Homélie du dimanche des Rameaux 2019

Luc 22, 14 – 23, 56 : CE DIEU CRUCIFIÉ ! Dimanche de Rameaux-C

Jésus a été arrêté au Jardin des Oliviers ; ses disciples fuient cherchant leur propre sécurité. Il reste seul. Son projet du Royaume s’estompe. Jésus n’a plus aucun doute : l’exécution l’attend. Le Père n’a pas écouté ses souhaits de continuer à vivre : Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe...

Le silence de Jésus durant ses dernières heures est surprenant. Cependant, les évangélistes ont repris certaines de ses paroles sur la croix. Elles sont très brèves, mais elles ont aidé les premières communautés chrétiennes à se souvenir avec amour et reconnaissance de Jésus crucifié.

L’évangéliste Luc a recueilli ce que Jésus dit pendant qu’il est crucifié. Malgré ses souffrances, il parvient à prononcer quelques paroles qui découvrent ce qu’il y a dans son cœur : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font« . Jésus avait demandé à ses disciples « d’aimer leurs ennemis » et de « prier pour leurs persécuteurs ». Maintenant c’est lui-même qui meurt en pardonnant. Il transforme sa crucifixion en pardon ; pour nous montrer que la miséricorde de Dieu n’a pas de fin, et que nous pouvons, et nous devons, à l’image du Crucifié, tout pardonner. C’est le grand héritage de Jésus à l’humanité.

Luc nous rapporte aussi un cri dramatique du crucifié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?  » Ces mots prononcés dans la solitude et l’abandon le plus total sont d’une sincérité écrasante. Jésus sent que son Père bien-aimé l’abandonne. Pourquoi ? Jésus se plaint de son silence. Où est-il ? Pourquoi est-ce qu’il se tait ?

Ce cri de Jésus, identifié à toutes les victimes de l’histoire, qui demandent à Dieu une explication pour tant d’injustice, d’abandon et de souffrance, réclamant une réponse de Dieu : Seigneur, notre Dieu, pourquoi nous abandonnes-tu ? Ne vas-tu jamais répondre aux pleurs et aux gémissements des innocents ?

Ce Dieu crucifié n’admet pas une foi égoïste en un Dieu tout-puissant au service de nos caprices et de nos prétentions.  Ce Dieu crucifié nous met face à la souffrance, à l’abandon et à la déroute de tant de victimes de l’injustice et des malheurs.  Nous rencontrons ce Dieu lorsque nous nous rapprochons de la souffrance de n’importe quel crucifié.

Luc recueille un dernier mot de Jésus. Malgré son angoisse mortelle, Jésus maintient jusqu’à la fin sa confiance dans le Père. Ses mots sont maintenant presque un murmure : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Rien ni personne n’a pu le séparer de lui. Le Père l’a animé de son Esprit toute sa vie. Une fois sa mission finie, Jésus laisse tout entre ses mains. Le Père mettra fin à son silence et le ressuscitera.

D’après l’évangéliste Luc, ceux qui passaient devant Jésus crucifié sur la colline du Golgotha, se moquaient de lui et de son impuissance : Si tu es le Fils de Dieu, descend de la croix.  Jésus ne répond pas à cette provocation. Sa réponse est encore un silence chargé de mystère.  C’est justement parce qu’il est le Fils de Dieu, qu’il restera sur la croix pendant trois heures, jusqu’à sa mort ; une mort paisible.

Jésus a terminé sa vie humaine dans une prière incessante, dans une douce et intime conversation avec son grand amour : Dieu, son Père. Le pardon offert à tous, y compris à ses bourreaux. Triomphe de l’amour ! Triomphe de Dieu ! Le mal n’aura plus le dernier mot ! Voilà la croix, signe éclatant, révélation suprême de Dieu !

Cette Semaine Sainte, nous allons célébrer dans notre Paroisse la Passion et la Mort du Seigneur. Nous pouvons méditer devant ce Dieu crucifié, les paroles de Jésus lors de son agonie et que nous venons d’écouter.

Père Javier