Homélie du 6 mars

Le Carême est un temps de grâce qui peut être éprouvant ; il est comparé à une traversée du désert, à l’instar du peuple hébreu marchant pendant 40 ans dans le désert. Combien de fois les hébreux n’ont-ils pas supplié Moïse de les ramener en Egypte, préférant leur ancien esclavage à la Terre promise, parce que la traversée, le passage leur paraissait trop dure. Dans la 1e lecture nous les voyons célébrer leur première Pâque en Terre de Canaan. Heureusement que Dieu n’a pas cédé à leur prière. Les Hébreux n’auraient jamais vu ce pays que Dieu leur réservait. Les parents qui interdisent à leurs enfants de faire certaines choses ou à l’inverse quand ils les obligent à persévérer dans l’apprentissage de la musique ou la pratique d’un sport ou le travail scolaire, alors qu’ils aurait envie d’arrêter, c’est pour leur bien, parce que ils savent pertinemment, par leur propre expérience, qu’on obtient rien sans effort, ni renoncement. De même, le Carême n’être autre qu’un chemin qui nous conduit à la fête de Pâques, à la joie de la Résurrection.

Dieu qui nous connaît mieux que nous-mêmes et nous aime comme un Père, agit ainsi avec nous. Il permet que nous traversions des passages difficiles, des temps de purification et de maturation, pour nous conduire à un bonheur et à un amour plus grand. Le Carême est un temps de purification et de conversion. Dieu qui nous crée, continue de nous modeler comme un potier modèle la glaise pour reprendre l’image de la Genèse, ou continue de nous éduquer come un père éduque son enfant. Mais arrivé à l’âge adulte les parents laissent leurs enfants libres, comme le père dans la parabole que nous venons d’entendre. De la même façon, Dieu nous laisse libre, pour que nous assumions les conséquences de nos choix, même si ce choix nous éloigne de lui. Il nous laisse libre, là aussi pour nous faire grandir dans l’amour, car il n’y a pas d’amour véritable qui soit contraint. L’amour véritable est toujours libre. Et il n’y a qu’une chose qui suscite l’amour, c’est la bonté, c’est l’amour qui suscite l’amour. Pour être aimé, il faut d’abord aimer.

C’est ce que fait Jésus avec toutes les personnes qu’il rencontre. En particulier les publicains et les pécheurs qui viennent tous à Jésus pour l’écouter. C’est quand même surprenant. Qu’est-ce qui les attire à Jésus ? Ils se sentaient aimés, acceptés comme ils sont. Ils n’étaient pas jugés par Jésus comme ils étaient jugés par les pharisiens. C’est à eux que Jésus raconte la parabole du fils prodigue pour les instruire et les inviter à changer d’attitude. Aujourd’hui les publicains et les pécheurs, c’est nous. En tous cas c’est à nous que cet enseignement est adressé aujourd’hui. Et la parole de Dieu nous est donnée pour nous transformer, nous convertir, nous bouleverser. Evidemment le père dans la parabole nous révèle l’amour miséricordieux de Dieu notre Père envers nous. Nous avons à nous laisser transformés dans tout notre être pour qu’à notre tour Dieu nous rende capable de ce même amour miséricordieux et gratuit. Humainement ce n’est pas possible. Mais avec la grâce de Dieu cela devient possible.

P. Michel