotidien, non pas que le Seigneur « tarde pour tenir sa promesse » (2ème lecture) mais il nous appartient de préparer sa venue dans notre quotidien, de préparer son chemin car « il veut que tous parviennent à la conversion » (2ème lecture). Mais où et comment préparer le chemin du Seigneur ? C’est l’enjeu de ce deuxième dimanche de l’Avent.

L’Evangile de Marc débute dans le désert. C’est dans le désert que retentit la voix qui invite à préparer le chemin du Seigneur, c’est dans le désert que parait Jean-Baptiste. Le désert, c’est le lieu de l’exode, de la libération de l’Egypte, c’est le lieu du passage de la servitude, de l’esclavage, à la liberté, à la Terre promise. C’est un lieu pour revenir vers Dieu. C’est là que le peuple élu a converti son cœur : « Je me souviens de la tendresse de tes jeunes années, ton amour de jeune mariée, lorsque tu me suivais au désert, dans une terre inculte » (Jérémie 2,2).

Le désert est le lieu du silence. C’est là que nous sommes invités à aller pour apprendre à écouter de tout notre être. Dans le brouhaha de nos journées, nous risquons de plus savoir écouter. Isaïe affirme que lorsque tout ravin sera comblé, toute montagne abaissée, « tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé ». Aller au désert pour préparer le chemin du Seigneur, c’est permettre à la Parole de Dieu de retentir dans notre vie. Pourquoi ne pas profiter de ce temps de l’Avent pour prendre le temps d’accueillir la Parole de Dieu, de la méditer, afin de voir que le Seigneur nous parle. Ecouter Dieu, c’est peu à peu apprendre de lui à voir toute chose selon son cœur. C’est faire de l’Avent un temps pour préférer le Christ, Bonne Nouvelle, et lui donner toute priorité dans notre vie.

Nous voyons que Jean Baptiste baptise dans le fleuve du Jourdain. Or le Jourdain est un petit fleuve qui finit sa course dans la mer morte. C’est là que Jean Baptiste proclame un baptême de conversion, un baptême qui met un obstacle à ce qui conduit à la mort. Le sens premier du mot « conversion » veut dire « se tourner vers ». Jean Baptiste nous invite donc à nous « tourner vers » Jésus, à nous « retourner » vers lui. Préparer le chemin du Seigneur consiste donc, non pas à faire des choses nouvelles, mais à renouveler une attitude intérieure. En ce temps de l’Avent, chacun est à même de s’interroger sur la manière dont il veut davantage se tourner vers le Christ, du moins si c’est son désir.

Préparer le chemin du Seigneur, c’est donc orienter notre existence d’une manière radicalement nouvelle, c’est accepter que le Christ entre dans notre vie. Pierre ne dit pas autre chose lorsqu’il encourage à tout faire «pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix » (2ème lecture). Cela suppose de notre par de tout mettre en œuvre pour rendre droit ce qui est tortueux en nous, mais aussi dans la vie de notre monde. Le psaume insiste sur l’exigence d’engager notre vie selon l’amour, la vérité, la justice et la paix. Car que dit de Seigneur Dieu : « Ce qu’il dit c’est la paix pour son peuple » (psaume).

Le « commencement » dont parle Marc n’est donc pas un simple mot introductif mais bien l’ouverture de la nouveauté que Dieu veut réaliser en nous. C’est dans le silence de notre cœur que le Christ vient à nous. Ce temps de l’Avent est propice pour nous tourner plus explicitement vers lui et l’entendre nous murmurer : « Voici, je fais toutes choses nouvelles. » (Apocalypse 21, 5) Saint Irénée affirmait : « Dans sa venue, [le Christ] a porté avec lui toute nouveauté ». Ce temps de l’Avent nous redonne le sens de notre existence : enraciner en Christ notre vie ; repartir du Christ en toutes choses ; conduire au Christ ceux qui nous sont confiés ; ne désirer rien d’autre que le Christ. Alors oui, le Christ deviendra chaque jour davantage le commencement d’une éternelle Bonne Nouvelle.

Père Bruno