Homélie du dimanche 24 septembre 2017

Mth 20, 1-16 – NE PAS DÉNATURER LA BONTÉ DE DIEU 25° T.O. – A

Tout au long de sa mission prophétique, Jésus communique toujours son expérience de Dieu en tant que « mystère de bonté insondable » qui brise tous nos calculs. Son message est tellement révolutionnaire, qu’après vingt siècles, on trouve encore des chrétiens qui n’osent pas le prendre au sérieux.

Pour communiquer à tous son expérience de ce Dieu bon, Jésus compare son agir à l’agir surprenant du maître d’une vigne. Celui-ci va jusqu’à cinq fois, lui-même personnellement, embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il ne semble pas trop préoccupé par leur rendement au travail. Ce qu’il veut c’est qu’aucun des ouvriers ne reste sans travail un jour de plus.

C’est pourquoi, à la fin de la journée, il ne les paye pas selon le travail réalisé par chaque groupe. Même si les uns ont travaillé plus longtemps que les autres, il remet à tous ce dont une famille paysanne de Galilée a besoin pour pouvoir survivre : une pièce d’argent, le salaire d’une journée.

Lorsque le porte-parole du premier groupe se pleint contre le maître de la vigne pour avoir traité les derniers comme les premiers qui ont travaillé toute la journée, le maître de la vigne lui donne cette réponse admirable : Vas-tu me regarder avec un œil mauvais parce que, moi, je suis bon avec ceux qui ont besoin de pain pour dîner ?

Que suggère Jésus ? Dieu, agit-il selon nos propres critères de justice et d’égalité? N’est-ce pas vrai que Dieu, au lieu de mesurer les mérites des hommes, comme c’est notre habitude, cherche toujours à répondre à notre besoin radical de salut avec une insondable bonté ?

J’avoue que je ressens une immense peine lorsque je rencontre des personnes bonnes, mais qui s’imaginent un Dieu qui passe tout son temps à noter soigneusement les péchés et les mérites des humains, afin de donner à chacun selon son dû. Peut-on imaginer un être plus mesquin que quelqu’un qui se consacrerait à cette tâche depuis toute éternité ?

Croire en un Dieu-Ami inconditionnel, peut devenir l’expérience la plus libératrice que l’on puisse imaginer ; la force la plus vigoureuse pour vivre et pour mourir. Par contre, vivre devant un Dieu justicier et menaçant peut devenir la névrose la plus dangereuse et la plus destructrice de la personne.

Il nous faut apprendre à ne pas confondre Dieu avec nos critères étroits et mesquins. Il ne faut pas dénaturer la bonté insondable de Dieu en mêlant les critères authentiques de Jésus avec les critères d’un Dieu justicier.

Devant le Dieu bon que Jésus nous a révélé, il n’y a de place que pour la confiance dans la prière.

Père Javier