Pape François : un carême écologique

LE PAPE FRANÇOIS PROPOSE UN CARÊME ÉCOLOGIQUE

Le 6 mars prochain, c’est le mercredi des Cendres, jour du début du Carême, temps de préparation aux Mystères centraux du christianisme : la Passion, la mort et la résurrection de Jésus Christ.

Comme les années précédentes, le Pape François a rendu public un Message de Carême. La devise proposée est « La création, en attente, attend la manifestation des enfants de Dieu » (Rom. 8:19).  Dans ce Message, résonne l’encyclique de François sur le soin de la maison commune et l’appel permanent à la conversion, personnelle et communautaire, qui affecte et fait aussi allusion à notre relation et à notre engagement pour une écologie intégrale. (Cf. « Laudato si »)

Chaque année, par l’Église, Dieu  » accorde à ses enfants, avec la joie de nous avoir purifiés, la solennité de Pâques, afin que (…) par la célébration des Mystères qui nous ont donné une vie nouvelle, nous devenions en plénitude enfants de Dieu  » (Préface I du Carême). C’est ainsi que nous pouvons marcher vers l’accomplissement de ce salut que nous avons déjà reçu grâce au mystère pascal du Christ, « car nous avons été sauvés dans l’espérance » (Rm 8, 24).

Quand la charité du Christ transfigure la vie des personnes, elles louent Dieu et, par la prière, la contemplation et l’art, elles le partagent aussi avec les créatures, comme le « Cantique du Frère Soleil » de saint François d’Assise le démontre d’une manière admirable. Cependant, dans ce monde, l’harmonie générée par la rédemption est menacée, aujourd’hui et toujours, par la force négative du péché et de la mort.

Quand nous ne vivons pas comme des enfants de Dieu, nous avons souvent des comportements destructeurs envers notre prochain et les autres créatures – et aussi envers nous-mêmes – considérant, plus ou moins consciemment, que nous pouvons les utiliser à notre guise. Ensuite, l’intempérance domine et cela conduit à un style de vie qui viole les limites de notre condition humaine et la nature nous demande de respecter, et nous suivons les désirs incontrôlés que dans le livre de la Sagesse sont attribués aux impies, c’est-à-dire à ceux qui n’ont pas Dieu comme point de référence dans leurs actions. Si nous ne désirons pas continuellement Pâques, si nous ne vivons pas à l’horizon de la Résurrection, il est clair que la logique du « tout et maintenant », d’avoir de plus en plus, finit par s’imposer.

Le fait que la communion avec Dieu ait été rompue a aussi porté atteinte à la relation harmonieuse de l’homme avec l’environnement dans lequel il est appelé à vivre, de sorte que le jardin a été transformé en désert (cf. Gn 3, 17-18).

Quand la loi de Dieu, la loi de l’amour, est abandonnée, la loi du plus fort triomphe du plus faible. Le péché qui nidifie dans le cœur de l’homme (cf. Mc 7, 20-23) – et qui se manifeste par l’avidité, le désir de bien-être excessif, le désintérêt pour le bien des autres et souvent pour le sien – conduit à l’exploitation de la création, des personnes et de l’environnement, selon l’avidité insatiable qui considère tout désir comme un droit et qui tôt ou tard détruit même ceux qui vivent sous son règne.

Cette attente de la création se réalisera lorsque les enfants de Dieu se manifesteront, c’est-à-dire lorsque les chrétiens et tous les hommes entreprendront de manière décisive l’œuvre de conversion qu’elle implique. Et le chemin de Pâques nous appelle précisément à restaurer notre visage et notre cœur chrétiens, par la repentance, la conversion et le pardon, afin que nous puissions vivre toute la richesse de la grâce du Mystère pascal.

Le Carême est un signe sacramentel de cette conversion ; c’est un appel aux chrétiens à incarner plus intensément et plus concrètement le mystère pascal dans leur vie personnelle, familiale et sociale, surtout par le jeûne, la prière et l’aumône.

Jeûner, c’est-à-dire apprendre à changer notre attitude envers les autres et envers les créatures : de la tentation de tout dévorer, de satisfaire notre avidité, à la capacité de souffrir par amour, qui peut remplir le vide de notre cœur.

Prions pour savoir renoncer à l’idolâtrie et à l’autosuffisance de notre ego et nous déclarer dans le besoin du Seigneur et de sa miséricorde.

Faire l’aumône pour sortir de la nécessité de s’accumuler soi-même, croyant ainsi s’assurer d’un avenir qui ne nous appartient pas.

Et ainsi retrouver la joie du projet que Dieu a mis dans la création et dans notre cœur, c’est-à-dire l’aimer, aimer nos frères et le monde entier et trouver le vrai bonheur dans cet amour.

Le Carême du Fils de Dieu fut une entrée dans le désert de la création pour qu’il redevienne ce jardin de communion avec Dieu qu’il était avant le péché originel.

Ne laissons pas passer ce moment favorable en vain. Abandonnons l’égoïsme, notre regard fixé sur nous-mêmes, et tournons-nous vers la Pâque de Jésus ; soyons le prochain à nos frères et sœurs qui ont des difficultés, en partageant avec eux nos biens spirituels.

(Extrait du message du Pape François pour le Carême 2019)