Catéchèse sur la Semaine Sainte

Dimanche autrement : LA SEMAINE SAINTE

Cette semaine est sainte. Elle n’est pas simplement une semaine remplie de célébrations religieuses. Elle nous offre une démarche à suivre, une expérience à vivre, qui nous transformera si nous acceptons d’y entrer vraiment.

DIMANCHE DE RAMAUX : Dimanche avant Pâque et premier jour de la Semaine Sainte, il est marqué par la célébration liturgique de la bénédiction des rameaux, qui accompagne la lecture de l’évangile de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem quelques jours avant les jours de sa passion.

Beaucoup sont restés attachés à cette bénédiction, d’un rameau d’olivier ou d’une palme, lequel ornera chez-eux le crucifix ou sera déposé sur une tombe, et signifiera l’espérance de voir le bois mort refleurir ou revivre, leur foi en la résurrection du Christ.

Cependant, la Liturgie insiste davantage sur la Passion du Christ, dont on lit le récit ; elle est une invitation pressante à préparer la grande fête de Pâques en contemplant le Christ. Le dimanche de Rameaux est donc placé sous le double signe : de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et de sa mise à mort quelques jours plus tard.

Aujourd’hui, Jésus a besoin de nous pour faire son entrée pacifique et libératrice, non pas en Jérusalem, mais dans nos quartiers, dans notre paroisse, dans nos foyers : pour dénoncer toute injustice, pour combattre l’oppression, pour éliminer les frontières, pour dépasser tout ce que nous divise, pour s’engager dans la non-violence, pour offrir un pardon sans conditions, pour chanter l’homme nouveau, pour dresser les plans d’une terre nouvelle, pour nous rapprocher de ceux qui sont loin, pour faire l’union là où il y a la discorde, pour créer la fraternité autour de nous, pour apprendre à parler le langage de l’amour, pour apprendre à partager ensemble notre prière, pour apprécier nos différences, pour servir à tout homme, en particulier aux plus faibles, pour devenir des témoins de l’amour, pour « faire de nos épées des socs et de nos lances des faucilles», pour transformer une culture de mort en culture de vie, pour savoir soutenir celui qui est découragé.

JEUDI SAINT : Le Jeudi Saint célèbre le jour où, selon la Tradition, le Christ a institué l’Eucharistie lors du dernier repas (repas de la Cène). C’est en 1955 que le Pape Pie XII instaure la liturgie actuelle du Jeudi Saint. Deux célébrations :

   Messe chrismale (du grec khrisma = huile) : messe célébrée le jeudi saint par l’Evêque au cours de laquelle il consacre les saintes huiles, parfumées ; ces huiles seront utilisées dans son diocèse :

  • Pour les catéchumènes : fortifier (comme les gladiateurs) le futur baptisé et le préparer au combat contre le mal et le péché.
  • Le Sacrement de malades : symbole de richesse et de bénédiction de Dieu. L’huile sert à purifier le malade et lui donner espoir.
  • Pour les ordinations, la confirmation et le baptême ; il est aussi utilisé dans la consécration des églises, des autels et des cloches.

La Messe Chrismale est de plus en plus souvent célébrée un jour autre que le Jeudi Saint. Dans le diocèse de Lyon c’est le mercredi saint, pour permettre la rencontre de l’Evêque avec les prêtres et les fidèles de son diocèse.

   Messe de la sainte Cène : elle comporte la célébration de l’Eucharistie avec le lavement des pieds. Le reposoir du Jeudi Saint, dressé dans le lieu de la célébration, s’inscrit dans une ancienne tradition prenant en compte l’appel du Christ à ses Apôtres à Gethsémani, dans les heures qui suivirent la Cène avant l’arrestation de Jésus : Veillez et priez Mt.26, 41. Mc. 14, 38. Luc.22, 46.

VENDREDI SAINT : C’est Pie XII aussi qui, en 1.955, rétablit l’usage antique d’un office, pas une Messe. L’office du Vendredi Saint commençait avec une procession durant laquelle le Pape faisait porter, par un diacre, une relique de la vraie Croix.

A l’évidence, l’adoration de la Croix s’adresse au Christ mort en croix et non à l’instrument lui-même. Comporte quatre parties :

    • Les lectures : Prophète Isaïe, lettre aux Hébreux et la Passion. Elles évoquent le sacrifice de celui qui a pris sur lui le péché des hommes.
    • La grande prière universelle pour l’Église et pour le Monde.
    • L’adoration de la Croix, née à Jérusalem, où le rite se déroulait sur le Golgotha lui-même. Il a été adopté à Rome au 7ème siècle.
    • La communion avec des hosties consacrées le Jeudi Saint. La communion permet de faire le lien entre l’office du Jeudi Saint et celui du Vendredi Saint. S’il n’y a pas de messe le vendredi, c’est pour souligner cette unité et parce que le croyant a toujours besoin du Corps du Christ pour s’unir à Lui.

LA VEILLÉE PASCALE : Un peu d’histoire

  • Après le IVO siècle, deux tendances se font jour dans l’Église.
  • La liturgie de Jérusalem, plus populaire et qui se déroulait, pendant une semaine, sur les lieux de la passion de Jésus.
  • La Liturgie de Rome, beaucoup plus sobre au départ. Mais, lentement, elle accueille les rites populaires de Jérusalem.
  • Le 9 février 1951, le Pape Pie XII revient à l’usage antique de la veillée (la nuit) pour favoriser l’assistance des fidèles.
  • Aujourd’hui, la vigile pascale se célèbre dans la nuit du Samedi Saint au Dimanche de Pâques, en général à partir de 21 ou 22 heures, le Christ étant ressuscité aux premières heures du Dimanche de Pâques. C’est le jour de la plus grande fête chrétienne de l’année, célébrée solennellement par les fidèles. L’acclamation hébraïque Alléluia exprime l’allégresse y revient comme un leitmotiv.

LA PÂQUE : Un peu de Théologie

C’est au seuil du tombeau que tout se passe. Les femmes avec leurs aromates, qu’elles avaient préparées avec beaucoup d’attention et d’amour pour celui qu’elles avaient écouté, suivi et aimé.
Les voilà debout, bien avant l’aube, pour accomplir ce qui devait être accompli. Mais elles trouvent la pierre roulée et le tombeau vide.
Il n’est pas ici ! Une voix les arrache à leur frayeur. Elles étaient à la recherche d’un mort, mais c’est un autre rendez-vous qui les attende. Il n’y a personne dans le tombeau : Jésus est vivant !
Et c’est ici et maintenant, au seuil du tombeau vide, que nos vies surgissent de leur nuit. Malgré les doutes et les questions, malgré les blessures et les faiblesses que sont les nôtres, en cette nuit, Dieu fait de nous un peuple de vivants ! Christ est ressuscité et nous vivons de sa vie. Nous sommes éblouis par cette lumière que nous devons porter au monde pour dire à nos frères et sœurs en humanité qu’il ne peut plus jamais y avoir de ténèbres dans la vie des hommes.
Christ est ressuscité. En cette nuit de Pâques, notre vie toute entière est inondée de la lumière du Christ. Par le baptême nous avons été plongés avec le Christ dans sa mort, pour naître à une vie nouvelle chaque jour de notre vie.

LE SENS DE LA VEILLÉE PASCALE. Pour comprendre le sens donné par les catholiques à la Veillée Pascale, il faut savoir que :

  • Dans la liturgie, comme au temps du Christ, la vigile (la veille au soir) fait partie de la journée du lendemain (c’est pourquoi toute l’année on peut célébrer le samedi soir la messe du dimanche).
  • La veillée nocturne suggère presque spontanément l’attente d’une réalité nouvelle et extraordinaire : la vigile s’accorde à l’idée de « passage » (Pâques veut dire passage).
  • La célébration de la Pâque est la source de tous les sacrements, qui puisent leur sens dans la Mort et la Résurrection du Christ.
  • L’expérience de la Pâque, nous la vivons comme un passage des ténèbres à la lumière, autrement dit, comme un passage du désespoir à l’espérance, de l’angoisse à la tranquillité, du non-sens à l’acceptation, dans la Foi, des situations contradictoires, énigmatiques, difficiles, voir dramatiques. Accepter et surmonter ces situations constitue une preuve de notre foi en la résurrection.
  • Traditionnellement, la vigile pascale a été l’occasion de baptêmes et de la rénovation de l’engagement baptismal de ceux qui ont été déjà baptisés.
  • Pendant la veillée Pascale nous célébrons la plus solennelle des eucharisties de l’année, précédée du sacrement de la réconciliation reçu pendant le carême.

LA PÂQUE DANS NOS VIES. En tant que célébration du mystère de l’amour de Dieu, un amour plus fort que la mort, fait de nous des êtres capables d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés, ce qui est une expérience pascale authentique :
C’est un passage de la fermeture sur nous-mêmes à la capacité d’aimer dans le Christ ; une victoire de la vie sur la mort ; une manifestation de la force de la résurrection du Christ, rendue active par la foi dans la vie du chrétien.
C’est uniquement en fixant notre regard sur le Christ crucifié et ressuscité, que nous serons délivrés de notre égoïsme et de notre volonté contre les autres.
C’est uniquement en priant Jésus, l’auteur de notre foi et qui la mène à sa perfection, que nous serons poussés vers le renoncement à nous-mêmes en faveur de la présence du Christ en nous et dans notre prochain ; ainsi nous pouvons réellement prendre part à sa Vie.
C’est uniquement en contemplant sa mort et sa résurrection que nous pourrons être délivrés de l’esclavage de la mort, ainsi que de toutes les autres peurs qui nous paralysent, et que nous pourrons espérer la vie éternelle, la vie par-delà de la mort, la communion pour toujours avec Dieu en son Fils Jésus Christ dans l’Esprit Saint.

Au cours de la nuit de Pâques, nous vivrons à nouveau le rite suggestif du cierge pascal : irradiant du « feu nouveau », la lumière chassera petit à petit les ténèbres et illuminera l’assemblée liturgique. « Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit » afin que tous nous puissions revivre l’expérience des disciples d’Emmaüs : écouter la parole du Seigneur et nous nourrir du Pain eucharistique permettra à notre cœur de redevenir brûlant de foi, d’espérance et de charité.

 Amen.

Père Javier