Homélie du 4e dimanche de l’Avent

Matthieu 1, 18-24 : EXPÉRIENCE INTÉRIEURE

L’évangéliste Matthieu nous dit que le nom de Jésus signifie : Le-Seigneur-sauve. Mais il se montre plutôt intéressé à nous dire que Jésus doit être appelé aussi Emmanuel. Il sait parfaitement que cela peut choquer et étonner.  Qui peut être appelé d’un nom qui signifie Dieu avec nous ? Cependant, c’est ce nom qui est au cœur de la célébration de Noël.

Ce grand mystère qui nous entoure de toutes parts et que nous, croyants, appelons Dieu, n’est pas quelqu’un de lointain. Dieu est avec nous, avec chacun-chacune de nous. Mais comment peut-on le savoir ? Est-il possible de croire de manière raisonnable que Dieu est avec moi si je n’en ai pas une expérience personnelle, si petite soit-elle ? Mais n’oublions pas que là où s’arrête la raison, commence la foi.

Nous pouvons dire, avec Saint Jean Paul II, que « le christianisme est une surprise ; Dieu s’est mis du côté de sa créature ». Dieu a pris “l’initiative” de venir en ce monde nous proposer sa présence, sans tenir compte de nos mérites. Dieu n’impose rien. C’est tout juste s’il « nous demande la permission », dirions-nous. Exemple : la vocation de Mère de Dieu, il la propose à Marie, mais ne la lui imposa pas !

On nous a appris fréquemment que nous sommes appelés à percevoir la présence du mystère de Dieu à l’intérieur de nous-mêmes. C’est pourquoi ils sont nombreux ceux qui imaginent Dieu dans un lieu indéfini de l’univers. D’autres le cherchent en adorant le Christ présent dans l’eucharistie. D’autres essaient de l’écouter à travers la Bible. Pour d’autres, finalement, le meilleur chemin c’est Jésus lui-même.

Dieu a sans doute ses méthodes pour se rendre présent dans nos vies. Mais nous pouvons affirmer que, dans notre culture, si Dieu n’est pas expérimenté de quelque façon que ce soit, comme quelqu’un de vivant à l’intérieur de nous-mêmes, il sera difficile de le trouver dehors. Par contre, si nous saisissons sa présence en nous, nous pourrons détecter sa présence autour de nous.

Le secret consiste surtout à savoir accueillir, d’un cœur simple, cette présence mystérieuse de Dieu, qui ne cesse de nous encourager et de nous soutenir. Accueillir sa présence c’est vivre en accueillant la paix, la vie, l’amour, le pardon, le service…qui jaillissent de notre être le plus intime.

Dieu ne demande pas seulement notre permission pour venir dans nos vies, mais il veut aussi notre collaboration dans ses projets, et que cette collaboration soit, peut-être, héroïque. Tel fut le cas pour Marie et Joseph, qui durent se battre pour défendre la vie de l’enfant Jésus.

A l’exemple de Marie et de Joseph, nous ne devons pas être inquiets devant nos difficultés, mais demeurer dans le silence. La présence amicale de Dieu qui se trouve au plus profond de nous-mêmes nous apaisera, nous libérera et nous guidera.

Pour rencontrer ce Dieu, nous n’avons pas besoin d’aller très loin. Il suffit de nous approcher silencieusement de nous-même, de creuser dans nos questions et nos désirs les plus profonds. Le mystère ultime de la vie est un mystère de bonté, de pardon et de salut, qui est en nous : à l’intérieur de tous et de chacun et chacune d’entre nous.

C’est le message de Noël : Emmanuel : Dieu avec nous. Dieu est proche de toi, de là où tu te trouves, pourvu que tu t’ouvres à son Mystère. Le Dieu inaccessible est devenu humain et sa mystérieuse proximité nous entoure ; ainsi, Dieu peut naître en chacun de nous. Si nous l’accueillons en silence nous connaîtrons la joie de Noël.

Père Javier