Homélie du dimanche 10 novembre 2019

Luc 20, 27-38 : IL N’EST PAS UN DIEU DES MORTS MAIS DES VIVANTS 32 T-O C

    Quand Jésus parle de la vie nouvelle après la résurrection, il reste toujours très sobre. Cependant, lorsqu’un groupe d’aristocrates saducéens essaie de ridiculiser la foi en la résurrection des morts en lui posant une question-piège : Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour femme ? Jésus réagit en élevant la question à son véritable niveau et en faisant deux affirmations fondamentales :

  1. Jésus rejette l’idée puérile des saducéens, qui imaginent la vie des ressuscités comme une prolongation de cette vie que nous connaissons ici-bas. C’est une erreur que de se représenter la vie ressuscitée par Dieu, à partir de nos expériences actuelles.
  2. Il y a une différence radicale entre notre vie terrestre et cette vie pleine, après la mort, soutenue directement par l’amour de Dieu. Cette Vie est absolument “nouvelle”. C’est pourquoi nous pouvons croire à la résurrection, certes, mais nous ne pouvons pas la décrire ou l’expliquer.

Paul dit aux chrétiens de Corinthe qu’il s’agit de « quelque chose que l’œil n’a jamais vu, que l’oreille n’a jamais entendu et qui n’est venu à l’esprit de personne : c’est ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment” (1Cor 2,9) Ainsi, les premières générations chrétiennes ont gardé cette attitude humble et honnête face au mystère de la “la résurrection et la vie éternelle”.

Ces paroles nous avertissent sainement et nous orientent joyeusement. D’un côté, le ciel est une nouveauté bien au-delà de toute expérience terrestre, mais d’un autre côté, c’est une vie “préparée” par Dieu en vue du plein accomplissement de nos aspirations les plus profondes. Ce qui est propre à la foi ce n’est pas de satisfaire naïvement la curiosité, mais de nourrir l’attente de Dieu et l’espérance confiante en Lui.

C’est justement cela que Jésus cherche, lorsque de façon simple, il fait appel à un fait accepté par les saducéens : Dieu est appelé dans la tradition biblique “Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob”. Même si ces trois Patriarches sont morts, Dieu continue d’être leur Dieu, leur protecteur, leur ami. La mort n’a pas pu détruire l’amour et la fidélité de Dieu à leur égard.

Jésus tire sa propre conclusion en faisant une affirmation décisive pour notre foi : Dieu n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; car pour lui, ils sont tous vivants” Dieu est source inépuisable de vie. La mort ne fait pas perdre à Dieu ses fils et ses filles bien-aimés. Quand nous pleurons nos êtres chers, les ayant perdus sur cette terre, Dieu les contemple pleins de vie car Il les a accueillis tous dans son amour de Père. Selon Jésus, l’union de Dieu avec ses enfants ne peut être détruite par la mort. Son amour est plus fort que la mort biologique.

Il n’est pas facile de croire, mais il est difficile de ne pas croire. Entre temps, le mystère ultime de la vie nous demande une réponse personnelle, lucide et responsable à la question : Est-ce que je veux effacer de ma vie toute trace d’espérance au-delà de la mort, comme une fausse illusion qui ne nous aide pas à vivre ? Ou bien, est-ce que je veux rester ouvert au Mystère ultime de l’existence, en espérant que nous y trouverons la réponse, l’accueil et la plénitude que nous cherchons dès maintenant ? A nous de donner la réponse.

Père Javier