Homélie du dimanche des Rameaux

DIMANCHE DE RAMEAUX Marc 14 1 à 15 47

Cette page d’Évangile voudrait aider chaque chrétien qui le désire à passer une semaine vraiment sainte… Les offices de cette semaine sont les plus significatifs de l’année. Mais on ne les vit vraiment de l’intérieur, que si on a médité personnellement les évènements qui ont donné naissance à cette semaine.

Sont, sans conteste, les évènements les plus importants de toute l’histoire humaine : ils ont fait basculer le cours de l’histoire, et changé le visage de notre planète terre. Il ne suffit pas de lire une fois la Passion. Il faut la méditer pour s’en imprégner.

Nous n’avons pas encore assez remarqué la place qu’elle prend dans l’ensemble de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ! La Passion, dans le récit de Saint Marc, tient la cinquième partie de son Évangile. Que dirions-nous, aujourd’hui, d’une biographie dans laquelle la part la plus importante serait consacrée à recompter la mort de celui dont on veut parler ? Cela est d’autant plus surprenant que ces récits ont été écrits après la résurrection, par des gens vivant dans l’évènement triomphale de Pâque. Or, ils n’ont pas insisté sur cela. Dans le texte grec de Marc, la Passion tient la place de 160 lignes d’écriture… et la résurrection 46 lignes d’écriture… Oui ! Cette mort de Jésus doit être capitale : il y a un secret à y découvrir. Suivons un peu Jésus.

Il annonce que tous vont l’abandonner, que Pierre va le renier. Il en prend trois pour être avec lui dans son agonie, et revient trois fois vers eux pour les supplier, mais ils dorment ; puis tous « l’abandonnant, ils s’enfuirent » ; et, même sur la croix, il éprouvera d’être abandonné de Dieu. Solitude totale. Tout homme meurt seul. Jésus n’a pas triché. Il a obéi à la condition humaine.

En Saint Marc, il y a deux procès faits à Jésus : un procès religieux, devant le grand Sanhédrin, devant tous les grands prêtres et un procès politique devant Pilate, représentant de Rome afin que soit proclamé à la face du monde le secret de l’identité véritable de ce condamné, Jésus de Nazareth.

Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu. Notons que c’est la manière dont Jésus meurt qui fait surgir cet acte de foi et non pas la résurrection, qui n’interviendra que plus tard. Oui, avant de méditer sur la résurrection bienheureuse, il faut méditer sur la mort de Jésus : cette mort parle. Que me dis-tu, Seigneur, par elle ? Je relirai ce récit… j’écouterai… le secret.

Jésus a vécu sa mort comme une pâque : loin de fuir la réalité douloureuse et humiliée de sa condition d’homme, il s’y est livré par une adhésion d’amour à Dieu ! Faisant ainsi l’expérience de la mort, il en a changé le sens : Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la croix » (Ph. 2,8)

Lorsque nous chrétiens, nous levons notre regard vers le visage du Crucifié, nous contemplons l’amour insondable de Dieu qui s’est livré jusqu’à la mort pour notre salut. Si nous le regardons plus longuement nous découvrirons bientôt dans ce visage, celui de tant d’autres crucifiés qui, près ou loin de nous, réclament notre amour solidaire et compatissant.

Il n’est plus possible de séparer Dieu de la souffrance des innocents. Il n’est plus possible d’adorer le Crucifié en tournant en même temps le dos à la souffrance de tant d’êtres humains détruits par la faim, par les guerres ou par la misère.

C’est à partir des crucifiés de notre temps que Dieu continue de nous interpeller.

Père Javier