Homélie du dimanche 13 mars

(Lecture : Isaïe 43, 16-21 ; Psaume 125 ; Philippiens 3, 8-14 ; Jean 8, 1-11 )

« Tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère maintenant comme une perte » affirme Paul après avoir découvert le Christ. De quels avantages parle-t-il ? De ceux donnés par son statut social et sa formation religieuse : Hébreu et fils d’Hébreux, circoncis, pharisien irréprochable au regard de la loi, zélé pour persécuter les chrétiens (cf. Ph 3, 4-6). En un mot, de tout ce qui pouvait lui donner de l’assurance à ses propres yeux, de compter sur ses seules forces. À vue humaine, il avait tout pour réussir.

Jusqu’au jour où il rencontre le Christ, se laisse saisir par lui, et toutes ses priorités s’en trouvent bousculées. Ce qui était premier devient second – et non secondaire – en vue d’un seul avantage : le Christ. Il découvre alors que ce qui le rend juste devant Dieu ce n’est pas ce qu’il fait mais la foi qu’il met en Christ. Et cela est suffisamment fort pour qu’il perçoive désormais un nouvel élan dans sa vie : il court « vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut, dans le Christ » (2ème lecture).

Cette femme adultère qui croise le chemin du Christ est-elle repartie en courant, par peur que les Juifs ne viennent la rechercher ? Le texte ne le dit pas. Mais sans doute est-elle repartie en courant vers cet avenir que le Christ lui avait ouvert : « Je ne te condamne pas. Va ! » Comme Paul, elle s’est laissé saisir par le Christ, attendant la sentence tandis que Jésus se baisse pour tracer des traits sur le sol, accueillant la miséricorde quand Jésus reste seul face à elle et se relève.

Il est pourtant un point sur lequel Dieu ne peut rien : le refus de reconnaître son péché en en minimisant la réalité. C’est ainsi que se situaient les pharisiens qui présentent à Jésus cette femme. Ils étaient en règle avec la Loi ; ils n’étaient donc pas pécheurs et pouvait alors se permettre de juger celle qui était une pécheresse publique. Avec un regard faussé ils enferment cette femme dans son acte en refusant de considérer leur propre attitude.

Si Jésus ne condamne pas cette femme, il condamne le péché, mais seulement après lui avoir ouvert un avenir. « Va et désormais ne pèche plus » et non « Ne pèche plus et va ». Il ne lui fait pas la morale mais l’ouvre à une réalité toute nouvelle : elle, la pécheresse, est digne de confiance de la part de Jésus qui l’invite à construire un nouvel avenir.

Nous présenter devant Jésus en lui offrant notre péché, c’est l’entendre nous ouvrir un avenir et avancer sur cette route en puisant notre force dans la confiance qu’il nous renouvelle.

Père Bruno