Homélie du dimanche 19 novembre 2017

Mth 25,14-30 RECHERCHE CRÉATIVE 33 Temps ordinaire – A

Journée Mondiale des Pauvres

Sous une innocence apparente, la parabole des talents contient une charge explosive. Nous sommes surpris de voir comment le troisième serviteur est condamné alors qu’il n’a commis aucune mauvaise action. Sa seule erreur est de n’avoir rien fait.  Il ne prend pas de risque pour son talent, il ne le fait pas produire, il se limite à le conserver intact dans un lieu sûr.

Le message de Jésus est clair. Non au conservatisme, oui à la créativité. Non à une vie stérile, oui à une réponse active à l’appel de Dieu. Non à l’obsession pour la sécurité, oui à l’effort, même risqué, visant la transformation du monde. Non à une foi enterrée sous le conformisme, oui au travail engagé à ouvrir des chemins au règne de Dieu.

Le grand péché des disciples de Jésus peut toujours être de refuser le risque de le suivre d’une manière créative. Quand on cherche à savoir sur quoi nous, chrétiens, nous avons, le plus souvent, concentré notre attention, il suffit d’observer le langage utilisé parmi nous au fil des années: conserver le dépôt de la foi ; conserver la tradition ; conserver les bonnes habitudes; conserver la grâce de Dieu, conserver la vocation…

Cette tentation de conservatisme est encore plus forte en ces temps de crise religieuse. Il est alors facile de faire appel au besoin de contrôler l’orthodoxie, de renforcer la discipline et les normes, d’assurer l’appartenance à l’Église… On peut tout expliquer, mais n’est-ce pas là une façon de dénaturer l’Évangile et de congeler la créativité de l’Esprit ?

Pour les dirigeants religieux et pour les responsables des communautés chrétiennes, c’est plus confortable de « refaire» de manière monotone et répétitive les chemins hérités d’un passé lointain, en ignorant les questionnements, les contradictions et les visions de l’homme moderne. Mais à quoi tout cela sert-il si nous ne sommes pas capables de projeter lumière et espérance sur les problèmes et les souffrances qui secouent les hommes et les femmes de notre temps ?

A ce propos, je rappelle ici la lettre du pape François à l’occasion de la Journée des pauvres :

J’invite l’Église tout entière ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté à avoir le regard fixé, en cette journée, sur tous ceux et celles qui tendent les mains en criant au secours et en sollicitant notre solidarité. Ce sont nos frères et sœurs, créés et aimés par l’unique Père céleste. Cette Journée des Pauvres entend stimuler, en premier lieu, les croyants afin qu’ils changent la culture du gaspillage en culture de rencontre. En même temps, l’invitation est adressée à tous, indépendamment de l’appartenance religieuse, afin qu’ils s’ouvrent au partage avec les pauvres, sous toutes les formes de solidarité, en signe concret de fraternité.

Les attitudes à soigner aujourd’hui à l’intérieur de l’Eglise s’appellent « recherche créative », « audace », « capacité de risque », « écoute de l’Esprit » qui rend toute chose nouvelle. Je termine avec le souhait du pape François exprimé dans sa lettre :

            Que cette nouvelle Journée Mondiale, par conséquent, devienne un appel fort à notre conscience de croyants pour que nous soyons plus convaincus que partager avec les   pauvres nous permet de comprendre l’Évangile dans sa vérité la plus profonde. Les pauvres ne sont pas un problème : ils sont une ressource où il faut puiser pour accueillir et vivre l’essence de l’Évangile.

Père Javier