Homélie du 25 septembre 2016

Les textes de ce jour nous invitent à regarder sur quoi ou sur QUI reposent nos sécurités ? sur quoi, sur QUI nous appuyons- nous ?

Le psaume de ce jour nous éveille à un choix qui devrait être prioritaire, si nous voulons marcher sur un chemin de joie : « Heureux celui qui s’appuie sur Dieu » mais nous savons combien nous trébuchons sur ce chemin, devant les exigences de JESUS qui parfois nous déroutent.

Les textes de ce jour prolongent la réflexion du dimanche précédent, sur le prophète Amos et sur le choix que nous avons à faire entre Dieu et l’argent.

JESUS ne met nullement en cause le besoin de l’argent qui nous permet d’avoir accès aux nécessités de la vie, mais il dénonce l’excès des richesses et des plaisirs qui créent un abîme entre ceux qui possèdent de grandes richesses et ceux qu’on a spolié de leur droit à vivre dignement.

Le prophète Amos qu’on a déjà entendu dimanche dernier, est un simple berger que Dieu a retiré de l’arrière de son troupeau, il ne mâche pas ses mots pour dénoncer ce dont il est témoin, en son temps, on est au 8e siècle avant Jésus-Christ. C’est une période prospère pour le peuple de Dieu, mais cette prospérité de profits ne profite qu’à une petite minorité au détriment de la masse des paysans et des artisans et une quinzaine d’années plus  tard, après sa prédication, un roi assyrien va conduire en exil cette soi-disante élite d’Israël. Cette prospérité a engendré de grands gaspillages et a provoqué un grand oubli de Dieu.

Amos prononcera une parole très forte, en disant de la part de Dieu, le Seigneur le juge, jamais Il n’oubliera leurs méfaits. Cela se passait il y a 2800 ans. En méditant cette parole de Dieu, on ne peut s’empêcher de penser à ce qui se passe aujourd’hui, cet amoncellement des richesses, entre les mains d’une minorité et la détresse insupportable de la masse considérable des pauvres.

Notre impuissance est grande devant ce constat, à notre échelle individuelle, certes, mais il existe des organismes, des structures qui ont pris à bras le corps ces problèmes de luttes contre la pauvreté, à travers tous les siècles, à la suite d’Amos et beaucoup l’ont payé de leurs vies, mais Dieu n’oubliera pas les méfaits de certains, comme il n’oubliera pas non plus les bienfaits de ceux qui se sont voulus les prochains des pauvres.

Je reviens sur ce que je disais au début, la Parole de Dieu nous invite à regarder ce sur quoi nous nous appuyons pour vivre notre humanité, en essayant du mieux de nos possibles, de choisir ce qui plait au SEIGNEUR, lui qui veut que chacun de ses enfants vive dans la dignité.

Notre Dieu ne renoncera jamais à cela. Cette impression d’absence de Dieu dans notre monde face à tout ce qui va mal, ne vient-elle pas d’un malentendu où on attendrait de Dieu, ce qu’Il attend de nous ? Jésus a bien dit à ses apôtres « donnez- leur vous-mêmes à  manger… » Si modeste sera notre contribution, le SEIGNEUR ne fera rien sans nous.

Si le Maître du temps et de l’histoire a besoin de temps pour conduire l’histoire, c’est parce qu’Il a décidé de le faire avec nous, avec nos lenteurs mais aussi avec nos talents, oui Dieu compte sur nous.

Certes, nombreux sont les organismes confessionnels ou non confessionnels qui travaillent auprès des plus démunis, dans des conditions très difficiles et pourtant des masses considérables d’êtres humains restent marginalisés dans les conditions de vie désastreuses que Dieu n’oubliera jamais…

Dans cette parabole,  Jésus évoque un grand  abîme, mais cet abîme c’est le riche qui l’a creusé de son vivant alors qu’il était aveuglé par sa richesse, il n’avait pas remarqué le pauvre qui souffrait. L’indifférence rend totalement insensible et imperméable à l’autre et par conséquent éloigne de Dieu qui se fait proche de ceux qui souffrent.

On voit dans beaucoup de pays se créer des murs de séparation que certains n’hésitent pas à nommer : murs de la honte.  Comment a-t-on pu en arriver là ? Notre Pape François, avec courage, s’est exprimé sur cette douloureuse question, et il préconisait, lui, de construire des passerelles entre les peuples.

Sur quoi reposent nos sécurités ? reposent-elles sur la peur, l’argent ? ou sur la confiance en ce Dieu d’Alliance ?

Nous avons à vérifier nos choix, avec confiance, à la lumière de l’Evangile, si nous voulons construire des passerelles d’amitié, dans nos quartiers, dans nos lieux de vie. C’est là que Dieu a besoin de nous pour combler, modestement certes, ces abîmes d’indifférence.

Jean-Michel Sagot