Homélie du dimanche 31 janvier

(Lecture : Jérémie 1, 4-5.17-19 ; Psaume 70 ; 1 Corinthiens 12, 31 ; 13, 1-13 ; Luc 4, 21-30)

Jésus vient de lire le passage du livre d’Isaïe où il est écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (évangile de dimanche dernier). En affirmant que cette parole qu’il vient de proclamer s’accomplit aujourd’hui, Jésus atteste qu’il est le Messie.

En effet cette prophétie exprime à quels signes le Messie sera reconnu. D’où provient alors l’étonnement des gens de Nazareth ? D’après le livre de Daniel, le Messie doit venir du ciel (Dn 7, 13) or Jésus est le fils de Joseph. Cette filiation humaine suffit à leurs yeux pour disqualifier Jésus, même s’ils ont entendu parler de tous les miracles qu’il a déjà accomplis. C’est pourquoi Jésus n’hésite pas à rappeler qu’« aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays ».

C’est leur aveuglement qui empêche aux Juifs de Nazareth de reconnaître cet accomplissement. D’où leur fureur, n’hésitant pas à pousser Jésus hors de la ville, hors de chez lui. Cela n’affecte en aucun cas son désir d’accomplir jusqu’au bout son chemin : « mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ». Le chemin, dans l’Évangile de Luc, est un lieu théologique : c’est le chemin qui conduit jusqu’à Jérusalem, jusqu’au mystère pascal.

Déjà le Seigneur avait promis au prophète Jérémie : « ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer » (1ère lecture). La mission confiée à Jérémie peut nous paraître étonnante : «  tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai ». Jésus semble partager cette même mission en proclamant une parole qui va contre l’attitude des gens de Nazareth. Dieu pourrait-il être contre son peuple, Jésus contre les siens ?

La Parole de Dieu retentit toujours dans notre vie pour mettre en pleine lumière nos zones d’ombre. Il nous arrive facilement de nous complaire dans des situations où le péché domine. Plutôt que de laisser la Parole de Dieu nous convertir, nous préférons alors la rejeter hors de notre vie. Le véritable disciple, à la différence des gens de Nazareth, est celui qui laisse la Parole de Dieu s’accomplir en lui, au risque d’avoir le sentiment, dans un premier temps, que cette parole est contre lui. Rien ne peut empêcher Dieu de nous aimer. Mais il dépend de nous de nous ouvrir à cet amour.

Père Bruno