Homélie de la Toussaint 2018

Matthieu 5, 1-12 – Les Béatitudes : Croire au ciel

Les Béatitudes sont le parfum du Seigneur qui se dégage dans l’histoire de l’humanité. Les Béatitudes, donc, sont destinées à tout le monde. L’enseignement de Jésus ne se limite pas aux disciples qui l’entourent, il n’exclut personne, c’est un message universel. Elles sont un résumé de la Nouvelle Loi présentée par Jésus, comme des points-clé qui nous aident à vivre comme des chrétiens conséquents.

Ainsi, je voudrais vous partager, à partir des Béatitudes, comment je comprends et j’essaie de vivre, tant bien que mal, quelques aspects de ma foi en la vie éternelle, autrement dit, au ciel ; comment je comprends et j’essaie de vivre aussi, la réalité d’un mystère salvifique exprimé dans le « credo » quand nous disons Je crois à la communion des saints.

Croire au ciel signifie, pour moi, que je refuse d’accepter que la vie de tout homme ne soit qu’une parenthèse entre deux immenses vides. En m’appuyant sur Jésus, j’ai le pressentiment, le désir et la croyance que Dieu est en train de conduire vers sa véritable plénitude le désir de vie, de justice et de paix que la création toute entière, et le cœur de l’humanité en particulier, renferment.

Croire au ciel c’est pour moi me rebeller de toutes mes forces contre l’idée que cette immense majorité d’hommes, de femmes et d’enfants, qui n’ont connu dans cette vie que misère, famine, humiliation et violence, restent pour toujours enterrés dans l’oubli. En mettant ma confiance en Jésus, je crois en une vie où il n’y aura plus ni pauvreté ni douleur, où personne ne sera triste ni aura à pleurer. Je pourrai enfin voir ces migrants, qui meurent dans la mer lors de leur traversée, arriver à leur véritable patrie.

Croire au ciel est pour moi me rapprocher avec espérance de tant de personnes qui n’ont pas une bonne santé : des malades chroniques, des handicapés physiques et psychiques, des personnes enfoncées dans la dépression et dans l’angoisse, fatiguées de vivre et de lutter.  En suivant Jésus, je crois qu’elles connaîtront un jour ce que veut dire vivre avec une paix et une santé totale. Ils entendront les paroles du Père : Entre pour toujours dans la joie de ton Maître.

Je ne me résigne pas à ce que Dieu soit pour toujours un « Dieu caché », dont on ne peut jamais connaître le regard, la tendresse, l’affection. Je ne peux pas me faire à l’idée de ne pouvoir jamais rencontrer Jésus. Je ne me résigne pas à ce que tant d’efforts, petits ou grands, pour construire un monde plus humain et plus heureux se perdent dans le vide. Je veux qu’un jour les derniers soient les premiers et que « les prostituées et les publicains » nous devancent dans le Royaume.

Je veux connaître les vrais saints de toutes les religions et tous les saints anonymes, ceux qui ont vécu en aimant dans l’anonymat et sans rien attendre. Le trésor de leur sainteté est un bien de famille, sur lequel nous pouvons compter.

Cette solennité de la Toussaint nous rappelle aussi une réconfortante nouvelle, qui nous invite à la joie et à la fête, où nous pourrons entendre ces paroles incroyables que l’Apocalypse met dans la bouche de Dieu : « A celui qui a soif je donnerai à boire, gratuitement, de la source de la vie. » Gratuitement !  Même sans l’avoir mérité.  C’est ainsi que Dieu étanchera la soif de vie qui se trouve en nous.

Bonne Fête de la Toussaint !!!

Père Javier