Homélie du 3e dimanche de l’Avent 2018

Luc 3, 10-18 Partager avec celui qui n’a rien 3° Avent-C

L’évangile du dimanche dernier nous disait que « Jean Baptiste proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés » et les paysans du temps de Jésus, simples et réalistes, voulaient vivre la logique de leur baptême, d’où la question : Que devons-nous changer dans notre vie ? Que devons-nous faire ? 

C’est la question qui jaillit toujours en nous lorsque nous entendons un appel radical et que nous ne savons pas comment concrétiser notre réponse. Nous avons eu un appel à la vie chrétienne auquel nous avons répondu généreusement ; mais d’autres appels à collaborer avec le projet de Jésus suivront, auxquels nous aurons aussi à répondre… Que devons-nous faire ? 

Jean Baptiste ne leur propose ni rites religieux, ni normes, ni préceptes. C’est dans le plus simple « terre-à-terre » de la vie de tous le jours (manger, s’habiller…) que doit se manifester notre conversion. Vivre « la vie de tous les jours » d’une manière plus humaine, plus juste, plus digne et plus fraternelle.

Ce qui est le plus décisif et le plus réaliste c’est d’ouvrir notre cœur à Dieu tout en regardant attentivement les besoins de ceux qui souffrent autour de nous. Jean Baptiste réussit à leur résumer sa réponse dans une formule géniale par sa simplicité et par sa vérité : « Que celui qui a deux tuniques, partage avec celui qui n’en a pas ; et que celui qui a de quoi manger en fasse de même ». Voilà qui est simple et clair.

Que pouvons-nous dire face à ces paroles, nous qui habitons dans un monde où plus d’un tiers de l’humanité vit dans la misère, en luttant chaque jour pour survivre alors que nous continuons de remplir nos placards avec toute sorte de tuniques et que nous avons nos frigos bien remplis d’aliments ?

Nous devons commencer par ouvrir nos yeux afin de prendre plus vivement conscience de cette insensibilité et de cet « esclavage » qui nous maintient, parfois, soumis à un bien-être qui nous empêche de devenir plus humains.

Que pouvons-nous dire, et faire, face à cet appel si simple et si humain : Que celui qui a deux tuniques, partage avec celui qui n’en a pas ; et que celui qui a de quoi manger en fasse de même ? Ce qui est le plus décisif et le plus réaliste c’est d’ouvrir les yeux du cœur, et, selon les possibilités de chacun, ouvrir aussi notre garde-robe, notre placard, notre garde-manger, notre porte-monnaie et notre temps libre en regardant attentivement les besoins de ceux qui souffrent autour de nous.

À partir de nos communautés chrétiennes, nous pouvons développer diverses initiatives pour être plus près des cas les plus saillants d’abandon social : connaissance concrète des situations, mobilisation des gens pour ne laisser personne seul, apport de  ressources matérielles, gestion d’aides éventuelles …

Pour beaucoup, ce sont des temps difficiles. Chacun se verra offrir l’opportunité d’humaniser notre consumérisme fou, de nous rendre plus sensibles à la souffrance des victimes, de grandir dans la solidarité pratique, de contribuer à dénoncer le manque de compassion dans la gestation de la crise…

C’est pourquoi, il nous faut valoriser et reconnaître davantage l’effort de tant de personnes qui s’engageant dans des gestes concrets de solidarité et en cultivant un style de vie plus simple, austère et humain. Ce sera notre façon d’accueillir le Christ dans nos vies d’une manière plus vraie.

Père Javier