Homélie du 3e dimanche de Carême

Jean 4, 5-42 ÊTRE À L’AISE AVEC DIEU 3° Carême A

Fatigué du chemin, Jésus s’assoit près du puits de Jacob. Et voici que bientôt arrive une femme pour puiser de l’eau. Elle appartient à un peuple semi-païen, méprisé par les juifs. Tout spontanément, Jésus entame le dialogue avec elle. Jésus ne sait regarder personne avec mépris mais avec une grande tendresse.

Femme donne-moi à boire. La femme en est étonnée. Comment ose-t-il, un juif, entrer en contact avec une samaritaine ? Comment s’abaisse-t-il à parler avec une femme inconnue ? Les paroles de Jésus vont la surprendre encore davantage : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive ».

À un moment donné de la conversation, la femme lui expose les conflits qui opposent juifs et samaritains : les juifs adorent Dieu au Temple de Jérusalem et les samaritains gravissent le mont Garizim, visible depuis l’endroit où ils se trouvent, Jésus et la Samaritaine. Où faut-il aller adorer Dieu ? Quelle est la vraie religion ? Jésus commence ses propos en mettant au clair que le culte véritable ne dépend pas d’un lieu déterminé. Le Père du ciel n’est attaché à aucun lieu. Il n’est la propriété d’aucune religion. Il n’appartient à aucun peuple concret.

Jésus ne parle pas à la samaritaine de « comment adorer Dieu » ; il lui parle, jusqu’à trois fois, de « comment adorer le Père ». C’est pourquoi nous n’avons pas besoin de gravir une montagne ou de visiter tel ou tel « lieu saint » pour rencontrer Dieu. Le véritable culte commence par la reconnaissance de Dieu en tant que Père bien-aimé, proche de nous, qui nous accompagne de près tout au long de notre vie. Jésus ajoute quelque chose : le Père cherche des véritables adorateurs ; des adorateurs en esprit et en vérité.

Adorer Dieu en esprit consiste à marcher sur les pas de Jésus et à nous laisser conduire, comme Lui, par l’Esprit du Père, qui est envoyé toujours vers les laissés-pour-compte de ce monde. Apprendre à être miséricordieux comme le Père. Dieu est amour, pardon, tendresse, élan vivifiant… et ceux qui l’adorent doivent lui ressembler.

Adorer Dieu en vérité consiste à vivre dans la vérité de l’Évangile ; être fidèles à la vérité de Jésus sans nous enfermer dans nos propres mensonges.

Je ne saurais pas vous dire exactement comment ma foi se maintient aujourd’hui au milieu d’un monde assez compliqué. Je dirais seulement que c’est Jésus qui m’a conduit à vivre ma foi en Dieu d’une manière simple du fond de mon être. Si je me maintiens à l’écoute, Dieu ne se tait pas. Si je m’ouvre, lui, il ne se renferme pas. Si je me confie à lui, il m’accueille. Si je me livre à lui, il me soutient. Si je m’enfonce, il me soulève.

Je crois que l’expérience première et la plus importante est de nous trouver à l’aise avec Dieu parce que nous le percevons comme une « présence salvatrice ».

Lorsqu’une personne sait ce que veut dire vivre à l’aise avec Dieu, parce que malgré notre médiocrité, nos erreurs et nos égoïsmes, Il nous accueille tel que nous sommes, et nous pousse à affronter la vie dans la paix, elle lui sera difficile d’abandonner sa foi. Dieu est esprit et vérité.

Comme la samaritaine, nous pouvons parler de Dieu à tout le monde si nous partageons notre soif de bonheur avec nos frères et sœurs dépassant nos différences, si nous découvrons ensemble que Dieu est amour, nous pourrons vivre et adorer Dieu en esprit et en vérité, pour que toujours et partout Adoré et Aimé soit Jésus à jamais.

Amen

Père Javier