Homélie du dimanche 14 février

(Lecture : Deutéronome 26, 4-10 ; Psaume 90 ; Romains 10, 8-13 ; Luc 4, 1-13)

Le premier dimanche de carême est toujours l’occasion de réentendre le récit des tentations de Jésus au désert, comme pour nous signifier que les 40 jours du carême sont comme ces 40 jours de Jésus : un temps de combat pour choisir la vie. Prendre au sérieux notre foi, désirer suivre le Christ est toujours un combat et on peut même affirmer que c’est Dieu lui-même qui veut ce combat. En effet c’est l’Esprit que Jésus vient de recevoir à son baptême qui le conduit à travers le désert.

Pourquoi un tel combat ? Pour que nous choisissions de vivre en fils de Dieu. C’est l’enjeu des tentations de Jésus. Ce récit n’est pas l’affrontement de deux mondes : celui du bien avec Jésus contre celui du mal avec le démon, car le démon reste toujours une créature. Mais chaque tentation oblige Jésus à choisir comment vivre en Fils de Dieu, soit par lui-même comme lui fait miroiter le démon soit en s’en remettant à son Père comme répondra Jésus.

Comment vivre de ce texte au moment où nous commençons notre carême ? Il est évident que comme Jésus nous aurons à subir les assauts du démon dont la ruse est d’introduire en nous le soupçon, le doute, l’illusion. Mais avant d’en arriver là, la plus grande tentation est celle de l’immobilisme en se satisfaisant de notre relation avec Dieu. En effet, que dit le texte ? Jésus « ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim ». C’est alors que le démon entre en scène.

De quelle faim s’agit-il ? Sans doute pas celle de la nourriture que Jésus a dû éprouver très vite mais celle de son Père. Si nous n’avons pas faim de Dieu le démon n’a même pas besoin de nous tenter car c’est nous-mêmes qui restons loin de Dieu.

Qu’est-ce à dire avoir faim de Dieu ? Cela commence par reconnaître la façon dont Dieu conduit notre vie. Une manière de vivre le carême, avant de vouloir faire des efforts, c’est de prendre le temps de reconnaître, chaque jour, comment le Seigneur nous a conduits, ce qu’il nous a donné à travers nos activités quotidiennes.

Avoir faim de Dieu, c’est aussi prendre le temps de se nourrir de sa Parole : « la Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » (2ème lecture). Une autre manière de vivre le carême est donc d’approfondir la lecture et la méditation de cette Parole de Dieu, et ce chaque jour, car c’est cette Parole qui creuse en nous la faim de Dieu.

Cette faim de Dieu passe également par la faim de la rencontre de l’autre, c’est-à-dire par notre désir de rencontrer chacun en vérité : aussi bien celui qui nous est proche ou familier, que celui que nous supportons ou celui qui nous agace. Une autre manière de vivre le carême est alors d’être attentif à notre volonté de nous ouvrir aux autres, tels qu’ils sont.

Père Bruno