Vingt sixième dimanche du temps ordinaire - année A
28 septembre 2014
Les
textes du jour
Les lectures de ce dimanche sont dans la suite de celles de dimanche dernier. Dans l’évangile de dimanche dernier, il était question de ce maître de la vigne qui embauchait à tout heure des ouvriers pour travailler à sa vigne ; ce dimanche ce sont deux fils qui sont invités à aller travailler à la vigne. La parabole de la semaine dernière insistait sur la bonté de Dieu, la question de Jésus insiste aujourd’hui sur la réponse de l’homme. La transition entre ces deux dynamiques est dans la prophétie d’Ezéchiel : Dieu veut la vie du juste comme du méchant, mais il ne peut combler l’homme de sa vie divine que si ce dernier choisit de vivre a-justé à lui, de faire sa volonté.
Avec l’évangile de ce dimanche, Jésus nous interroge : Fais-tu la volonté du Père ? Il est tellement facile de dire « oui » à Dieu et de faire selon notre volonté propre. Reconnaissons que nous avons une grande habilité à limiter la volonté de Dieu à certains secteurs de notre vie ou à prendre pour volonté de Dieu ce que nous voulons nous-même. Pour vérifier notre disponibilité à vouloir faire la volonté du Père, il suffit de s’interroger sur ce que produit en nous cette demande que nous réitérons souvent à Dieu : Que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel. Mesurons-nous qu’en priant le Notre Père de tout notre cœur nous nous engageons à renoncer à notre volonté propre, à laisser la volonté de Dieu éclairer la nôtre.
Pour autant, la volonté de Dieu n’est pas d’abord dans un faire, mais dans une attitude intérieure que nous laissons creuser en nous et à partir de laquelle nous déciderons ce que nous mettrons en œuvre dans notre vie. Dès lors, nous pouvons nous demander comment dire « oui » au Père sans vivre « non » à travers nos choix, y compris nos choix de vie. La réponse se trouve dans l’extrait de l’épître aux Philippiens de ce dimanche. Dans cet extrait saint Paul considère ce qui doit animer tout disciple du Christ, et plus largement toute communauté chrétienne.
À deux reprises Paul insiste sur la nécessité d'être dans le Christ : « dans le Christ on se réconforte » ; « les dispositions que l'on doit voir dans le Christ ». Il n’est d’autre chemin pour accomplir la volonté du Père que celui de l’union au Christ, le laissant saisir tout notre être. Dimanche dernier Paul nous confiait : « pour moi, vivre c’est le Christ » (Ph 1,21) ; et dans sa lettre au Galates, il écrit : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2,20)
Vivre dans le Christ, c’est laisser sa Parole transformer notre existence pour que nous lui ressemblions davantage. C’est ce que traduit le verset alléluiatique de ce dimanche « aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur » (Ps 94, 8). La Parole de Dieu doit toujours rester pour nous un lieu de conversion. Nous ne pourrons vivre notre vocation à témoigner du Christ que si nous vivons du Christ et nous nourrissons de lui, lui qui s'est abaissé en devenant obéissant jusqu'à mourir. Par amour de tous les hommes, il s'est dépouillé en prenant la condition de serviteur (cf. 2ème lecture). C'est dans la contemplation de cet amour offert que nous trouverons notre élan missionnaire. Si nous voulons vivre dans le Christ, nous ne pouvons pas ignorer les Ecritures. « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ » disait Saint Jérôme. Notre relation au Christ peut également se nourrir à travers l’adoration eucharistique, la contemplation amoureuse du Christ.
La vie dans le Christ se déploie également à travers la vie fraternelle. De façon exigeante Paul nous demande : « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même mais aussi des autres » (2ème lecture). Sommes-nous préoccupés par les autres, par ceux avec qui nous vivons chaque jour, comme par ceux qui nous sont plus lointains ? Saint Paul insiste encore : « Ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à soi » (2ème lecture). Il ne s'agit pas de s'écraser devant les autres mais d'avoir la joie de recevoir de chacun, sans être ni intransigeant ni vantard, pour reprendre les expressions de Paul. La volonté du Père est donc qu’unis au Christ et considérant les autres supérieurs à nous, nous nous dépouillons de nous-mêmes pour devenir serviteurs de nos frères.
Faire la volonté de Dieu nous s'engage dans le service de nos frères, à l’écoute de l'appel particulier que le Seigneur nous adresse. C'est en répondant à cette exigence que nous répondrons à notre vocation sans demander à Dieu de s’accorder à notre volonté. Faire la volonté du Père exige de notre part de puiser dans sa Parole et la contemplation eucharistique la réponse que nous avons à donner. « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route » avons-nous chanté dans le psaume. Que cette demande nourrisse notre prière personnelle et communautaire de telle sorte que chacun et toute communauté fasse la volonté de Dieu, ici et maintenant.
Père Bruno