Homélie du dimanche 4 novembre 2018

31ème Dimanche T. O. – BMarc 12,28-34 : Dieu est UN

 Le contexte de l’évangile nous fait savoir que nous sommes bien dans les dernières semaines de Jésus avant sa mort. L’affrontement avec les autorités juives est à son comble. Nous retrouvons Jésus dans la vaste esplanade du Temple, entourée de colonnades, où Jésus discute habituellement avec les autorités du temple sur les sujets les plus brûlants. C’est dans cette ambiance, qu’un scribe s’approche de Jésus et le questionne à son tour: Quel est le premier de tous les commandements ?

Pourquoi cette question? Il faut savoir que la passion du peuple d’Israël, c’est la Loi, la Thorah. Sans doute que Jésus a vécu cette passion pour la Loi dans le contexte culturel de son peuple. Il la savait par cœur. Il l’avait lue et relue avec d’autres depuis son adolescence et il l’avait discutée, et rediscutée. Pour information, sachez qu’on avait relevé dans la Bible 613 commandements, dont 365 défenses (tu ne fairas…) et 248 commandements positifs. La question donc avait son sens.

Par ailleurs, la question posée par le Scribe à Jésus était une question classique dans les écoles de la Loi – un peu comme dans nos catéchèses. Réponse de Jésus : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur !

Ce que cite Jésus est la prière quotidienne de tout fidèle juif : Shema Israël, Écoute, Israël ! C’est l’affirmation principale de la foi juive : le monothéisme ; qu’on pouvait traduire par « Dieu est UN », autrement dit, il n’y a rien d’autre que Lui ! Le reste n’existe que par Lui ! Telle est la réponse de Jésus quand on lui demande ce qui est important pour lui. Dans sa bouche, l’ancienne Loi prend une vie nouvelle ! Et moi aujourd’hui, quelles sont mes priorités?

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit. Pour Israël, comme pour Jésus, ce que Dieu attend c’est « l’amour » ! L’originalité de la Bible, c’est de faire de l’homme le partenaire amoureux d’une Alliance d’amour. Nous pouvons nous poser la question : Est-ce que j’aime Dieu ? Est-ce que je mets Dieu en premier dans ma vie ?

N’allons pas trop vite répondre oui. Soyons modestes quand nous jugeons parfois les autres. Que fais-tu pour celui qui tu aimes ? Est-ce bien vrai que tu aimes Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force ? Cette accumulation de répétitions veut exprimer l’intensité et la totalité de cet amour que doit mobiliser toutes nos facultés et toutes nos énergies vitales.

Voici le second… Le scribe ne demandait qu’un commandement, mais Jésus, selon son habitude, va plus loin ; et ce qu’il va dire par la suite c’est important… mais vient en seconde position : Dieu devant !

Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ce sont deux commandements distincts. Parfois on a tendance à les fusionner, comme si « aimer Dieu » pouvait suffire et comme si « aimer le prochain » pouvait suffire aussi. Le « second » commandement ne remplace pas le « premier ». Jésus n’est pas un prédicateur social.

Il n’y a pas de commandement (singulier) plus grand que ceux-là (pluriel) ! Remarquez le singulier de « commandement », comme s’il n’y en avait qu’un seul, et le pluriel de ceux-là, car ils sont deux de la même importance.

Quelques jours après, il suffira que Jésus ajoute deux mots « comme moi » pour donner aux commandements de l’amour toute leur dimension du Royaume : aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Dans le cœur de Jésus, il y a deux amours : le second découle du premier : Je ne peux pas aimer Dieu que je ne vois pas, si je n’aime pas mon prochain que je vois.

Père Javier