Homélie du 5e dimanche de Carême

Jean 11, 1-45 : « NOTRE FRÈRE LAZARE, TON AMI, EST MORT » 5 Carême A

Jésus ne cache pas son affection pour trois frères d’une famille qui habite à Béthanie : Marthe, Marie et Lazare. Ce sont sûrement eux qui l’accueillent chez eux chaque fois qu’il monte à Jérusalem. Un jour, Jésus reçoit un message : Notre frère Lazare, ton ami, est malade. Peu de temps après, Jésus se met en route vers ce petit village.

Lorsqu’il y arrive, Lazare, dont le nom signifie « Dieu l’aide » est déjà mort. Peut-être aurait-il mieux valu l’appeler « Dieu ne l’aide pas ». En le voyant arriver, Marie, la plus jeune sœur, éclate en sanglots. Personne ne réussit à la consoler. Jésus, voyant pleurer son amie Marie, ainsi que les Juifs qui l’accompagnaient, ne peut se contenir et se met lui aussi à pleurer avec eux. Les gens commentent : Voyez comme il l’aimait ! Mais quel est cet amour qui laisse le malheureux Lazare comme abandonné ?

Jésus pleure. Il s’identifie déjà à celui qui s’est cru abandonné et oublié de Dieu. Mais Jésus ne pleure pas seulement pour la mort d’un ami cher. Il frémit en sentant l’impuissance de tous face à la mort. Nous portons tous au plus profond de nous-mêmes un désir illimité de vivre. Pourquoi devons-nous mourir ? Pourquoi la vie n’est-elle pas plus heureuse, plus longue, plus sûre, plus vie ?

L´homme de ce temps, comme celui de toutes les époques, porte dans son cœur la question la plus inquiétante et la plus difficile à laquelle répondre : Que sera-t-il de tous et de chacun d’entre nous ? Inutile d’essayer de nous tromper. Que pouvons-nous faire face à la mort ?  Nous révolter ? Nous déprimer ? La réaction la plus généralisée est sans doute celle d’oublier et de continuer à « vivoter ». Mais l’être humain n’est-il pas appelé à vivre sa propre vie, à « se vivre lui-même » de façon lucide et responsable ? Face au mystère ultime de la mort, il n’est pas possible de faire appel aux dogmes scientifiques ou religieux. Ils ne peuvent pas nous guider au-delà de notre vie.

Nous, chrétiens, nous n’en connaissons pas plus que les autres sur l’autre vie. Nous aussi, nous devons nous rapprocher du fait de notre mort avec humilité, parce que là où la raison s’arrête, commence la Foi.

Mais nous le faisons avec une confiance radicale en la bonté du Mystère de Dieu que nous entrevoyons en Jésus ; ce Jésus que nous aimons sans l’avoir vu, et en qui nous mettons notre confiance, même si nous ne l’avons pas vu.

Jésus dit à Marthe: Je suis la résurrection et la vie (Jn 11,25); mais c’est à nous tous que Jésus pose la question: Crois-tu cela? (Jn 11,26). Croyons-nous que, par le baptême, Dieu nous a accordé une vie nouvelle, comme dit Saint Paul? C’est une confiance que l’on ne peut comprendre du dehors. Elle ne peut être vécue que par celui qui a répondu, avec simplicité, à cette question de Jésus : crois-tu cela ?

La résurrection de Lazare est un avant-goût de celle du Christ, que nous allons commémorer bientôt. Cette résurrection est le fondement de notre espérance, qui s’appuie non sur une utopie future, incertaine, mais sur un fait : C’est vrai. Le Seigneur est ressuscité ! (Luc 24,34).

Hans Kung, le théologien catholique le plus critique du XX siècle, se sentant proche de la fin, a dit que, pour lui, mourir c’est se reposer dans le mystère de la miséricorde de Dieu ». Voilà une belle façon de quitter ce monde.

Père Javier