Le retour de l’enfant prodigue – Journal N° 31 – décembre 2015

Grâce à la contemplation du tableau de Rembrandt sur la parabole du Christ, Henri Nouwen nous fait comprendre l’immense tendresse de Dieu pour nous, sa miséricorde qui nous relève pour qu’à notre tour, nous soyons miséricorde pour les autres.

 

C’est en 1983 qu’Henri Nouwen, prêtre, écrivain et enseignant en université, d’origine hollandaise catholique, découvre pour la première fois une reproduction du tableau de Rembrandt, « Le retour du fils prodigue* », pendant un séjour en France à l’Arche, communauté créée par Jean Vanier pour les handicapés mentaux :
« On y voyait un homme revêtu d’une grande cape rouge toucher tendrement les épaules d’un garçon débraillé à genoux devant lui. […] c’ étaient les mains -celles du vieillard – posées sur les épaules du jeune homme qui me rejoignaient là où je n’avais encore jamais été atteint. »
Trois ans plus tard, l’auteur a l’occasion de voir le tableau original à Saint-Pétersbourg. « Je sentais que si je pouvais rencontrer Rembrandt sur le terrain où il avait peint le père et le fils, Dieu et l’humanité, la compassion et la misère dans un cercle unique d’amour, je percerais tout ce qu’il est possible de connaître de la mort et de la vie. » Henri Nouwen passe quatre heures devant le tableau. Il part ensuite à Toronto comme aumônier d’une communauté de l’Arche et il accroche une reproduction du tableau dans son bureau.
Les quatre personnages dans l’ombre, autour du père et du fils, lui rappellent son cheminement : « Pendant des années j’avais enseigné les différents aspects de la vie spirituelle, en essayant de convaincre mes étudiants qu’ il importe de le vivre. Mais est-ce que j’avais pris le risque de sortir de moi-même de l’ombre, de m’agenouiller dans la lumière pour me laisser embrasser par un Dieu qui pardonne ? » […] « Quitter l’enseignement universitaire pour vivre avec des personnes handicapées mentales était, pour moi tout au moins, un premier pas vers la plate-forme où le père embrasse son fils agenouillé, lieu de lumière, de vérité et d’amour. »
Le cheminement de l’auteur au cours des années suivantes l’amène à découvrir qu’il est luimême tour à tour le fils cadet, le fils aîné et le père.

Le fils cadet

« Quand je vis avec quelle tendresse le père touchait les épaules de son fils cadet et le serrait conte son coeur je sentis profondément que j’étais ce fils perdu, que je voulais revenir comme il l’avait fait, pour être embrassé comme il l’avait été. »

Le fils aîné

Un ami lui fait découvrir qu’il ressemble peut-être davantage au fils aîné.
En effet, Henri Nouwen est l’aîné de sa famille, il est devenu prêtre comme il le souhaitait depuis l’enfance, il n’a pas fugué, il n’a pas mené une vie de débauche, il a toujours été respectueux, obéissant… comme le fils aîné de la parabole du Christ.
« Je me suis vu d’une façon complètement nouvelle. J’ai vu ma jalousie, ma colère, ma susceptibilité, mon entêtement et mon humeur sombre et, plus que tout, ma subtile impression d’être correct. […] J’étais le fils aîné, mais tout aussi perdu que son jeune frère, même si j’étais resté « à la maison »
toute ma vie. »

Le père

C’est également une amie qui lui fait découvrir sa vraie vocation : « Que tu sois le fils cadet ou le fils aîné, il te faut prendre conscience que tu es appelé à devenir le père. »

Ce livre nous montre le cheminement de cet homme, celui de tout chrétien en fait, même s’il n’est pas prêtre.